« Les Etats-Unis et la Chine doivent renforcer leur confiance réciproque », a plaidé le président Xi Jinping, appelant à faire de la région du Pacifique une « zone de coopération et non de compétition ». A cette 8e édition du sommet annuel (6 et 7 juin) les priorités portent sur un large éventail de dossiers stratégiques (Corée du Nord, Taïwan), sécuritaires (terrorisme, cybersécurité) et économiques (cas du yuan, échanges commerciaux). Mais, incontestablement, le contentieux sur la mer de Chine orientale qui suscite les pires inquiétudes des alliés américains dominera certainement les débats entre le secrétaire d'Etat John Kerry et le secrétaire au Trésor, Jacob Lew, et leurs homologues chinois, le vice-Premier ministre, Wang Yang, et le conseiller d'Etat, Yang Jiechi. Dans un climat tendu, marqué par les accusations réciproques de « provocation », les Etats-Unis entendent promouvoir un partenariat dans la région Asie-Pacifique. « C'est à nous, l'Amérique et la Chine, de faire en sorte que nous soyons plus des partenaires que des rivaux », a affirmé John Kerry un tantinet rassurant sur l'issue diplomatique du contentieux de la mer de Chine méridionale revendiquée totalement par Pékin et contestée par les pays voisins (Vietnam, Philippines, Brunei et Malaisie). Une issue suspendue à la décision de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye saisie par les Philippines. Mais, à Oulan-Bator (Mongolie), la condamnation par Kerry de la « militarisation » de cette zone, riche en ressources et cruciale pour le commerce mondial, traduit la volonté de puissance américaine, prônant la liberté de navigation et attachée à la mise en place d'un « rééquilibrage » pour contrer l'influence chinoise. La fausse neutralité américaine, trahie par l'envoi des navires de guerre à proximité d'îles contrôlées par Pékin, a été dénoncée par la Chine estimant que « les pays extérieurs devraient jouer un rôle constructif à ce sujet, pas l'inverse ». En outre, les sujets qui fâchent, intégrant le casse-tête nord-coréen nécessitant une pression internationale accrue, selon le chef de la diplomatie américaine, et les différences en matière de droits de l'homme » dans des systèmes antagoniques, se focalisent surtout sur le litige des aciéries chinoises en surcapacités qui « faussent et nuisent » au marché mondial. La charge violente lancée par le secrétaire au Trésor, Jacob Lew, contre le numéro un mondial de l'acier expriment manifestement le désarroi des pays occidentaux victimes d'une concurrence acharnée de la Chine inondant le marché à bas prix et engagé, d'ici à 2020, à une baisse de 100 à 150 millions de tonnes de ses surcapacités. Elle s'inquiète toutefois des retombées de cette option qui implique le recours à des licenciements massifs (500.000 emplois supprimés) et les lourdes pertes subies par les entreprises chinoises. Le partenariat sino-américain a encore beaucoup de chemin à faire.