La Turquie, signataire avec l'Union européenne d'un accord sur les réfugiés syriens, abritera, demain et après-demain, le premier sommet dédié au système humanitaire mondial. Réunis pour la première fois, les agences onusiennes, les ONG internationales, le mouvement de la Croix-Rouge et les Etats tenteront au cours de cette rencontre de dégager les mécanismes adéquats pour faire face aux crises humanitaires, résultante non seulement du changement climatique mais également des foyers de tension et des conflits d'intérêt partout dans le monde. Les récents rapports de l'ONU font état de 60 millions de personnes déplacées à travers le monde. D'où la nécessité de revoir le système existant, qualifié de défaillant et de bureaucratique par bon nombre d'Etats et la quasi-totalité des ONG. Déplorant le manque d'initiatives pour mettre fin aux « graves restrictions » mises en place par certains Etats en termes d'accès humanitaire, l'organisation Médecins sans Frontières a fait savoir qu'elle ne prendra pas part aux travaux du sommet. C'est ce qui explique l'intérêt qu'auront les 50 chefs d'Etat et de gouvernement à faire de ce sommet l'occasion propice pour faire de la prise en charge des populations déplacées et celles subissant les affres des conflits armés, en Syrie et au Yémen, l'une des priorités de la communauté internationale. Même si les ONG demeurent pessimistes, la communauté internationale espère voir ce sommet, initié par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, se solder par une série de mesures et d'engagements concrets pour aider les pays à mieux se préparer à faire face aux crises humanitaires. Ces mêmes pays seront dans l'obligation d'adopter une nouvelle approche pour gérer les déplacements forcés et garantir des sources de financement fiables pour y répondre. M. Ban Ki-moon a qualifié le sommet d'Istanbul d'opportunité unique pour prouver que « nous n'accepterons pas l'érosion de l'humanité à laquelle nous assistons dans le monde aujourd'hui ». « L'Histoire nous jugera sur la manière dont nous aurons utilisé cette opportunité », a-t-il averti le mois dernier. Le choix de la Turquie pour abriter n'est pas fortuit, puisque ce pays a accueilli 2,7 millions de Syriens qui ont fui leur pays en guerre et est le principal pays de transit pour les réfugiés voulant se rendre en Europe. Les responsables turcs œuvreront pour faire de ce sommet inédit une étape majeure dans le règlement des crises humanitaires. Ils estiment qu'il est temps de fixer des objectifs de développement et consolider le système de financements. La suppression des lenteurs bureaucratiques permettraient, de leur avis, de donner la possibilité aux différents intervenants dans le domaine d'agir efficacement.