La capitale autrichienne fait grise mine dans une présidentielle consacrant la déroute des rouges (Parti socialiste, SPÖ) et des noirs (parti conservateur, ÖVP). « Je serai président », a martelé M. Hofer réalisant au premier tour un score historique avec 35% des suffrages, très loin devant M. Van der Bellen recueillant 21,3% des voix. A la faveur de la crise économique et de l'afflux massif des migrants (90.000 demandeurs d'asile en 2015, soit plus de 1% de sa population), la montée en puissance de l'extrême droite doit tout à cet effondrement des partis traditionnels (moins de 11,3 % chacun) qui ont essuyé un revers cinglant jamais vécu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. La succession au social-démocrate Heinz Fischer qui achève son deuxième mandat, le 8 juillet, est toute prête. Elle se pare de vertus de changement centré sur l'amélioration du niveau de vie et la lutte contre le chômage, brandies par celui qui veut régner en « président actif » en rupture avec le rôle essentiellement protocolaire joué jusqu'à présent par le chef d'Etat en exercice. En Autriche, le président n'intervient pas dans la gestion quotidienne du pays mais dispose de prérogatives importantes comme celle de révoquer le gouvernement. C'est en « dernier recours » que le renvoi du gouvernement sera décrété dans des législatives anticipées exigées par le chef du Front populaire (FPO) Heinz-Christian Strache déclassant, en 2005, le leader historique, Jörg Haider, contraint de créer sa propre formation. Mais, le scénario est redouté par l'Europe inquiète de la prise du pouvoir, pour la première fois, de l'extrême droite. Dans une bataille décisive entre deux visions antagoniques, Bruxelles, ébranlée par la déferlante terroriste au cœur du Vieux continent, retient son souffle. D'autant que le risque de contagion est sérieusement porté par le Front national français ravi de la consécration autrichienne et posté aux perrons de la République. « On a là, liées à la crise migratoire, des situations politiques qui sont lourdes de conséquences », a rapporté le porte- parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll, à l'issue du Conseil des ministres. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a, quant à lui, exprimé sa crainte de « voir la droite pure et dure et l'extrême droite » l'emporter dimanche (hier Ndlr) en Autriche. En 2000, l'entrée au gouvernement autrichien du FPÖ, alors dirigé par Jörg Haider, avait provoqué des sanctions européennes et valu à ce pays le statut de paria au sein de l'Union. Vienne de nouveau en bleu ? Qualifié par Hofer de « candidat de l'establishment », le candidat écologiste entend faire barrage à la « folie du nationalisme » aux conséquences désastreuses pour la vielle Autriche. Il a réussi à fédéré de nombreux soutiens de personnalités. Le rempart tiendra-t-il à l'épreuve des chemises brunes ?