Outre les interventions classiques, les éléments de la Protection civile assurent durant le mois de ramadhan, un travail de surveillance et de proximité dans le cadre du double dispositif spécial saison estivale qui coïncide cette année avec le mois sacré. Le nombre des interventions menées durant la première semaine du mois de ramadhan reflète l'intensité de l'activité des soldats du feu. En effet, durant la première semaine du mois de ramadhan, les éléments de la Protection civile ont mené 1.640 interventions au niveau des différentes communes de la capitale, notamment dans les secours et les évacuations, soit une moyenne de plus de 270 interventions par jour, avec 930 effectuées durant la même période, liées au secours et à l'évacuation des malades et blessés. Sur tous les fronts Toutes les unités de la Protection civile sont mobilisées pour assistance, secours et évacuation des malades durant cette période sensible, notamment avec la hausse des températures. Durant la première semaine du mois de ramadhan, les pompiers de la capitale ont procédé à l'évacuation et secours de 578 patients, dont la plupart souffrent de maladies chroniques, et des personnes âgées. Les pompiers sont là pour le transport des malades sur des brancards, le ventre vide, mais ils accomplissent leur mission humaine avec sérieux et conviction, a-t-on constaté. Le plus grand nombre des interventions a été effectué par l'unité Khelifi, située au port d'Alger, avec 73 interventions en six jours. Durant la même période, les sapeurs-pompiers ont assuré 160 interventions dans 121 incendies, notamment aux Eucalyptus et Bab El Oued. De même pour les accidents de la circulation, où 250 interventions ont été enregistrées durant la première semaine du ramadhan dans 155 accidents faisant deux morts et 122 blessés. Selon le chargé de la communication à la direction de la Protection civile de la wilaya d'Alger, le capitaine Belkacem Sayedj, ces statistiques reflètent le volume de travail des sapeurs-pompiers mobilisés en permanence pour assurer une intervention rapide et efficace dans différentes activités. Mardi 15 juin. Lieu : unité principale de la Protection civile d'El Harrach. 9h pile : prise de garde. « Rassemblement », tonnent les haut-parleurs. En tenue, les pompiers sont alignés devant le lieutenant Kamel Madani, chef de l'unité principale d'El Harrach. Certains commencent la journée, d'autres la terminent. Les tâches sont réparties. Des pompiers bientôt en vélo aux Sablettes « Pour la majorité du personnel, ici, c'est 24 heures de garde, suivi de 48 heures de repos », explique le lieutenant Madani. « Notre travail consiste en la mobilisation permanente durant toute l'année. En ce mois de ramadhan, vu la spécificité de l'occasion, on a adapté le dispositif mis en place avec le renforcement de notre présence en moyens humains et matériels », a-t-il expliqué, tout en précisant que durant le mois de ramadhan, il est constaté une hausse des accidents de la circulation et des accidents domestiques. La Protection civile n'assure pas seulement les interventions de secours et d'évacuation, elle est présente lors de tous les événements, notamment ceux à caractère culturel durant le mois sacré. « Un dispositif consistant est mis en place aux Sablettes qui connaît un flux des familles à l'heure du f'tour et durant toute la soirée. Il a été également procédé à la mise en place d'un poste à l'intérieur de l'enceinte, avec la mobilisation des ambulances. » A l'occasion, le chef de l'unité principale d'El Harrach a annoncé que la Protection civile vient d'acquérir des bicyclettes pour permette aux pompiers d'accéder facilement en cas d'intervention. « C'est plus pratique. Le projet est en cours de concrétisation. Il s'inscrit dans le cadre de la modernisation initiée par le Direction générale de la Protection civile, le colonel Mustapha El Habiri, dont l'objectif est l'amélioration des prestations et du service public au profit des citoyens », a-t-il soutenu. La Protection civile a également déployé deux détachements de lutte contre les feux de forêt au niveau des forêts récréatives de Bainem et Bouchaoui. « Ce sont des détachements permanents. Il ne s'agit pas seulement d'un dispositif préventif contre les feux de forêt, mais de sécurisation également des familles nombreuses à venir y organiser le f'tour. On a constaté la présence de 13 familles à Bainem, ce qui nécessite la prise de mesures préventives », a-t-il ajouté. En outre, les soldats du feu sont fortement présents dans les plages. Ils sont instruits à redoubler vigilance et surveillance même durant le mois de ramadhan, car les plages sont prises d'assaut. Plus de 660 saisonniers et 30 plongeurs professionnels sont déployés au niveau de 67 plages autorisées à la baignade dans la capitale. « Les saisonniers ont été sélectionnés des quartiers proches des plages afin d'assurer une présence permanente », a fait savoir le capitaine Belkacem Sayedj. Depuis le début de la saison estivale jusqu'au 12 juin, les éléments de la Protection civile ont mené 73 interventions sur les plages autorisées à la baignade ayant abouti au sauvetage de 26 estivants alors que 29 ont été secourus et 18 autres évacués vers les structures hospitalières. Les plages de la capitale enregistrent un flux important durant le mois sacré marqué par une forte chaleur. Selon les chiffres de la Protection civile, ils étaient plus de 71.100 personnes à avoir fréquenté les plages en moins de deux semaines. pas repos pour les brigades d'intervention 11h, le célibatorium des sapeurs-pompiers au niveau de l'unité principale d'El Harrach est quasiment vide. Le lieu est propre et bien aménagé. Des pots de fleurs sont suspendus aux murs du pavillon réservé aux hommes. « ça permet à l'agent de déstresser après une journée de travail difficile », nous dit-on. Dans le pavillon femmes, ce sont les grands miroirs qui marquent le paysage. Le lieutenant Kamel Madani a expliqué que les agents de la Protection civile sont soumis au régime de travail posté, à savoir une garde 24 heures travail. Durant la journée du travail, l'agent de l'intervention ne risque pas de chômer, même en attente d'une intervention. « Les agents sont obligatoirement soumis à la formation continue. Des cours sont programmés quotidiennement au niveau des unités pour la mise à jour des connaissances », a expliqué, pour sa part, le chargé de la formation au niveau de l'unité principale des Bananiers, le capitaine Smaïl Makhloufi. Lors de notre visite inopinée à l'unité d'El Mohamadia, on a assisté à un cours sur les règles de base de sécurité sur l'autoroute que doivent respecter les agents de la Protection civile en cas d'accident de la circulation. « On insiste sur la sensibilisation de nos éléments sur ces règles, notamment durant la saison estivale et le mois sacré qui enregistrent une hausse des accidents de la circulation », a-t-il expliqué. Durant le cours, une sirène retentit de la caserne. Tout le monde se lève pour regagner la cour. « Il s'agit de la mise en place du dispositif spécial de la visite du ministre du Commerce à la Safex », a-t-on expliqué sur place. Pour sa part, le chef de l'unité principale d'El Harrach a souligné que les éléments de la Protection civile doivent mener quotidiennement au niveau de leur caserne, des exercices et des manœuvres pour renforcer leurs capacités. « Ces exercices sont impératifs pour se tenir à jour et garder les bons automatismes, car sinon, tout s'oublie. » Ainsi, le pompier doit être éveillé et mobilisé durant 24 heures. « Un agent d'intervention travaille 24 heures d'affiliée durant le mois de ramadhan », a-t-il expliqué. Chaque sirène a son code qui identifie la nature de l'intervention et le matériel adéquat. « Une sirène longue veut dire un incendie. C'est le chauffeur du camion anti-incendie qui doit tout de suite regagner son engin, de même pour l'ambulance », a-t-on expliqué. Il est midi passé quand les équipes motorisées rejoignent l'unité principale d'El Harrach après la fin du service de la matinée. La Direction de la Protection civile de la wilaya d'Alger est dotée de 16 motos équipées de moyens d'intervention. « Les pompiers motards mènent quotidiennement des tournées de reconnaissance des points noirs à partir de 8h du matin jusqu'à 12h et l'après-midi à partir de 13h jusqu'à 16h. On procède au balayage du territoire de Reghaïa jusqu'à Zéralda. On intervient en cas de nécessité, sinon on communique l'information à nos unités », a fait savoir le caporal Mourad Boukhenchoufa, un motard de la PC. La moto est équipée d'une radio, d'un brancard pliant et d'un anti-incendie au cas où un véhicule prend feu. « On procède aux premiers secours avant l'arrivée du renfort », a signalé l'agent Redouane Chentout. La Direction générale de la Protection civile (DGPC) a, en effet, décidé de relancer les brigades motorisées .Des pompiers ont été formés en la matière et ont participé aux différentes manœuvres de la PC présidées par le DGPC, le colonel Mustapha El Habiri afin de jauger leurs capacités. La PC a également procédé à la « féminisation » de ces équipes par la formation de femmes pompières « motards ». La création des brigades motorisées vise à améliorer les secours, notamment dans les lieux à accès difficile et pour assurer une intervention rapide. Pour cela, la DGPC va acquérir 150 motos. Actuellement, six unités motorisées pilotes sont opérationnelles dans la capitale. Les motards secouristes ont pour mission principale d'arriver au plus vite sur des interventions où la rapidité est le facteur principal de survie pour les victimes. Ils procèdent également à l'escorte des ambulances en cas d'embouteillage, a expliqué le chargé de la communication, le capitaine Belkacem Sayedj. être une femme pompière pendant le ramadhan L'effectif féminin dans la Protection civile a l'avantage de finir son service à 13h30 durant le mois de ramadhan, dans le cadre des facilitations accordées aux femmes dans le corps de la PC. Le sergent Chahra Helladj, de l'unité principale d'El Harrach, n'est pas comme « les autres ». Elle n'a pas bénéficié de cet « avantage », car elle est dans l'intervention. « J'assure le dispositif présidentiel. Je dois être mobilisée en permanence. On est informé lors de la planification des dispositifs mais on est confronté à des imprévus comme le décès de personnalités », a-t-elle expliqué. Chahra a mené plusieurs interventions mais la plus marquante dans son parcours est celle de l'évacuation d'une femme décédée lors de la célébration à Alger de la victoire de l'Equipe nationale à Oum Dormane. « C'était à quelques mètres de l'hôpital Mustapha-Pacha. On a trouvé une femme heurtée par un véhicule, couverte de journaux et tenant un paquet de gaufrettes dans sa main gauche, c'était terrible. » Pour elle, la mission de pompier ne reconnaît pas le sexe. « Je suis pompier au féminin et j'accomplis mes missions comme mes collègues hommes et durant le mois de ramadhan, nous vivons une ambiance familiale dans la caserne », s'est-elle félicitée. De même pour le sergent Nacerddine Letlat qui a mené des interventions lors de massacres collectifs de la décennie noire commis dans la capitale. « Aucune intervention ne ressemble à une autre. On fait face à des scènes horribles voire terribles mais ça nous forge. C'est un choix et on doit assumer pleinement notre mission. » Les éléments de la Protection civile assistent quotidiennement à des scènes horrifiantes, notamment lors des accidents de la circulation : des têtes coupées au volant, des enfants déchiquetés par des camions sur la route... Dans ce sens, le chef de l'unité principale d'El Harrach a fait savoir qu'il y a un suivi psychologique des éléments lors des débriefings. La mission des sapeurs-pompiers est confrontée également à des difficultés certaines. « On ne respecte pas l'ambulance jaune », ont déploré des ambulanciers de la PC. « On ne cède pas le passage à l'ambulance de la Protection civile même au niveau de la bande d'urgence alors qu'on est prioritaire. On active vainement les signaux sonores et lumineux. Il faut une prise de conscience parce qu'il s'agit de vies humaines et de malades à évacuer », a regretté Menasria, conducteur d'une ambulance à l'unité de la PC d'El Mohamadia. La chorba de la caserne Les pompiers d'intervention rompent le jeûne à la caserne, loin de leur famille. Un menu consistant est préparé chaque jour par des cuisiniers pompiers. Au menu de cette journée de mardi, soupe (chorba), frites, salade et tadjine zitoune, avec bananes au dessert et du couscous au raisin sec avec du lait pour le s'hour. Les pompiers essayent de mettre de l'ambiance jusqu'à la fin de leur service. « Parfois, des pompiers d'intervention donnent un coup de main aux cuisiniers pour préparer la chorba. Elle est plus délicieuse que celle de la maison », assure un ambulancier. Après le s'hour, les pompiers sont appelés à vérifier et contrôler leur matériel. Ils regagnent leurs chambres jusqu'à ce que la sirène retentisse... Les soldats du feu vivent au rythme de l'imprévu, un risque d'accident de la circulation, un accident domestique, un feu de forêt, un incendie dans un appartement à l'heure du f'tour. « Tout est possible. On est appelé à tout moment. Heureusement qu'on est mobilisé en ces moments. Nous sommes fiers de notre métier noble et humain et d'être à l'écoute du citoyen et la prise en charge de ses préoccupations. Quand le 14 sonne, il y a toujours quelqu'un qui décroche, ce qui fait notre force », ont rassuré les pompiers rencontrés qui avaient une petite pensée à leurs collègues du Sud, qui accomplissent leur mission dans des conditions climatiques difficiles mais restent mobilisés. « El Himaya » veut garder la réputation d'une institution de proximité par excellence.