Le marché de M'dina Jdida, situé au cœur de l'ancienne ville d'Oran, est pris d'assaut à la veille du Ramadhan. Implanté dans l'un des plus vieux quartiers d'El Bahia, il est carrément envahi, à tel point que les passants ont du mal à se frayer un chemin dans la foule. Le marché de M'dina Jdida est pourtant loin de répondre aux normes. Anarchique, voire « sauvage », il ne « brille » pas non plus par sa propreté. Les étalages de fruits, de légumes, d'olives, de la coriandre, persil et des fruits secs sont installés à proximité des eaux usées. Mais personne ne semble s'en plaindre. L'effervescence que provoque le mois de jeûne sur les Algériens l'emporte sur le reste. Femmes et hommes déambulent entre les étalages, des couffins à leurs bras. Les ménagères ciblent les produits nécessaires à leur « hrira ». Certaines composent leurs menus sur le tas, selon la disponibilité des légumes. Dans ce marché, la variété des légumes est plutôt limitée. Les carottes, de même que l'aubergine, ne semblent pas être fraîches. A croire qu'elles se sont desséchées sous l'effet de la grosse chaleur de ce début du mois de juin. La courgette en revanche, bien pleine, attire beaucoup de monde. A 60 DA le kilo, elle est accessible à toutes les bourses. L'oignon également, cédé à 25 DA. La tomate de qualité moyenne est à 70 DA. Les prix sont beaucoup plus abordables que dans la capitale. Mais pour les Oranais, ça reste cher. « D'habitude, c'est moins cher. Comme à la veille de chaque Ramadhan, les prix ont augmenté », confie une mère de famille. Une passante dit avoir fait son marché une semaine avant. « Pour éviter justement la hausse des prix », confie-t-elle, en serrant très fort son sac, prévenant les étrangers de la ville de faire attention aux pickpockets. Le marché « bourdonne » : bruits, cris des commerçants et des vendeurs à la sauvette. Une femme est sévèrement réprimandée par un marchand de légumes pour avoir osé choisir par elle-même son kilo de tomate. Une autre, attirée par la belle couleur de l'abricot, prend ses jambes à son coup quand elle apprend qu'il est à 80 DA le kilo. Les dattes semblent avoir une place spéciale, ainsi que la galette et le petit-lait dans ce marché. Le nécessaire du « s'hor » en somme. Au rayon des épices, les ménagères font leurs réserves en safran, cumin et rass el hanout. Un homme brandit carrément une liste d'épices qu'il doit acheter, sur instruction de son épouse. « Je ne connais rien aux épices. Pour ne rien oublier et m'attirer les foudres de ma femme, j'ai tout inscrit sur une liste », confie-t-il. A côté, des étalages de boissons, de mayonnaise, de thon, de fromage, de flanc... sous un soleil de plomb ! Des consommateurs s'approvisionnent en ces produits sans se soucier des conséquences sur leur santé. Une fois les produits alimentaires, les légumes et les fruits dans leurs couffins, les ménagères se dirigent spontanément vers les étalages de vaisselle. Un grand choix leur est offert et à des prix abordables, à leur plus grande joie. L'informel domine ce marché qui, à l'origine, et jusqu'aux années 1980, était un haut lieu de commerce de textile et d'or. Les choses ont bien changé depuis !