« Matoub Yella Yella Mazal Yella ». C'est ce slogan qui revient à chaque commémoration de son assassinat survenu le 25 juin 1998. Cette année, Matoub a eu droit un hommage à la dimension du chanteur et de son œuvre. Ils étaient des milliers de fans et de militants de la cause amazigh à effectuer le traditionnel pèlerinage pour se recueillir sur sa tombe à Taourit Moussa à Beni-Douala après une halte à Tala-Bounan, lieu de son assassinat, où une minute de silence a été observée. Dix-huit longues années après sa disparition tragique, Lounès Matoub reste toujours vivant dans le cœur de ces centaines de milliers de fans qui continuent à l'évoquer avec la même tristesse mais surtout avec la même passion. Cette année, le tombeau érigé à l'entrée de la demeure familiale au village de Taourirt Moussa, a été pris d'assaut par des fans de différents âges et sexes venus de toutes les wilayas du pays. Ils sont venus se recueillir mais aussi prendre part au programme de festivités commémoratives concocté par la fondation Lounès Matoub, la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou ainsi que le mouvement associatif. Ainsi, la direction de la culture de Tizi Ouzou a organisé une exposition sous le thème « l'homme et l'œuvre », parallèlement à un programme artistique de proximité à travers plusieurs localités de la wilaya, en collaboration avec le mouvement associatif. La fondation Lounès Matoub a, de son côté, arrêté un programme qui s'étalera jusqu'à la fin du mois en cours, notamment des chants liturgiques interprétés par des femmes et poètes du village, un cycle de conférences ainsi que le dépôt de gerbes de fleurs à Tala-Bounan, des prises de parole des membres de la fondation devant la tombe et la demeure du chanteur assassiné et en soirée, une rencontre citoyenne avec, entre autres, des chants et des témoignages sur la vie et l'œuvre du chantre de l'amazighité. Il est aussi prévu un concours artistique avec la participation d'artistes en herbe venus chanter les œuvres de Lounès Matoub. La directrice de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, Nabila Goumeziane, a, dans un communiqué rendu public la veille de cet anniversaire, rendu hommage « à l'homme qui a œuvré toute sa vie pour la culture amazigh et la consécration de l'identité algérienne ». « L'éloquence de sa poésie, la profondeur de ses textes, l'authenticité de ses airs musicaux typiques, témoignent de la grandeur et de l'immensité de l'artiste », y lit-on. Elle indiquera que Matoub a été « un compositeur et un créateur hors pair qui a marqué sa génération et restera un modèle de son temps », « s'était beaucoup investi dans la chanson engagée et avait excellé dans l'interprétation de tous les sujets qu'il a traités, ceux relatifs au vécu social, à l'amour, la douleur et l'affliction. Il a introduit sa touche personnelle dans la chanson kabyle en particulier et algérienne en général ». La directrice de la culture a également rappelé que la richesse du lexique de Matoub « est tirée du patrimoine ancestral et du terroir populaire auquel il s'attache énormément et duquel il s'inspire », ajoutant qu'il « lui est reconnu sa perfection inégalée, que ce soit dans le texte ou la musique, ce qui témoigne de la grandeur de l'artiste et l'ingéniosité de l'homme ».