Le référendum de demain au Royaume-Uni pour ou contre le Brexit s'annonce très serré. Dans tous les pays de l'Union, la tendance est au scepticisme. Quelle que soit l'option des Britanniques, certains pays, notamment les concepteurs et fondateurs de cette union, songent d'ores et déjà aux stratégies à mettre en place pour pallier certaines défaillances d'ordre économique et politique qui ne manqueront pas de survenir en cas de sortie de l'UE. De l'avis des observateurs, si les Britanniques optent pour une sortie, Berlin et Paris auront à répondre aux attentes des pays de l'Union. « La tentation du statu quo et de l'immobilisme serait un suicide politique, le référendum au Royaume-Uni pouvant donner des idées à d'autres pays faute de nouvel élan », a mis en garde l'Institut Montaigne en France. Le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a promis dans le quotidien Le Monde que son pays « sera à l'initiative » pour « éviter la contamination du Brexit et relancer immédiatement la dynamique d'un projet positif pour l'Europe ». Il a évoqué en particulier un budget, un parlement et un commissaire pour la zone euro. Pour les Allemands, l'enthousiasme est bien moins palpable. Selon le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, il n'est pas possible de promouvoir davantage d'intégration. « Cela serait stupide, beaucoup demanderaient à juste titre si nous autres responsables politiques n'avons toujours pas compris le message des peuples de plus en plus eurosceptiques », a-t-il mis en garde. Une source gouvernementale allemande a affirmé sous couvert de l'anonymat que « de nombreux pays ont très peur de ce sujet en ce moment car ils n'ont pas de soutien pour ces idées dans l'opinion ». « Les Allemands ont peur de se retrouver en tête à tête avec une France affaiblie », résume Dominique Moïsi, de l'Institut français des relations internationales (Ifri), « il n'y a pas de consensus sur la politique à adopter le jour d'après ». « Il n'y a pas de plan sur ce que l'Allemagne va faire car le gouvernement est divisé sur la stratégie post-Brexit », analyse le quotidien conservateur Die Welt. En conséquence, c'est davantage en direction d'initiatives limitées dans les domaines régaliens plus consensuels de la sécurité et de la défense que se concentrent les réflexions, selon plusieurs sources. « On va beaucoup parler défense européenne dans les prochains mois », confie une source gouvernementale française. « Il y a un consensus assez large sur le fait qu'on peut faire plus dans le domaine de la politique extérieure et de sécurité commune européenne », confirme la source allemande. « Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, quant à lui, a jugé qu'un approfondissement de l'intégration « risque d'ajouter à la confusion ».