Photo : Mahdi I. Des centaines de personnes se sont donné rendez-vous, tôt dans la matinée d'hier, pour prendre part à la marche à laquelle avait appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). La manifestation, non autorisée, rappelons-le, par la wilaya d'Alger, a drainé non seulement des militants de différents courants politiques et mouvements associatifs, mais aussi des femmes et autres personnes curieuses. Des personnalités politiques, militants des droits de l'homme et étudiants étaient, en effet, visibles sur la place du 1er-Mai, point de départ de la marche prévue. Me Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), Saïd Sadi, président du RCD, des membres du bureau national du parti, le MDS, des organisations estudiantines et, bien entendu, les membres de la CNCD sont venus soutenir la manifestation. « Je ne suis pas un militant de parti politique ni d'aucun mouvement, je ne suis là que pour voir ce qui se passe. Nous avons beaucoup entendu sur cette marche ces derniers jours, on en a parlé même dans des chaînes satellitaires », indique un citoyen, la quarantaine passée. La place de la Concorde (ex-1er-Mai) a été bouclée par les forces de l'ordre qui se sont déployées à travers toutes les artères menant à l'endroit. Les manifestants qui se regroupent en petits groupes dans les différents coins de la place, ont tenté avec d'autres personnes d'organisations différentes d'entamer la marche vers la rue Hassiba-Ben-Bouali, mais ils ont été empêchés par le dispositif de la police. Fortement déployés sur les lieux, les agents de l'ordre tentaient d'éviter tout débordement sur la voie publique, mais le nombre impressionnant de manifestant a rendu la tâche difficile, ce qui a provoqué d'ailleurs des échauffourées éclatées entre manifestants et éléments de sécurité. Ces derniers ont procédé à des arrestations et les personnes interpellées ont été conduites dans les commissariats limitrophes avant d'être relâchées. Tout comme les manifestants désirant entamer la marche dans le calme, les éléments de la police ont été sereins en procédant à la séparation des groupes de personnes qui se forment au fur et à mesure. Des représentants de la presse nationale, voire de différents organes d'information étrangers accrédités, étaient également venus en grand nombre.Me Ali Yahia Abdenour a marqué sa présence sur les lieux en compagnie de quelques membres de son organisation. Ce vieux militant des droits de l'homme (90 ans) a pris la parole au milieu de la foule en indiquant que « l'Algérie a besoin de sa jeunesse pour réaliser le changement espéré ». Le président du RCD a déploré, lui, le fait que des manifestants pacifiques soient malmenés. Les manifestants, au nombre de 800 selon la police et plus de 3000 selon les organisateurs, ont brandi plusieurs slogans dont entre autres, « pour une Algérie libre et démocratique», « justice sociale » et « oui pour le changement ». La wilaya d'Alger avait appelé, dans un communiqué rendu public, les citoyens à faire preuve de sagesse et de vigilance, et à ne pas répondre à d'éventuelles provocations lors de la marche « non autorisée » à laquelle la CNCD avait appelé pour la journée d'hier.Les initiateurs de la marche revendiquent, faut-il le rappeler, le changement et la démocratie, la levée de l'état d'urgence, la libération des détenus des émeutes de janvier, le travail et la justice sociale et la libération des champs politique et médiatique.Notons que les organisateurs de cette manifestation tiendront aujourd'hui une réunion, à Alger, pour faire le bilan de leur action mais aussi en vue d'en prévoir d'autres dans les jours à venir, comme le souligne Me Bouchachi, membre de la CNCD.