En tête au premier tour, Hofer tient le bon bout pour triompher ce soir Ce soir, le premier président d'extrême droite en Europe, depuis la dernière guerre, sera probablement intronisé à Vienne. Pour son dernier meeting de campagne avant le second tour de l'élection présidentielle autrichienne, aujourd'hui même, Norbert Hofer aurait voulu s'offrir la Heldenplatz, la place des Héros, haut-lieu de la vie politique viennoise. Le candidat du parti d'extrême droite FPÖ, arrivé largement en tête au premier tour avec plus de 35% des suffrages, et grand favori du second, a choisi de s'adresser aux électeurs des quartiers populaires de la capitale qui comptent parmi ses sympathisants les plus nombreux, à défaut d'être ses supporters. Le porte-drapeau de l'extrême droite est conscient que la victoire n'a jamais été aussi proche et ceci explique cela, il a modulé son discours pour effaroucher le moins possible ceux et celles qui hésitent encore à franchir le Rubicon en votant en sa faveur. Les évènements de 2015, avec une vague de migrants déferlant sur toute l'Europe, lui permettent de circonscrire son anathème contre cette menace qui risque d'édulcorer les valeurs judéo-chrétiennes du pays, voire du continent. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Les mouvements d'extrême droite de France, de Belgique, du Danemark et d'Allemagne sont unanimes dans leurs attaques virulentes contre une migration provenant d'Afghanistan, d'Irak et de Syrie, pour l'essentiel. Tout en promettant à des électeurs déçus par des politiques de droite et de gauche stériles et quelquefois traîtresses, les ténors des partis extrémistes ne parlent que des lendemains qui chantent, avec la promesse galvanisante du renvoi des populations immigrées dans leurs terres d'origine. Hofer a compris la leçon et c'est pourquoi toute sa campagne a été axée sur un propos consensuel, sinon émollient, au premier comme au second tour, le but étant de séduire la grosse majorité des déçus de la social-démocratie. Comme sa consoeur du Front national, Marine Le Pen, qui s'est fendue d'un message enthousiaste de félicitations au soir du premier tour, il veut ratisser large pour creuser davantage l'écart de 14 points obtenu, face à son rival l'écologiste Alexandre Ban der Bellen. Un candidat sans peur ni reproche, mais surtout sans charisme qui aura bien du mal à résister à une tempête Norbert Hofer dont le commun des Autrichiens ignorait tout, voici quelques mois à peine. Son mouvement, le FPÖ, n'a rien à envier au Front national ou à Pégida, en Allemagne. Comme le dit la pub, ils partagent les mêmes valeurs. Volontiers théâtral, n'hésitant pas à verser des larmes pieuses pour charmer davantage la foule des fidèles, Hofer surfe sans cesse sur la crise des migrants et sur le chômage, deux cartes maîtresses qui ont déjà fait le bonheur des autres formations d'extrême droite partout en Europe occidentale. Face à ses prédécesseurs plus «naturels» comme le teigneux Heinz-Christian Strache ou la néo-nazie Barbara Rosenkranz, il arbore un visage avenant que dément le revolver Glock qu'il arbore et justifie au nom de la menace symbolisée par les migrants. La majorité des Autrichiens est en colère contre le gouvernement, exactement comme c'est le cas en France et, à un degré moindre dans d'autres pays européens. Conséquence, les deux grands partis historiques, au pouvoir depuis 1945, ont été éliminés au premier tour. Le social-démocrate Rudolf Hundstorfer (SPÖ) a recueilli 11% des voix et le conservateur Andreas Khol (ÖVP) 11,2%. Au second tour, la gauche et les modérés n'ont pu compter que sur l'écologiste Alexander Van der Bellen, pour la première fois à ce stade, avec 21,1% des votes. Ce dimanche soir promet d'avoir un goût amer non seulement pour un grand nombre d'Autrichiens, rappelant les heures sombres des années 1930, mais aussi pour une France en proie aux mêmes vents xénophobes et extrémistes, Marine Le Pen étant promise par tous les sondages au second tour de l'élection présidentielle en 2017.