La grève des vétérinaires, en plein début du mois de Ramadhan, suspendue depuis le 7 juin dernier, a paralysé les abattoirs du pays et sérieusement perturbé l'approvisionnement en viandes des marchés de la ville de Constantine, ce qui a provoqué une légère hausse des prix, au grand dam des citoyens. En effet, les marchands de viandes rouges et de volailles n'ont pas attendu longtemps pour « réajuster » leurs prix sous prétexte qu'il y a un manque de production, et ce, malgré l'annonce par le ministre de l'Agriculture, Sid Ahmed Ferroukhi, de la fin de la grève le 7 juin dernier à partir de Constantine. Aujourd'hui et selon nos informations, la quantité de viandes dans les abattoirs de la wilaya est suffisante pour couvrir les besoins du marché. Pourtant, dans les principaux marchés de la ville, ceux des frères Bettou (Belouizdad), la tendance est toujours à la hausse. Le prix des viandes rouges (ovine et bovine) dépasse la barre des 1.300 DA, voire les 1.400 DA le kg. Même le poulet est affiché à plus de 300 DA le kg, alors que la viande hachée oscille entre 1.000 et 1.300 DA. Des prix qui scandalisent les citoyens face à ce diktat des commerçants. « C'est de la pure spéculation, toute la presse parle aujourd'hui (jeudi dernier, ndlr) de la fin de la grève des vétérinaires et du retour à la normale, mais les prix sont restés les mêmes. Les commerçants avancent toujours les mêmes arguments pour faire des affaires au détriment des consommateurs et des plus démunis », nous dira un père de famille rencontré au marché Bettou. Un autre ajoutera : « C'est la même histoire qui se répète depuis des années et l'Etat doit agir et punir tous ces spéculateurs qui s'enrichissent de façon illicite. » Mais le plus inquiétant, dans cette histoire, est que les marchés ont été inondés de viandes non contrôlées depuis le premier jour du Ramadhan. Et ce n'est certainement pas la marchandise qui va manquer, car il faut dire qu'à l'instar des autres wilayas du pays, l'abattage clandestin des bêtes est de plus en plus pratiqué à Constantine, que ce soit dans les cours de maisons, les terrasses et les caves de certains quartiers populaires. Un phénomène soulevé au mois de mai dernier, lors d'une journée de sensibilisation organisée par la direction du commerce de Constantine et durant laquelle les spécialistes avaient tiré la sonnette d'alarme, surtout après la fermeture de l'abattoir communal de Constantine. Ainsi, au quartier Souika, véritable bastion du commerce informel en tous genres, la hausse des prix dans les marchés a entraîné une prolifération des étals dédiés aux viandes dont l'origine est bien évidemment douteuse. Les prix affichés défient toute concurrence, y compris celle de la filière viande congelée ou celle subventionnée par l'Etat. En effet, les clients se bousculent dans ces étroites ruelles et trouvent leur bonheur chez ces bouchers informels qui tiennent des étals à ciel ouvert (en cette période de chaleur) et dans des conditions d'hygiène désastreuses. 750 DA le kg pour la viande ovine, 800 DA pour la viande de veau et 500 DA pour la viande hachée. S'il est impossible de connaître l'origine de cette viande même en se faisant passer pour de simples clients, nous avons tout de même réussi à interroger les citoyens qui fréquentent ces lieux et pour qui la consommation de cette viande ne pose aucun problème. « Je préfère consommer une viande fraîche que d'acheter une viande congelée importée du Brésil ou de je ne sais où. Les gens évitent les étals de Souika, parce que la viande passe des abattoirs clandestins, ce qui explique les prix bas », nous dira un habitant du quartier. En ce début du mois sacré, d'autres ménages ont choisi de s'approvisionner en viandes congelées dans les différents points de vente, comme à la zone industrielle Palma qui accueille des centaines de citoyens par jour. Même constat au marché de la solidarité Ramadhan de l'UGTA, spécialement ouvert pour ce mois sacré, où il faut patienter des heures avant de pouvoir acheter de la viande subventionnée et proposée à des prix raisonnables.