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À la Découverte de paysages féeriques
Des opérateurs étrangers dans le Hoggar
Publié dans Horizons le 25 - 05 - 2016

Après s'être renseignés sur la région du sud du pays, des opérateurs français et franco-algériens ont décidé de concrétiser une idée maturée pendant plusieurs mois en organisant une visite guidée dans le Sud algérien. Objectif : inciter les touristes étrangers et les émigrés à découvrir cette destination qui n'a rien perdu de son charme et de sa féerie. Après des investigations minutieuses (programme des vols, circuits...), Toufik Boughalin de M'zab Tour, organisateur de ce voyage, a opté pour un séjour de quatre jours à Tamanrasset et Ghardaïa. Djanet, l'autre merveille de l'extrême sud du pays, mériterait, elle aussi, le détour. L'avion du pavillon national Air Algérie atterrit à Tam au bout de deux heures et demie de vol des plus agréables. À l'occasion, nous confirmons une nette amélioration des programmes des vols à destination des régions du Sud depuis l'acquisition de nouveaux appareils. Cette amélioration a touché, outre la qualité du service, la programmation des vols au départ de plusieurs villes algériennes à destination de Tamanrasset. A l'étranger, l'intérêt de plusieurs compagnies étrangères, notamment européennes, pour desservir l'Algérie à partir de Paris est réel. La demande est assez forte et on attend juste l'ouverture de l'espace aérien algérien aux compagnies étrangères. Une virée au musée du parc national de l'Ahhagar a permis aux visiteurs de Tam de s'imprégner de l'histoire, des caractéristiques géologiques, de la géographique, de la richesse de la faune et de la flore ainsi que des traditions de la région. à la maison de l'artisanat, ils ont eu un aperçu sur les activités et le patrimoine artisanaux de la capitale du Hoggar. Bijoux en argent, tapisserie, cuir et pierres semi-précieuses ont été exposés dans cet espace dédié à la vente.
L'assekrem, un avant-goût
Le chemin est long vers l'Assekrem. La piste empruntée a, tout de même, planté le décor. Celui de l'aventure vers l'inconnu. Au bout de deux heures de route à bord de 4x4, une halte s'imposait. Une fois le « salon » dressé, le déjeuner offert et le thé chaud servi à l'ombre de l'acacia ont été une belle première surprise offerte à ces opérateurs qui découvrent, pour la première fois, le désert algérien. Dans une ambiance festive, ce partage a vite consolidé les relations. Les discussions ont tourné autour de la situation du tourisme, le savoir-faire et la longue expérience des opérateurs locaux. Au bout de quelques minutes d'échanges, il est décidé une participation des opérateurs algériens dans plusieurs salons du tourisme dans le nord de la France pour faire connaître la destination Algérie aux nouvelles générations qui ignorent tout de la richesse inestimable de l'Algérie et du Sahara en particulier.
Totalement sous le charme des paysages qui défilent devant leurs yeux, les présents n'ont pas fait cas des nombreuses secousses provoquées par le passage des véhicules sur les reliefs difficiles. Un sol qui change de couleur et de nature. Passant de la terre rouge aux pierres noires. Des montagnes gigantesques aux dunes de sable. Chacun tente d'immortaliser cet instant privilégié à travers la prise d'un maximum de photos. Impossible de détacher les yeux et l'esprit de ces magnifiques tableaux qui s'offrent à la vue. Après avoir pris toutes les photos possibles et sous divers angles, l'évidence vous rappelle à l'ordre. « Rien ne peut remplacer l'œil », avoue, avec regret, Djaouida. « Quelle que soit la qualité de la photo, elle ne peut refléter la beauté incommensurable de ces paysages. C'est un tout, il faut regarder l'ensemble. La photo n'a qu'un champ limité, elle ne pourra jamais remplacer l'œil », dit-elle. Cela n'empêche pas pour autant les membres du groupe d'immortaliser ces moments. Ces photos vont défiler, très prochainement, sur les sites internet des compagnies, qui promettent, déjà, une bonne vente de ce produit.
Arrivés au sommet de l'Asssekrem, nous sommes installés dans la belle auberge de la Protection civile. Le groupe devra s'attaquer, à pied, à une belle pente pour assister au plus beau coucher de soleil au monde. Mais avant, les quelques explications fournies par le père Edouardo sur le parcours et l'ermitage du père Foucauld suscitent l'intérêt des invités, qui veulent tout connaître de la région de Tamanrasset.
Admirable !
Arrivés au sommet, personne ne se retient pour exprimer la joie d'avoir effectuer « ce beau voyage et cette découverte unique qui émerveillent l'esprit et l'œil en même temps ». Même les agents touristiques présents, qui ont visité les quatre coins du monde et connu des paysages de toutes sortes, sont restés bouche bée devant la beauté du décor. L'Assekrem est unique au monde. Son célèbre coucher du soleil, visible en toute saison, qui drape de ses reflets colorés le plus haut sommet du Hoggar, 2.780 m d'altitude, au milieu d'un véritable paysage lunaire, captive l'attention.
Epuisés mais heureux, les membres du groupe poursuivent leurs projections sur un futur qui s'annonce prometteur. Autour d'un plat de « chtit'ha batata » (ragout de pommes de terre) agrémenté de viande locale, une première liste des personnes à inviter pour ce beau séjour à Tam est déjà établie. Des échanges sur les circuits possibles, les services offerts et la complémentarité avec d'autres régions sont également évoqués. Désormais, chacun a sa petite idée et sa clientèle ciblée pour bien vendre ce produit. L'occasion est également propice pour recueillir de plus amples informations sur les structures, les conditions d'accueil, les prix, etc. L'absence d'une infrastructure d'accueil digne du site reste le point noir de l'Askrem. D'autant qu'il est impératif de passer ne serait-ce qu'une nuit pour profiter du coucher du soleil.
L'auberge communale est dans un état d'abandon total. Cédée en concession à un opérateur local, son état se dégrade de jour en jour. Aucun investissement n'a été consenti pour rénover les lieux et renouveler les équipements. L'état triste de la cuisine, les matelas entassés dans les chambres feraient fuir même les plus téméraires. C'est aussi là l'avis des opérateurs étrangers. Cette situation est aussi dénoncée par les opérateurs locaux qui appellent les autorités à prendre les mesures adéquates pour améliorer la situation. « Les prémices d'un retour de l'activité touristique sont là. Il est temps de s'occuper sérieusement de ce problème car nous avons besoin d'accueillir les touristes dans des conditions respectables et correctes », estime Ahmed Hamdaoui du Syndicat des opérateurs touristiques de Tamanrasset. La question du retard accusé dans le lancement du projet de la ZET de Tam refait, à cette occasion, surface, notamment depuis qu'il a été décidé sa délocalisation. « L'étude est achevée. Nous avons reçu des commissions qui ont validé nos projets mais la réalisation de la ZET n'a toujours pas démarré et nous ignorons les raisons », regrette Hamdaoui.
Afilel... à en perdre la raison !
« Afilel est d'une telle beauté à faire perdre la raison ! », s'exclame Farida, très nostalgique. La virée vers cette belle guelta (point d'eau), située en milieu de ce vaste territoire lunaire, a envoûté les visiteurs. En longeant ce beau passage d'eau, on découvre la faune et la flore vivant dans cette zone humide d'importance internationale. Entourée de rochers géants, telle une immense ceinture de protection, on croirait qu'il ne peut exister un endroit plus beau sur terre.
Au centre-ville, la rencontre et l'échange avec les forgerons du célèbre quartier « Sorrou » est un autre moment fort. C'est dans ces ateliers modestes, avec des moyens naturels, que les artisans fabriquent de leurs mains des merveilles qui ont fait le tour du monde. Ils constituent une fierté de la région. Un tour dans les quelques projets de campings en cours de réalisation rassure les opérateurs sur les choix à faire pour satisfaire une clientèle qui sera, certainement, exigeante.
Sérénite et plénitude
Muriel Le Gal, propriétaire de l'agence « les voyages du soleil » vient tout juste de lancer son nouveau produit « Envie d'Algérie ». Si son premier voyage à Bejaïa, il y a un mois et demi, l'a beaucoup inspirée, ce deuxième l'a carrément fascinée. « Ce voyage a eu un effet surprise sur moi. Je suis fascinée. La découverte de nouveaux paysages et d'un peuple extrêmement gentil me donne envie de rester ou d'y revenir très vite », avoue-t-elle. Le Sud algérien, dit-elle, est « envoûtant ».
« Je ne m'y attendais à cela. Pour moi, le sud, c'est forcément du sable et des dunes, mais Tamanrasset, c'est super. Ce sont des paysages qui ne ressemblent à aucun autre endroit dans le monde. De toutes les manières, l'Algérie est unique. C'est véritablement un pays continent », a-t-elle indiqué. Après plusieurs tentatives, vaines, « d'envoyer des touristes vers l'Algérie », ce voyage lui donne des atouts pour vendre un produit qu'elle connaît, désormais, mieux. « Je vais revenir, car il y a du potentiel », dit-t-elle. « Je pense qu'il faut connaître le pays et les endroits pour bien les vendre. Je vois déjà que c'est une clientèle très particulière qui faudra cibler. » Est-il possible de ramener des touristes étrangers en cette conjoncture où les allégations sur l'insécurité des lieux font recette ? « Quand j'ai annoncé à mes amis que j'allais en Algérie, personne ne m'a dit de faire attention alors que quand je dis que je vais dans d'autres pays du Maghreb, ils n'hésitent pas à m'alerter. Aujourd'hui, je crois que les Français ont compris où se situe le danger et il y a donc possibilité de faire venir des étrangers sans aucun problème », conclut Muriel.
Emue, Farida ne trouve pas les mots pour décrire l'aventure qu'elle vient de faire. « Je ne trouve pas les mots pour décrire. C'est magique. Ici, nous avons une vision réelle du paradis sur terre. C'est trop beau. Je n'ai jamais vu un aussi beau paysage de ma vie », répète-t-elle. Opératrice à Paris dans le domaine du tourisme depuis 30 ans, elle a eu l'occasion de voyager et d'organiser des voyages en Europe, aux USA, en Asie et ailleurs, « mais jamais, je n'ai vu d'aussi beaux endroits ». Cette virée va lui donner l'occasion de « promouvoir cette destination » et de l'inscrire dans son programme de voyages pour la prochaine saison touristique. « Ce sont des endroits qui ont tout le potentiel pour attirer du monde à condition d'en parler et d'en faire la promotion », estime-t-elle. « La vie dans les villes est tellement stressante et prenante. Les gens ont besoin de découvrir et ils sont à la recherche d'endroits insolites. Je crois que ce sont ceux-là. Franchement, j'ignorais qu'il y avait des destinations aussi magiques qui portent une âme. »
Pour Aïcha, cadre dans le domaine de l'aviation aérienne, cette « magnifique » découverte renseigne sur l'existence des paysages où l'évasion est toujours possible. « De tous les pays du Maghreb, l'Algérie a les plus beaux paysages et une grande diversité en la matière. De la côte au désert, on peut rester un mois sans s'ennuyer », a-t-elle dit. Elle regrette que ce pays soit encore « méconnu » des touristes. « Il faut faire de la promotion de toutes ces belles choses à voir. » « Liberté et beauté extraordinaire », c'est ainsi que Amine Lagoune, propriétaire d'Algérie Tour, installé à Marseille, a qualifié ces paysages.
« La nature à l'état sauvage préserve toute sa beauté aux lieux, et c'est ce qui fait la force et la richesse » de l'Algérie qui offre une diversité de destination dans un seul pays. « L'Algérie est un pays d'avenir », a-t-il affirmé. Son prochain projet consiste en l'installation d'un bureau en Algérie. « J'envoie plusieurs touristes vers diverses destinations en Algérie. Je compte donc m'y installer pour développer le tourisme et faire connaître l'Algérie à l'étranger », a-t-il dit. Il estime qu'il est aujourd'hui facile d'attirer des clients « curieux » en les informant sur « les richesses » que recèle le pays. « Les gens sont à la recherche de nouvelles destinations d'autant qu'ils ne s'attendaient pas à voir autant de belles choses. Je crois que c'est facile de les convaincre à venir. » Pour lui aussi, l'aspect sécuritaire n'est nullement « dissuasif ». « Les gens font la part des choses et avec ce qui s'est passé en Europe ces derniers temps, ils savent qu'ils ne sont en sécurité nul part. Et puis, ils passent par des professionnels du tourisme qui n'envoient pas la clientèle n'importe où. »
Fondatrice de la maison d'édition « Paris voyage » qui vient de publier un premier ouvrage intitulé « L'Orient à Paris », Djaouida Belmokhtar a « retrouvé sa sérénité ». Ce premier voyage dans le désert algérien lui a permis de « se ressourcer et de se rapprocher de la tranquillité ». « Ce sont des paysages exceptionnels et splendides que je n'ai pu admirer de toute ma vie. Cela donne un sentiment de plénitude, de calme que j'ai rarement ressenti ailleurs », dit-elle.
« Méditation, sérénité intérieure, remise en cause sont autant de sensations fortes difficiles à maîtriser devant un tel spectacle. » Dans la foulée, elle promet déjà de consacrer un espace dans la prochaine édition de « L'Orient à Paris » à cette destination « pour la faire connaître aux Français ».


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