De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les étals des marchés constantinois sont secoués depuis hier par le poids de quelques dinars en plus. La couleur mercuriale des prix du mois sacré est ainsi donnée et risque comme à l'accoutumée de connaître des pics au fur et à mesure que l'on se rapproche de la nuit du doute. Les viandes bovine et ovine qui ont gâté dernièrement les ménages en raison de leur prix abordables à la «faveur de la sécheresse» ont été augmentés de 150 dinars. «C'est aux éleveurs qu'incombe cette augmentation. On ne fait qu'appliquer notre marge bénéficiaire. Je crains fort que l'inflation n'enregistre des pics en ce début de Ramadhan», nous a expliqué un boucher dont l'étalage est implanté au niveau d'un marché couvert au centre-ville. Les premiers calculs sur le budget alloué à ce mois ont débuté. «Nous nous approvisionnons en viande fraîche avant que les prix ne deviennent inaccessibles. Du moins, nous économiserons une petite marge», fera remarquer une dame à une cliente qui venait s'enquérir des prix. Le recours aux souks est la seule issue pour les bourses moyennes, même si l'inspection sanitaire vétérinaire met en garde contre les dangers des viandes sans cachet. «Il faut s'assurer que les viandes rouges portent la mention de l'inspection vétérinaire. Dans le cas contraire, c'est le danger pour le consommateur qui, malheureusement, cherche les bas prix», explique madame Djenna, vétérinaire, inspectrice au niveau de la Chambre d'agriculture de wilaya. Elle nous fera part du procédé mis en place en perspective du mois sacré. «Il permettra de renforcer les inspections sanitaires au niveau des structures d'abattage des animaux, le contrôle des poissons et des produits laitiers. Il y a également une prise en charge concernant toute activité clandestine, dont les abattages des animaux sans inspection vétérinaire». Pour pallier toute tentative de fraude, une brigade mixte, au pouvoir répressif, formée des secteurs de la santé, de l'environnement, du commerce, activera en étroite collaboration avec le bureau d'hygiène. Cependant, faut-il le souligner, cette brigade active toute l'année, et ce sera un travail de routine pour elle. Il est à signaler qu'un contrôle rigoureux des produits d'origine animale est effectué au niveau des aires de stockage. Ainsi, des inspections inopinées se feront au niveau des chambres froides, en plus des vérifications lors du transport et de la commercialisation. Une façon de s'assurer que le produit est bien gardé, que la chaîne de froid, qui risque de rendre le produit impropre à la consommation, n'est pas rompue. Ce dispositif est élargi aux douze communes de la wilaya. L'inspection déplore cependant l'existence des viandes rouges dans des souks «permanents» au niveau des quartiers populaires de Souika, Boudraa Salah, Menia, Oued El Had… «En dépit de l'intervention de l'inspection sanitaire vétérinaire, il apparaît que le problème de la clandestinité persiste. Cela interpellera les consommateurs qui devront faire l'impasse sur ces étalages à bas prix mais à grand risque sur la santé publique», indique notre interlocutrice, ajoutant que l'inspection a relevé des «abattoirs clandestins» des défaillances dans certaines boucheries : absence de certificats médical, d'hygiène, de matériels conforme à l'activité. Le cas de la viande sans estampille a été rarement décelé chez les bouchers. La viande congelée ne fait pas exception à cette règle de contrôle. S'agissant du Sirpalac, système de régulation des produits agricoles de large consommation, la Chambre d'agriculture de Constantine a mis en stock 607 tonnes de pomme de terre chez trois opérateurs agréés. Le déstockage se fera si une quelconque hausse sur les étalages est enregistrée. Pour ce qui est de l'action de la Chambre de commerce de Constantine, elle a débuté il y a une semaine, nous a révélé hier dans l'après-midi M. Adjroud, directeur de cet organisme. «Nous avons effectué des sorties sur le terrain et avons fait un bilan sur la disponibilité des produits de large consommation. Il y a une légère inflation. Nous allons combattre toutes sortes de fraudes en annihilant les circuits informels qui demeurent la cause de la flambée des prix.» «Notre d'action vise à la disponibilité des produits pour éviter qu'ils ne soient sujet à des spéculations.», a-t-il ajouté. Qu'en est-il du marché des viandes ? M. Adjroud révèlera que son organisme n'est pas habilité à fixer les prix ou à les faire moduler. En d'autres termes, c'est le diktat des éleveurs qui fait la loi étant donné la balance entre l'offre et la demande en ce mois sacré de Ramadhan. Les éleveurs, qui avaient sacrifié dernièrement leur «bétail», sous peine de le voir mourir de faim, sont en train de le doper pour le ramener «vivant» à la veille de la nuit du doute…