Tarek Lazizi, ancien joueur du MCA, est de ceux qui profitent pleinement du mois sacré. Même après avoir pris sa retraite, il respire toujours le sport et le foot. Il recommande d'ailleurs de pratiquer une activité physique même à jeun. Comment se présente le Ramadhan pour vous ? Dieu merci je le vis dans une grande harmonie avec ma petite famille. La journée est consacrée au travail et la soirée aux prières surérogatoires. Ensuite, on se permet entre amis des parties de dominos. Le Ramadhan de cette année se présente bien. Mes veillées se passent avec les membres de ma famille, notamment. Effectivement, le rythme quotidien est un peu chamboulé, car on ne se lève pas tôt comme d'habitude. Durant ma carrière footballistique, j'ai été contraint de jouer des matches durant le mois sacré. Ce fut difficile mais possible. Après avoir arrêté de jouer, je donne la priorité maintenant à ma famille. Certes, le jeûne est fatiguant du fait de supporter la soif en des journées très chaudes, mais malgré cela, on doit l'exploiter et le vivre pleinement en respect à notre religion. Le Ramadhan procure beaucoup de bien sur le plan santé également. On doit éviter de s'emporter inutilement. C'est l'occasion de se ressaisir et de réviser certaines choses. Pour fuir le vacarme, je me calfeutre à la maison, loin des agressions externes susceptibles d'influencer mon jeûne. Je ne sors que rarement pour faire des achats. Les journées sont longues, alors on doit s'organiser en vue de ne pas s'ennuyer. Sur le plan culinaire, je ne suis pas exigeant, mais les enfants le sont. A partir de 18h ou 19h, je commence à rôder autour de la cuisine pour voir ce qui se prépare. Les senteurs des plats nous jouent des tours avant la rupture du jeûne. On s'impatiente de ce fait durant les quelques minutes qui précédent le moment du f'tour. Je mange pratiquement tout ce que prépare ma conjointe, en mettant l'accent sur les sauces, appelé communément « taghmas ». En somme, je dois dire que chacun vit à sa manière son Ramadhan à condition d'éviter le gaspillage et la violence verbale. C'est un mois béni durant lequel on doit prier davantage en implorant notre créateur, afin qu'Il nous protège des mauvais jours. Certaines personnes mangent avec les yeux. Elles préparent de nombreux plats qu'elles ne consomment pas. C'est là le drame. J'essaye d'aider un peu mon épouse en lui faisant parfois la vaisselle. Je le fais de bon cœur, car conscient qu'elle se fatigue trop à l'extérieur et à l'intérieur de la maison. C'est une autre manière de faire du sport. L'entraide et la solidarité doivent commencer dans le noyau familial. En tant que sportif, vous devez avoir une hygiène de vie un peu différente ? Oui, bien sûr. J'évite au maximum la limonade et le pain. Il ne faut pas boire de l'eau au milieu des repas pour ne pas avoir de ballonnements. Je suis contre la consommation des jus faits à base de citron vendus durant ce mois. Il faut favoriser les salades, les soupes, les grillades et éviter également de consommer des quantités importantes de boissons et d'eau juste après la rupture du jeûne. Le Ramadhan est censé être bénéfique pour la santé et non le contraire. Par le passé, je mangeais rapidement, en rajoutant de la mayonnaise, de la « hrissa ». Aujourd'hui, je ne succombe plus à ce genre de gourmandises. En tant que père de famille, je me force d'orienter mes enfants vers les bonnes pratiques. Je ne cesse de les rappeler à l'ordre, car ils ont des goûts très différents. Leur maman trouve du mal à satisfaire leurs caprices. Je les oblige à consommer les légumes surtout. Vous pratiquez toujours du sport durant ce mois sacré ? Je fais du footing pour préserver ma santé. Une heure avant le f'tour, on joue des matches entre amis. Les compétitions me manquent énormément. J'ai déjà joué des matches durant le mois sacré. Je cite la coupe d'Afrique de 1996 organisée à Johannesburg et qui avait coïncidé avec le mois sacré. L'équipe nationale avait tenu une réunion pour décider si les joueurs devaient rompre le jeûne. Le ministère des Affaires religieuses de l'époque avait même diffusé une fetwa, selon laquelle on avait le droit de ne pas faire le carême en raison des conditions climatiques très rudes. On était en quart de finale contre l'Afrique du Sud. Certains ont appliqué la fetwa et d'autres non. Personnellement, j'avais rompu le jeûne pour être plus performant que Dieu me pardonne. N'empêche, j'ai joué pas mal de matches en jeûnant et cela n'a influé en rien sur mon rendement. Aujourd'hui, toutes les conditions sont réunies et le constat laisse à désirer. Le Ramadhan d'antan nous manque vraiment. C'était un moment de retrouvailles familiales. Les gens échangeaient des visites quotidiennement dans une ambiance très conviviale. Quelqu'un qui a faim peut accéder à n'importe quelle demeure pour se nourrir. Peut être que ces traditions sont toujours de mise hors wilaya, mais ici, dans la capitale, tout tend à disparaître. Avant, je vivais dans une famille de dix membres. A table, la gaieté ne manquait jamais. Aujourd'hui, chacun a fondé un foyer et l'individualisme a pris place, malheureusement. Les conditions de vie ont également changé. C'est ce qui a grandement influé sur la vie familiale.