« Sommes-nous capables de conduire une voiture ? », s'est interrogé samedi dernier Mohamed Lazouni, président de l'association Tariq Essalama lors d'une conférence donnée à Bejaïa, traitant de la conduite pendant le mois de Ramadhan et du comportement de l'enfant face à la circulation automobile. Pour cause, Mohamed Lazouni estime qu'il faut s'éloigner des indicateurs généraux actuellement utilisés pour analyser les accidents de la circulation et s'intéresser de plus près aux causes réelles et qu'il ne faut pas toujours impliquer la vitesse. Parmi celles-ci, la somnolence au volant. Citant une expérience réalisée en France, sur un trajet de 930 km, cette dernière a montré que le conducteur s'est endormi à plusieurs reprises. Le conférencier explique que la somnolence est une réaction naturelle, liée à l'horloge biologique de l'individu, et survient à des périodes bien précises de la journée ou de la nuit. L'excès de fatigue favorise bien évidemment cette somnolence. Ainsi, après 17 heures de veille, le cerveau serait comme « ivre », avec 0,5 g d'alcoolémie. Cela sans oublier les « dettes » de sommeil, que le cerveau tente à la moindre occasion d'effacer. Ce risque est aggravé quand le conducteur est atteint de la maladie de l'apnée du sommeil. Selon le conférencier, près de 30% des accidents sur les autoroutes sont occasionnés par ce facteur. Le mois de Ramadhan étant proche, ce sont autant de raisons pour attirer la vigilance. D'autres facteurs interviennent également, comme l'acuité visuelle, bien des conducteurs souffrant d'une vision défaillante qui les empêche d'apprécier convenablement les distances et d'appréhender toute la scène. La question de la vision est d'ailleurs au cœur de la problématique des accidents de la circulation dont les victimes sont des enfants. La petite taille de ces derniers ne leur permet ainsi ni d'être suffisamment visibles pour les conducteurs ni de voir suffisamment loin pour déceler à temps l'approche d'un véhicule. Outre ce facteur, les enfants sont également handicapés par une vision encore immature, de sorte qu'il leur faut quatre secondes pour distinguer qu'un véhicule est en mouvement, mais aussi d'une audition toute aussi immature qui les rend incapables de bien discerner la provenance d'un son. Mais, précise Lazouni, si 5% des accidents se produisent à proximité de l'école, c'est surtout sur le chemin de la maison que les enfants sont le plus souvent victimes d'accidents de la circulation. Cela pour responsabiliser et inciter davantage les conducteurs à faire très attention face à un enfant qui tente de traverser la route. Voilà qui pousse, en effet, à plus de réflexion et de précision sur les causes des accidents de la route mais aussi sur l'efficacité et la pertinence des mesures prises, censées les réduire. Par ailleurs, Mohamed Lazouni a annoncé son intention d'organiser prochainement à Bejaïa un séminaire national sur la somnolence au volant.