La nomination par le président bissau-guinéen, José Mario Vaz de Bassiro Dja, comme Premier ministre, ayant exercé des fonctions ministérielles par le passé, a suscité de vives réactions au sein du parti au pouvoir, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC). Cette décision intervient deux semaines après la dissolution du gouvernement dans ce pays. Pour le président, cette nouvelle nomination est un gage de confiance, dans une conjoncture marquée par des turbulences politiques depuis la destitution par le président, en août 2015, de son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC. Le nouveau Premier ministre s'est fixé trois axes prioritaires ; la bonne gouvernance, la croissance économique et la promotion du capital humain. Lors de son investiture, il a promis de veiller à une gestion saine des fonds publics, et de lutter sans répit contre le gaspillage des biens publics. Le chef de l'Etat a expliqué sa décision de rappeler M. Dja, comme le proposait le Parti de la rénovation sociale (PRS, opposition, deuxième formation du pays), par sa volonté de s'appuyer sur une nouvelle majorité, constituée des 41 députés du PRS et des 15 députés frondeurs du PAIGC, soit 56 sièges sur 102 au Parlement. « Par rapport aux propositions présentées par le PAIGC, celle du PRS offre davantage de garanties de stabilité pour la présente législature », a affirmé M. Vaz, invoquant « l'impérieuse nécessité que le nouveau gouvernement dispose de l'appui de la nouvelle majorité ». De l'avis des observateurs, cette nomination est le prélude au règlement de la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs mois. Manifestant sa colère, le PAIGC avait proposé soit le retour de M. Pereira avec un gouvernement élargi, soit la reconduction de Carlos Correia, qui refuse la décision de M. Vaz de les démettre. Ils ne comptent pas céder un pouce de leurs bureaux pour qu' « ils soient occupés par un gouvernement » que le ministre de la Communication, Agnelo Regala, qualifie d'« illégal ». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit profondément inquiet et a appelé toutes les parties en Guinée-Bissau « à s'abstenir de toute violence et à résoudre leurs différends par le dialogue ». Il a salué le professionnalisme des forces armées nationales dans l'accomplissement de leur devoir et les a exhortées à continuer à agir de manière responsable pour mettre fin d'urgence à cette impasse, dans l'intérêt de la population et sur la base de la Constitution du pays.