La communauté musulmane en Autriche estimée à 350 000 personnes est au centre de la bataille que se livrent les partis de l'extrême-droite. Ainsi, l'alpage et le minaret ne font pas bon ménage selon les partis d'extrême-droite autrichiens FPÖ et BZÖ, qui rivalisent de formules chocs pour grignoter des voix dans la perspective des législatives de dimanche prochain. Dans une campagne électorale largement dominée par la lutte contre l'inflation, l'islam, et plus généralement la politique d'accueil des étrangers, est malgré tout un sujet présent en toile de fond. Crédités de 8% (pour le BZÖ) et entre 17 et 20% (pour le FPÖ) selon les sondages, les deux partis d'extrême-droite et populistes comptent profiter de l'échec de la grande coalition gauche-droite après 18 mois de pouvoir infructueux et d'une certaine réticence de franges de la population envers l'islam. Avec une communauté musulmane de 350 000 membres, soit environ 4% de la population, “la lutte contre l'islamisation” est un cheval de bataille habituel du gouverneur BZÖ de la province de Carinthie (sud), Jörg Haider, dont le premier slogan de campagne est “L'Autriche aux Autrichiens”. “Les musulmans seront bientôt une majorité dangereuse”, renchérit Stefan Petzner, son porte-parole. Le parti concurrent FPÖ, dont le BZÖ a fait scission en 2005, n'est pas en reste. Son chef, Heinz-Christian Strache, a récemment affirmé que “la moitié” des musulmans d'Autriche “tendait fortement vers le fondamentalisme”. “Dans la dernière ligne droite du scrutin, les propos vont devenir de plus en plus durs”, pronostique Amina Baghajati, porte-parole de l'IÖOG, l'institution représentant la communauté musulmane en Autriche. Elle note néanmoins que le FPÖ a vu les limites de ses positions anti-islam après le tollé déclenché par une élue locale ayant qualifié au printemps le Prophète Mahomet de “pédophile”. D'autres décisions hostiles à l'islam ont précédé la campagne législative. Ainsi, au printemps, la Carinthie a rendu plus difficile la construction de mosquées et de minarets, sans les désigner expressément dans le texte voté par le Parlement régional. Les permis de construire pour “les bâtiments hors normes” devront recevoir l'assentiment du gouvernement régional. Quelques semaines plus tard, le Vorarlberg (ouest), dirigé par les démocrates-chrétiens, compliquait à son tour l'érection de minarets. R. I./Agences