Renouer avec la beauté de ces paysages de la méditation céleste. Quand bien même on aimerait décrire la beauté fascinante de ce panorama tassilen, jamais artiste ne saurait reproduire avec autant de raffinement ces tableaux ensorcelants d'une nature venue d'une autre planète. Et c'est au coeur même de cette immensité désertique que s'est tenu récemment le festival du tourisme saharien. Louable initiative qui permet de renouer avec la beauté de ces paysages de la méditation céleste. Sereine et hospitalière, demeure cette partie de la terre algérienne, aux confins de la patrie des «hommes bleus». Tamanrasset, où l'Ahaggar paraît être comme une île au milieu d'un océan, a accueilli dans la diversité culturelle plusieurs troupes venues de quatorze wilayas qui n'ont pas manqué de présenter toute la variété de notre folklore populaire. Folklore reflétant les éléments identitaires de la culture sahraouie, dans un accoutrement et une chorégraphie fort appréciés par les touristes étrangers, venus nombreux renouer avec cette féerique région des Touareg, vaste d'environ 530.000 km². Partis de Tam, nous prîmes le chemin rocailleux, qui sur 80 km, devait nous mener 2h30 durant vers l'Assekrem, alors que la gelée commençait à se faire sentir. Bien enturbannés, nous admirons le paysage pendant que les «4X4» parcouraient difficilement la montée de cette chaîne de montagnes de l'Ahaggar que les géologues classent comme massif cristallin antécambrien. L'ascension de l'Ahaggar Alors que nous nous laissions aller à la contemplation de ce sol volcanique, où les roches se désagrègent en cailloux de quartz et de grès, le crâne de l'Ahaggar nous annonce le sommet, de forme tabulaire et atteignant 2 918 m. Le plus bel endroit étant sans doute, le plateau de l'Assekrem à 2798 m. Qui, devant ces beautés inouïes, ne se laisse pas envahir par le sublime de ces dépressions volcaniques des temps passés, où les senteurs de basalte flottent sur le socle antécambrien à ce jour. Mais, en ce mois de décembre 2004, cette fin d'année passée dans le pays de Tin Hinan, cette reine mythique, ancêtre fondatrice des Touareg, c'est la mélodie traditionnelle qui vient accompagner les rochers de l'art rupestre. Les femmes targuies, soit par le jeu d'Imzad ou du Tindé, rajoutent cette séduction de l'âme et du coeur, dans un décor où l'érosion durant des siècles a taillé en une beauté surprenante les montagnes de l'Atakor que serpente l'oued Amsa. N'avons-nous pas vécu un jour, au pied du Hoggar l'interprétation d'une symphonie de Beethoven, comme pour exprimer ce sens de l'existentialisme au travers des orgues basaltiques et des gueltas. Ces pics rocheux n'ont pas ridé la beauté millénaire du Hoggar et la musique y demeure aussi pure qu'au premier jour. Dans la solitude de cet univers, est-il un moment plus convoité pour les esthètes, pour les soufis, où les louanges à Dieu l'Eternel donnent toute la ferveur d'une mélodie mystique? Dans cette béatitude suprême du Tawhid, renoncement au monde matériel, à la matérialité même, où les Saints de la spiritualité soufie trouvent l'illumination dans la voie de Dieu. On arriva sur l'Assekrem où le coucher du soleil se voyait à peine à l'horizon de ce fabuleux panorama de volcans ciselés dans le massif de l'Atakor. C'est, encore une fois, l'endroit le plus propice pour ceux des soufis qui aspirent à la méditation dans la «Khaloua», cette sorte de retraite dans un état de sainteté et de purification de l'âme. En fait, nous sommes dans un cosmos où l'exaltation de la foi va de concert avec la contemplation de Dieu, l'Unique. Non loin de l'Ermitage du père Charles de Foucault, les gens sont religieusement admiratifs de cet inouï spectacle de la nature en symphonie éternelle. Dans cette chaumière, le couscous était de la cérémonie exceptionnelle comme dans une «hadhra» rituelle. C'était un moment de profonde méditation et de forte communion où les uns et les autres, toutes religions confondues, ont contemplé l'oeuvre grandiose de Dieu dans le paysage targui. Un moment sublimant la «qaâda» d'une nuit sur l'Assekrem, terre de rêves et de fascination, à la lumière des feux de camp, nous voulons dire de bivouac, où plus de 300 «4X4» ont permis d'arpenter les monts du Hoggar, dans l'incomparable splendeur du décor divin de l'authenticité de notre fascination Sahara. L'homme libre du dialogue des civilisations Peut-on conclure alors que le paysage nous inspire les plus sincères invocations? Pour montrer combien cette terre algérienne, sereinement assise dans son fabuleux décor naturel, nous attire à elle. Comme pour rappeler que cette Algérie, terre des hommes libres, est celle où les fils de Mazigh, en communion, ont recréé au travers des Zénètes, des Sanhadjas ou des Houaras, l'homme libre qui serait celui du dialogue des religions et des civilisations. Tamarasset aura été, encore une fois, cette belle destination touristique où l'homme mythique targui n'a pas pour autant renoncé à sa culture, à ses coutumes, à son costume, à ses chants et à la sacralité de ses cérémonies, où le respect de la diversité culturelle rend possible un voyage au coeur de la générosité targuie. Par ses sites touristiques, par son pittoresque, par ses courses de chameaux, par ses fantastiques danses, guerrières ou galantes, le Sahara algérien offre aux visiteurs les multiples facettes à la fois d'une nature exceptionnelle, de l'art rupestre unique et de la richesse de la culture algérienne, dans un élan de convivialité et d'hospitalité peu coutumier sous d'autres cieux.