Le marché connaît une désorganisation totale. En l'occurrence, on enregistre de la spéculation à une large échelle et la prolifération d'espaces clandestins d'abattage. La cour d'Alger a décidé de geler le mouvement de grève déclenché depuis dimanche dernier par les vétérinaires, a-t-on appris de sources sûres. Conséquence : une détente pourrait s'observer sur le marché, atténuant les appréhensions sur la consommation d'une viande qui n'est pas contrôlée et sur une éventuelle flambée des prix du kilogramme, conséquence de débrayage des contrôleurs vétérinaires. Selon un expert, le mouvement des vétérinaires n'aurait pas d'effet immédiat. Il n'y aurait pas une flambée des prix. Car les bouchers ne s'approvisionnent pas pour un seul jour, mais plutôt pour une semaine voire plus. Dès l'annonce du préavis de grève, les chevillards ont déjà prix leur disposition en s'approvisionnant en quantités suffisantes. Ce qui dénote de la disponibilité de la viande en quantités adéquates, du moins pour la durée du mouvement de protestation des vétérinaires. Toute hausse ne peut être, précisent nos sources, que spéculative. Toutefois, si le bras de fer dure, des perturbations considérables interviendront sans nul doute sur le marché de la viande. Les prix connaîtront à coup sûr une hausse sensible. Une tel scénario pourrait pousser les consommateurs à opter pour une autre alternative à savoir la viande congelée. Celle-ci est suffisamment disponible car elle est importée puis stockée depuis déjà le mois de janvier dernier à raison de 50 000 tonnes soit 20% de la consommation annuelle en Algérie. à quelques mois du mois du Ramadhan, notamment en août, il a été importé quelque 11 000 tonnes. Cette viande peut être, rappelle-t-on, stockée pendant 18 mois. Ce n'est pas le cas de la viande fraîche. Les opérateurs continuent, à ce propos, à importer la viande fraîche. Des arrivages hebdomadaires réguliers de 12 cabines en moyenne sont enregistrés aux ports. Une fois par semaine, plus de 300 tonnes sont introduites sur le marché. D'ici à la fin du mois sacré, plus de 1 000 tonnes seront importées. Notre source indiquera ainsi qu'un équilibre entre l'offre et la demande sera établi sur le marché, un marché qui souffre toujours d'une désorganisation totale où il n'existe même pas de lieu pour la vente en gros. Ce marché de gros garantira, selon la même source, une régulation, un meilleur contrôle des flux et renseignera sur la consommation de cet aliment. La viande fraîche importée serait cédée à 500 dinars le kilogramme “C'est pour la première fois depuis 20 ans qu'il n'y a pas eu de flambée des prix de la viande durant le mois de Ramadhan”, relèvera un observateur. Cette aisance est due également au cheptel de 19 millions d'ovins et de 1,5 million de bovins dont dispose l'Algérie ainsi que les 3 000 taurillons d'engraissement importés. On observe, également, que l'ovin n'est pas importé en grandes quantités. La raison évoquée est liée au fait qu'elle n'est pas subventionnée à l'exportation comme c'est le cas pour le bovin. Cette viande, par voie de conséquence, reste plus chère, notamment celle de l'agneau. Arrivée sur les étals, la viande fraîche importée est fixée selon un prix qui avoisine les 500 DA. Elle pourrait même être vendue moins chère que la viande locale. Cela dépendra évidemment du coût de la production, de la disponibilité de l'aliment… et d'autres facteurs. 20% du poulet consommé égorgé dans des tueries clandestines Il y a lieu d'ajouter, aussi, la conscience du boucher qui, souvent, confond la viande fraîche importée avec la locale en les vendant au même prix. Par ailleurs, la crise recensée dans les pays d'Asie, bloqués à cause de l'apparition de la maladie de la fièvre aphteuse, a perturbé le marché mondial de la volaille. Plus de 250 millions de volailles ont été éliminés. Les pays asiatiques à l'instar de la Thaïlande et la Chine, réputés pour être de gros exportateurs de volaille, se sont remis à en importer eux aussi. Ce qui a créé une forte demande, voire une tension sur le marché international qui s'est par conséquent répercutée sur l'Algérie. Mais, les observateurs insistent que les prix pratiqués actuellement sont raisonnables. Le prix du kilogramme du poulet avoisinait les 320 DA durant le mois de sacré de l'année 2004. Pour cette année, il est fixé à 220 DA. Le marché national est, cependant, frappé par le profusion de tueries clandestines de volaille. Ces endroits représentent un danger permanent pour les consommateurs puisque plus de 20% des 200 000 tonnes de volaille consommées annuellement échappent au contrôle des vétérinaires et des agents de la Direction du commerce. Badreddine K.