Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a prononcé, hier à Biskra, une allocution à l'ouverture des travaux de la 18e tripartie, dont voici le texte intégral : « à la joie d'être de nouveau des vôtres à l'occasion de cette réunion de la tripartite, s'ajoute un motif supplémentaire de satisfaction. Il s'agit du lieu d'organisation de notre rencontre : Biskra, reine des Zibans et réel carrefour de la diversité nationale et de notre algérianité. Nous sommes également honorés par la présence parmi nous de Monsieur Guy Ryder, le directeur général du Bureau international du travail, qui nous fait le plaisir d'assister à cette séquence de dialogue entre les acteurs de l'économie algérienne qui fait la fierté de notre pays. Le Pacte national économique et social pour la croissance a scellé ce consensus entre patronat, syndicat et Exécutif en faveur de la croissance et de l'édification d'une économie émergente, élément central du programme présidentiel. Sur chacune des composantes de cet accord historique, des avancées législatives et organisationnelles substantielles sont enregistrées, et cet instrument de concertation et de coordination fait désormais référence au plan international en matière de dialogue social franc et fructueux. Un développement socioéconomique harmonieux et équilibré Le choix de cette wilaya est, aussi, une façon de donner un signal fort sur la volonté des pouvoirs publics d'assurer un développement socioéconomique harmonieux et équilibré entre les différentes régions du pays et de faire du Sud et des Hauts-Plateaux le berceau de la relance industrielle et agronomique projetée pour opérer la mue de l'économie nationale. Biskra est aussi un exemple de défi de notre résilience : une agriculture qui s'est bien développée et une industrie émergente. Car on ne peut espérer devenir un pays industrialisé si on n'est pas d'abord un pays agricole. Cette tripartite vient couronner un long processus de dialogue sur la situation économique du pays, entamé par le gouvernement avec l'ensemble des forces vives de la nation. Durant ces échanges fructueux et instructifs, l'Exécutif a partagé avec ses partenaires et interlocuteurs la réalité de l'ensemble des données macroéconomiques et financières du pays, ainsi que le détail de son dispositif de riposte (cadrage économique à 2019 et vision prospective à 2030) face à la détérioration des cours sur le marché mondial des hydrocarbures, pour mobiliser la force de travail du pays afin de faire face aux défis qui nous attendent. Dire la vérité, c'est tabler sur un baril de pétrole à 45 dollars comme base d'élaboration de la loi de finances pour 2016 qui ira dans le sens de la croissance et non dans celui de l'austérité car nous avons largement les capacités de résister et de nous améliorer. Les résultats obtenus, l'efficacité des différentes mesures, les contraintes et les blocages sont toujours pris en charge sans maquillage ni surinterprétation. Il s'agit avant tout d'expliquer et de gagner l'adhésion de tous autour de l'objectif commun : le développement du pays. En effet et face à la contraction des ressources financières, le réflexe primaire ainsi que le calcul froid et cynique prôné par certains analystes, voulaient que l'on procède de la manière la plus basique : si les revenus ont baissé de 47% sur l'année écoulée, des coupes dans les mêmes proportions doivent être opérées sur les dépenses notamment celles non productives, à savoir les transferts sociaux. Cette arithmétique macabre ne tient pas compte de la nature sociale et démocrate de l'Etat algérien moderne voulue par ses pères fondateurs et exprimée dans l'appel du 1er Novembre 1954 dont nous célébrerons dans quelques jours le 61e anniversaire, à savoir : Ne jamais transiger avec l'indépendance et la souveraineté nationales. Ne reconnaître d'autre pouvoir que celui du peuple. Ne jamais abandonner le faible et le nécessiteux. 1.800 milliards de dinars de transferts sociaux par année Je puis vous assurer, mesdames et messieurs, que l'homme politique qui matérialise le mieux l'attachement à ces principes, c'est bien le président de la République qui n'acceptera jamais que soit aliénée sous son autorité la dignité de l'Algérie et des Algériens ou remis en cause la vocation sociale et le développement économique de son Etat. La gestion rationnelle des finances publiques et les décisions d'anticipation prises permettent à l'Algérie de mieux encaisser la baisse brutale des prix du pétrole. A nous maintenant de transformer cette capacité de résilience en levier de transformation de notre économie vers la création de richesse et d'emploi. La démarche du gouvernement vise particulièrement l'amélioration et la préservation du pouvoir d'achat des Algériens ainsi que la poursuite de l'effort en matière d'action sociale et des programmes dans les domaines de l'emploi, du logement, de la santé, de l'éducation. A ce titre, il est bon de rappeler les décisions prises en matière de soutien social car nous misons sur le développement de la ressource humaine, seule créatrice de richesses avec notamment : - 8,5 millions d'élèves scolarisés. 1,5 million d'étudiants dans l'enseignement supérieur. 1.800 milliards de dinars de transferts sociaux par année. - La gratuite des soins et la prise en charge de 3 millions de malades chroniques grâce à la carte Chifa. La mise en œuvre de l'engagement de révision de l'article 87-bis de la loi relative aux relations de travail et de redéfinition du SNMG avec la revalorisation de l'indemnité forfaitaire compensatrice pour près de 1,5 million de travailleurs. La poursuite des programmes de logements notamment en faveur des catégories sociales démunies et intermédiaires (LPL et AADL) avec le développement des formules de lotissements. Il ne s'agit pas de culpabiliser nos concitoyens mais de travailler encore plus et ensemble pour améliorer nos facteurs de production et préserver ce modèle social en améliorant sa performance. Je prétends qu'il n'y a qu'une seule voie pour atteindre ces objectifs : la croissance et la foi dans le génie des Algériens, notamment les jeunes. Tous nos efforts et nos capacités sont orientés vers la réunion des conditions d'émergence d'une base productive et industrielle nationale, moderne et compétitive à travers l'amélioration de l'environnement de l'entreprise, qu'elle soit publique ou privée. La promotion de la production nationale bénéficie, désormais, de la réintroduction, en sa faveur exclusive, du crédit à la consommation ainsi que de la mise en place du dispositif des licences d'importation. Les banques privées appelées à participer à l'effort de développement Les établissements financiers sont encouragés à l'effet d'accompagner les entrepreneurs et les porteurs de projets à travers le développement des crédits à l'économie, qui ont certes progressé de 22,7% en 2015, mais qui doivent encore augmenter car notre objectif est de permettre aux entrepreneurs d'investir plus. Les banques publiques sont appelées à rationaliser la gestion des crédits à l'économie et les banques privées à participer à l'effort de développement national et à ne pas se cantonner principalement au financement du commerce extérieur. Une procédure simplifiée a été récemment mise en place pour encadrer la gestion du foncier industriel, ouvert même à l'investissement privé, et messieurs les walis ont reçu des instructions fermes en matière de soutien et d'accompagnement des projets d'investissement. La majorité des actions retenues au titre du plan national Dowing business ont connu une mise en œuvre effective par des amendements législatifs et réglementaires ainsi que des simplifications de procédures. L'avant-projet de loi relatif à la promotion de l'investissement introduit, pour sa part, de nouvelles dispositions incitatives tout en clarifiant et en assouplissant les règles d'investissement avec le maintien de la règle du 51/49. En parallèle à l'action déterminée pour la sécurisation de nos cadres gestionnaires à travers l'amendement du Code de procédure pénale, je rappelle l'obligation de lutter contre la corruption et la dilapidation des moyens des entreprises. Une approche franche, sincère et honnête est développée en direction des acteurs de la sphère informelle pour les mettre en confiance et leur permettre de régulariser leurs situations à travers des dispositifs de mise en conformité simples, transparents et sans implications autre qu'un droit minime dont ils doivent s'acquitter. Je les encourage vivement à déposer en toute confiance leurs avoirs dans les banques et à déclarer leurs salariés non pas parce qu'ils sont obligés de le faire, mais parce qu'ils y trouveront avantage et pourront investir leurs moyens financiers dans le secteur productif. A messieurs les représentants des travailleurs et du patronat, je vous assure de notre soutien et vous encourage à faire preuve de plus d'ambition et de créativité. Créez de la richesse sans complexe. L'Etat soutiendra et protégera vos investissements pour l'intérêt du pays. La dernière initiative du FCE relative à la création d'un fonds privé d'investissement donne un signal important sur la convergence de vues que nous partageons désormais avec le monde de l'entreprise sur le développement du pays. Les dispositions contenues dans les avant-projets de lois de finances complémentaire pour 2015 et celle pour 2016 vont dans cette même direction et visent l'optimisation des recettes du budget de l'Etat, une plus grande rationalisation des dépenses, le soutien aux entreprises, la facilitation de l'investissement ainsi que l'encouragement du secteur national productif. L'objectif de croissance pour 2016 a été fixé à 4,6%, soit un point de plus qu'en 2015 (et il est réalisable), illustrant cette volonté de favoriser la croissance, alors que les dépenses budgétaires globales continueront d'enregistrer des baisses (-8,9% par rapport à l'exercice 2015). Les actions visant le contrôle des importations s'intensifieront sans pour autant entraver les approvisionnements de l'outil de production ou la disponibilité des produits au niveau du marché national. Le marché algérien doit rester accessible, libre et ouvert, avec des règles fixées par l'Etat et appliquées par lui en toute transparence. L'Algérie ne vacillera jamais avec le président Bouteflika Les efforts de rationalisation seront ciblés et épargneront les couches défavorisées car nous sommes pour un Etat fort, régulateur d'une société libre dans ses initiatives et solidaire des plus faibles. Notre patriotisme économique implique le soutien à tous les opérateurs nationaux à condition qu'ils respectent les règles et qu'ils n'aient pas des pratiques de concurrence déloyale. Les mesures les plus contraignantes seront aisément acceptées si elles sont appliquées à tous dans une totale transparence. Mesdames et messieurs, Je sais bien que les fatalistes risquent de douter de cette démarche, mais nous sommes déterminés à leur opposer un message d'espoir et de courage pas du tout naïf, mais fondé sur une parfaite connaissance des potentialités nationales et sur une foi inébranlable en nos concitoyens. Notre objectif est de mettre en place une économique moderne et pérenne. Quand ils se sont unis, les Algériens ont balayé le colonisateur et ont opposé à la barbarie et à l'obscurantisme la paix et la réconciliation dont nous fêtons le dixième anniversaire. Ce n'est sûrement pas une conjoncture économique, certes difficile, qui nous empêchera de bâtir l'Algérie du XXIe siècle, avec une économie réellement émergente. L'Algérie ne vacillera jamais avec le président Bouteflika et son gouvernement est là pour servir le peuple et défendre la pérennité de l'Etat quel qu'en soit le prix. Nous savons tous qu'il y aura des résistances au changement auquel les habitudes ou les intérêts essayeront de s'opposer, mais on ne peut échapper à notre devoir : construire une économie forte sans compromission. Ceux qui se complaisent dans la critique et poussent au renoncement et à la démission collective, doivent savoir qu'ils ne servent pas leur pays en agissant de la sorte et que leur véritable responsabilité est de s'approprier la chose publique pour que nous puissions tous contribuer au renouveau national. Je ne peux pas croire qu'il existe des Algériens qui se désintéressent de l'avenir de leurs enfants. Nos jeunes doivent savoir aussi que les opportunités qui leur sont offertes en Algérie dans les domaines de l'enseignement, de l'emploi, du logement et de l'entrepreneuriat, sont une chance et une réalité tangible. Le chef de l'Etat en personne leur fait confiance et place en eux de grands espoirs. Il leur appartient d'être à la hauteur de la grandeur de leur pays en étant innovants et créatifs. Nous serons constamment à leurs côtés ».