Pendant ce temps, le tourisme local peut attendre. Les stands de l'Office national du tourisme (ONT) ne grouillent pas de monde comme au niveau des autres agences. Farid, un jeune employé d'une entreprise publique accompagné par son épouse, fait le va-et-vient dans le Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) au Palais des expositions d'Alger. Ils prospectent les offres des exposants, les agences de voyages en particulier, pour s'offrir un séjour de dix jours à l'étranger. «C'est difficile de faire le choix. La Tunisie, je l'ai déjà faite deux fois, donc ça ne m'intéresse plus. On est partagés entre la Turquie et la Grèce. Mais on doit d'abord étudier les offres avant de trancher», explique-t-il. Dans le pavillon central de la Safex, il y avait foule, hier. Et nombreux sont ceux qui admettent la difficulté de choisir en raison de l'écart peu important des prix proposés pour le Maroc, la Grèce et la Turquie, en l'absence d'un tourisme local compétitif en matière de prix et de qualité de services. Les prix pour la Tunisie sont les plus bas. Au niveau des stands des agences de voyages et de tourisme, on ne chôme pas. «Il y a une forte demande», nous explique-t-on.
Les nouvelles destinations Les Algériens qui préfèrent passer leurs vacances à l'étranger ont l'embarras du choix. Il faut juste y mettre le prix. La Tunisie, le Maroc et la Turquie ne sont plus les seuls pays qui attirent. D'autres destinations, comme la Malaisie, la Chine, les Caraïbes, les Maldives et la Thaïlande sont de plus en plus convoitées. «Avec la multiplication des agences de voyages, d'autres nouvelles destinations sont apparues et commencent à prendre de l'importance. On a une forte demande pour la Malaisie, par exemple», indique Amel Maïouf de l'agence Happy Tours. Elle souligne que la Tunisie est la première destination demandée par ses clients, alors que le Maroc vient en deuxième position. Cette boîte propose à ses clients des séjours de huit jours à 12 millions de centimes à Istanbul et de 38 millions de centimes aux Maldives. L'agence Hyppone Tours offre à ses clients la possibilité de payer par facilité et sans intérêt. Elle propose un séjour de 8 jours au Maroc pour 13 millions de centimes, un séjour de 10 jours à Dubaï pour 16 millions, 10 jours en Turquie pour 16,9 millions. Pour la Malaisie, un séjour de 10 jours est proposé pour 24 millions de centimes. Un séjour de 12 jours en Inde est proposé pour un peu plus de 20 millions de centimes par l'agence My Guide Travel & Tours. Elle offre aussi des séjours de 8 jours dans un hôtel 4 étoiles en Tunisie pour 75 000 DA. Pour sa part, l'agence Dam Tours fait toute une panoplie de propositions à ses clients. Un séjour de 9 jours dans un appartement en Grèce est proposé pour 14 millions de centimes, et dans un hôtel 3 étoiles pour 17 millions. Dans le stand de Dam Tours, on se croirait déjà en Grèce avec des mises en scène reflétant la culture de ce pays. La même agence offre un séjour de 7 jours dans un hôtel 5 étoiles pour 90 000 DA (billet d'avion non compris) en Malaisie. D'autres opérateurs sont venus à Alger pour chercher des partenaires. C'est le cas de l'agence Maroc Horizon d'aventures, dont le propriétaire, Brahim Moudoud, un spécialiste du domaine du tourisme, a pour souci de trouver des partenaires fiables. Il explique que la destination Maroc est prisée par les Algériens depuis longtemps. «Ce n'est pas les clients individuels qui m'intéressent. Ce sont les agences de voyages», a-t-il dit, insistant sur le fait que «voyager avec une agence est mieux que de le faire à titre individuel».
Tourisme local ? Pendant ce temps, le tourisme local peut attendre. Les stands de l'Office national du tourisme (ONT) ne grouillent pas de monde comme au niveau des autres agences. Le manque d'infrastructures, l'absence de rapport entre la qualité des services et les prix et d'autres pratiques, freinent l'essor de ce tourisme. «Si pour 10 millions de centimes, un touriste peut passer un séjour de 10 jours dans un hôtel 5 étoiles en Tunisie, cette somme ne suffit même pas pour passer une semaine dans un hôtel 2 ou 3 étoiles dans une ville balnéaire en Algérie», déplore un visiteur du salon, regrettant que «on ne fait rien de sérieux pour attirer les touristes étrangers». Pour attirer les agences de voyages et leur clientèle, les compagnies de transport aérien ne lésinent pas sur les promotions. Air Algérie annonce des promotions et offre 50% de réduction sur toutes ses destinations internationales, avec une réduction supplémentaire de 25% pour les enfants entre 2 et 11 ans. La Turkish Airlines, cinq fois meilleure compagnie aérienne d'Europe, propose des promotions sur les vols Alger-Istanbul jusqu'au 30 mai pour l'achat des billets et le 15 juin pour le voyage. Objectif ? «promouvoir nos relations avec les clients algériens ainsi que l'image de la société», répond Abdellah Amini, du service marketing. Il souligne que la Turkish Airlines vise les marchés asiatiques à l'instar de Pekin, Jakarta et Kuala Lumpur qui sont, selon lui, «de plus en plus fréquentés par les Algériens». En somme, une virée au Salon du tourisme et des voyages d'Alger suffit pour faire le diagnostic du secteur. Celui de privilégier les destinations étrangères au détriment du tourisme local.