Le responsable autrichien d'extrême droite Jörg Haider s'est tué en voiture, hier matin, dans le sud du pays. A 58 ans, il venait d'effectuer son retour sur la scène politique nationale grâce aux élections législatives de septembre, a rapporté l'Associated Press. Les premiers éléments de l'enquête ne font apparaître aucun élément suspect, selon un responsable de la police de la province de Carinthie, Friedrich Hrast. L'accident, a-t-il précisé, s'est produit dans la nuit près de la ville de Klagenfurt. La voiture de Jörg Haider s'est retournée alors qu'il voulait doubler un autre véhicule. Gravement blessé à la tête et à la poitrine, le meneur populiste a été déclaré mort à son arrivée à l'hôpital. Il se trouvait seul dans son véhicule au moment de l'accident. Ancien chef du Parti de la liberté (FPÖ), Jörg Haider était revenu sur le devant de la scène politique à la tête de la formation également populiste de l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ), grâce aux élections législatives anticipées du 28 septembre en Autriche. Il était aussi gouverneur de Carinthie, province dans laquelle il jouissait d'une forte popularité. « Pour nous, c'est comme la fin du monde », a déclaré son porte-parole, Stefan Petzner, à l'agence de presse autrichienne APA. Jörg Haider s'était fait connaître hors d'Autriche en remportant 27% des voix aux élections législatives avec le FPÖ en 1999. Ce succès avait permis au FPÖ d'entrer au gouvernement, mais il avait aussi soulevé une vague de protestation dans l'Union européenne, qui avait mis l'Autriche au ban du bloc pendant plusieurs mois et lui avait valu des sanctions de l'UE. Habitué des déclarations xénophobes et à coloration antisémite, enclin à apprécier la politique hitlérienne du travail, le télégénique Jörg Haider avait considérablement baissé le ton ces derniers temps. En 1991, il avait salué « la politique de l'emploi solide » du Troisième Reich, et en 1995, il considérait les camps de concentration comme « des camps de redressement du National socialisme » (nazi). A l'étranger, on se souvient surtout de l'épisode de 2000 lorsque l'Autriche fut mise au ban des nations européennes après l'entrée du parti de Haider dans une coalition gouvernementale avec les conservateurs de Wolfgang Schüssel. Comme à l'époque, lorsqu'il était trop controversé pour entrer au gouvernement, Haider avait récemment annoncé qu'il ne briguerait pas de poste de ministre fédéral en cas de nouvelle coalition comprenant l'extrême droite. En 2005 toutefois, il avait rompu avec le FPÖ pour former le BZÖ, plus modéré dans son discours. Le président autrichien, Heinz Fischer, a qualifié la mort de Jörg Haider de « tragédie humaine » et le chancelier Alfred Gusenbauer a présenté ses condoléances à la famille, décrivant le leader d'extrême droite comme une personnalité ayant eu une forte influence sur la vie politique intérieure autrichienne pendant des dizaines d'années.