«Je ne suis pas amateur de chorba. Je préfère le riz et les pâtes» «Allez voir le film Carnaval fi dechra et vous saurez tout sur notre football» Comment se déroule le Ramadhan hors du pays ? Dans d'excellentes conditions, car j'ai l'habitude de passer le Ramadhan hors du pays. Il y a des choses qui manquent bien sûr, mais du moment que je suis avec ma petite famille, cela n'a que très peu d'importance. Cela fait combien d'années que vous passez le Ramadhan hors du pays ? 30 ans. Je me suis exilé en étant très jeune. C'est mon destin et Dieu en a voulu ainsi. Cela commence à peser sérieusement. Supportez-vous assez bien le jeûne ? Très bien même. Il faut dire que j'ai l'habitude de jeûner en dehors du mois du Ramadhan. Ceci fait que je supporte assez facilement le jeûne. Calme ou nerveux ? Très calme et cela quelles que soient les circonstances. J'ai le même comportement durant toute l'année. Actif ou fainéant ? Fainéant ? Sûrement pas. Seulement durant le mois de Ramadhan, je manque de sommeil. Il faut dire que je me lève pour la prière d'El Fedjr. Je me rendors pour ensuite me réveiller quelques heures plus tard pour le boulot. Vous est-il arrivé de vous disputer durant le mois de Ramadhan ? J'ai jeuné au Bahreïn, aux Emirats, au Liban et en France. Je peux vous dire que voir les gens hypernerveux au mois de Ramadhan est typiquement algérien. C'est pour cela que cette habitude doit être bannie. Vous n'avez pas répondu à notre question... Le mois de Ramadhan est celui du pardon et de la tolérance. Etant un bon musulman, je ne me dispute pas au cours de ce mois sacré et même durant les autres mois. Qu'est-ce qui vous manque le plus au cours du mois de Ramadhan ? Je suis un grand amateur de café au lait et cela me manque. Il y a aussi les entraînements et les exercices physiques. J'essaie de faire du footing de temps en temps, après les prières des tarawihs. Vous arrive-t-il d'être nostalgique ? Absolument. Je rêve de faire un tour à El Harrach, le quartier de mon enfance et de ma jeunesse. J'aimerais faire un tour du côté du Parc des sports. Discuter avec mes amis, tels que Hafidh Derradji et Lounici, me manque énormément. A quel âge avez-vous commencé à jeûner ? Je ne me rappelle pas avec précision. De toutes les façons, j'étais très jeune. Ceci est une habitude chez nous les Algériens. Y a-t-il un rituel dans votre famille pour la première journée de jeûne d'un enfant ? Je suis le seul garçon de la famille et j'ai six sœurs. Cela veut tout dire et vous comprendrez que mes parents cédaient au moindre de mes caprices. Ma première journée de jeûne fut une journée où j'étais tout simplement le roi. Vous est-il arrivé de rompre le jeûne avant l'appel de l'Adhan ? A plusieurs reprises, dans mon enfance. Pourriez-vous nous relater une anecdote bien précise à ce sujet ? Comme tous les enfants, je faisais carême durant une demi-journée. Et du temps où vous étiez en Equipe nationale ? Tous les joueurs avaient ordre de ne pas jeûner et cela, quel que soit le caractère de la compétition. Nous n'observions pas le jeûne, que ce soit pour un seul match ou pour un tournoi de longue durée, à l'image des Jeux Olympiques ou de la Coupe du monde, comme celle de 1986 au Mexique. Est-ce que cela s'est fait après une fetwa ? Absolument. Un des chouyoukhs de l'époque a fait une fetwa dans ce sens. Au Mexique, la chaleur était insupportable avec un taux d'humidité très élevé. Il était pratiquement impossible de jouer une Coupe du monde en étant à jeun. Cela aurait mis notre santé en danger. Dès le retour à Alger, nous avons rattrapé nos journées de jeûne endettées. Tout cela a finalement été bien accepté par l'opinion publique, n'est-ce pas ? L'opinion publique n'avait ni à accepter ni à refuser. Il y a eu une fetwa d'un imam qui avait autorité en la matière. D'un autre côté, le choix à faire est simple. Soit on respecte scrupuleusement les préceptes de la religion, et dans ce cas on hypothèque sa carrière, soit on fait confiance à une fetwa et on sauvegarde son gagne-pain. Vous arrive-t-il de faire les marchés ? En France, c'est mon épouse qui fait les courses. Personnellement, je ne supporte pas la foule. En Algérie, quel est votre marché préféré ? Il n'y a aucun doute à ce sujet. J'adore flâner dans les marchés d'El Harrach, mon quartier. Qu'est-ce qui vous plaît dans ce genre de marché ? Les fruits qui y sont exposés. Il y a de véritables spécialistes dans ce domaine à El Harrach. Quel est votre plat préféré ? Sans hésiter, les spaghettis et tous les plats à base de riz. Durant le mois de Ramadhan, c'est plutôt la chorba et le bourek que les gens préfèrent... Ce n'est pas le cas pour moi. Je ne suis pas très amateur de chorba. Il est certain que vous appréciez les plats de votre épouse ? Sans commentaire. Ils sont tout simplement savoureux. Vous arrive-t-il de rôder dans la cuisine ? Oh non, cela me serait insupportable ! J'évite au maximum de m'approcher de la cuisine. Hamoud ou Coca ? Hamoud Boualem est ma boisson préférée et heureusement qu'on la trouve facilement ici à Marseille. Avec qui aimeriez-vous vous retrouver à table ? Avec ma femme et mes enfants. Rien ne vaut cette ambiance. Zlabia ou kalb ellouz ? Kalb ellouz, et celui de la maison. Mon épouse est une véritable spécialiste en la matière. Thé ou café ? Ni l'un ni l'autre. Plutôt lait au chocolat. L'ben ou raïeb ? Raïeb avec du couscous au raisin sec. Viande de veau ou d'agneau ? Surtout d'agneau. Où se trouve Mahmoud juste avant l'appel de l'Adhan ? A table, à attendre le moment de la rupture du jeûne. J'ai aussi une mission bien précise à accomplir. Laquelle ? Empêcher mes enfants de se chamailler à table et croyez-moi, c'est du travail. Rancunier ou tolérant ? Le mois sacré est celui de la tolérance et je suis très tolérant. Je suis à chaque fois très heureux d'entamer le jeûne. Figurez-vous que j'ai envoyé près de 500 SMS pour souhaiter un bon Ramadhan à des personnes que je connais. Je n'en ai pas reçu... (Rires.) Vous le recevrez le jour de l'Aïd. Etes-vous prêt à vous réconcilier avec une personne avec laquelle vous êtes en conflit ? Sans aucun problème. Il ne faut pas qu'il y ait de la haine et de la rancune entre les musulmans. Envisagez-vous d'effectuer une Omra au mois de Ramadhan ? Pas pour le moment. J'ai effectué une Omra avec l'Equipe nationale en 1984. Celle-ci n'était pas programmée. Quels sont les actes de bienfaisance que vous effectuez ? J'œuvre pour donner la meilleure image possible de l'Islam et du musulman à travers le monde. Comment cela ? Les gens savent que je suis quelqu'un qui ne supporte pas l'hypocrisie et tous les écarts concernant la religion. J'essaie du mieux que je peux intervenir et montrer le droit chemin aux personnes, disons, égarées. Un de vos points faibles... C'est la première fois que je l'avoue. Je ne supporte plus passer le mois de Ramadhan loin de mon pays. A chaque fois que j'entends l'Adhan, mes pensées vont vers mon cher pays. Je pense qu'on ne ressent pas beaucoup le dépaysement à Martigues... Martigues est proche de Marseille et il est vrai qu'il y a beaucoup de ressemblance avec Alger. La communauté algérienne est très importante dans cette région de la France mais cela ne m'empêche pas d'avoir le mal du pays. Il n'y a qu'à faire un saut à Alger... Je serai à Alger le 15 août prochain pour les derniers jours de Ramadhan et passer les fêtes de l'Aïd. Cela me permettra de faire un tour du côté du Palais des sports. A qui sont destinées vos prédications au moment de la prière ? A mon père qui est souffrant à El Harrach. Il est âgé de 97 ans. Je prie aussi pour que les musulmans vivent en paix partout dans le monde. Quel est votre programme télé préféré ? Pour le moment, les Jeux oOlympiques. Il y a bien sûr l'actualité et surtout les événements qui se déroulent en Syrie. Et votre artiste favori ? Othmane Ariouet. Je lui passe le bonjour à l'occasion. Etes-vous d'accord si je vous disais que vous vous ressemblez ? Ariouet est mis de côté par la télé et vous pour ce qui est du poste d'entraîneur... (Rires) Nous avons un autre point commun, c'est que nous marchons la tête haute. Autre chose, Othmane Ariouet est un homme d'une grande culture qui n'accepte pas n'importe quel rôle. Un jour, un ami tunisien m'a demandé des nouvelles de notre football. Je lui ai recommandé de voir le film Carnaval fi dechra pour tout connaître sur notre football. Et si vous rencontrez le président Bouteflika... Je lui demanderai pour quelle raison nous sommes obligés de passer le mois de Ramadhan hors de notre pays. Que pensez-vous des gens qui jettent des sachets poubelles à travers les fenêtres ? C'est un comportement inadmissible. Il faut verbaliser comme cela se fait dans tous les pays du monde. Et de ceux qui abusent de la vitesse au volant ? C'est de la pure inconscience. La répression doit être sans merci car il y va de la sécurité des citoyens. Etes-vous assidu concernant vos obligations religieuses ? Je suis très pointilleux à ce sujet. J'effectue toutes mes prières, y compris celles des Tarawihs à la mosquée. Je consacre beaucoup de temps à la lecture du Saint Coran. Il vous reste 5 minutes à vivre... Je prie sans arrêt. Mahmoud Guendouz, saha f'tourek. Saha f'tourkoum et bon Ramadhan à tous les musulmans. Nous ne devons pas oublier que ce mois sacré est celui de la tolérance, du pardon et l'occasion de penser aux nécessiteux et aux démunis