Photo : Slimene S.A. Finalement, plus de peur que de mal au parc national d'El-Kala (PNEK). Le lac Oubeira, un grand lac d'eau douce de 2200 ha, n'a pas été touché par les huiles de vidange découvertes, mardi dernier, dans Oued Bouhchida.Ces produits nocifs ont été récupérés avec de simples moyens de bord par les agents du PNEK. C'est ce que nous avons constaté, de visu, lors de notre déplacement dans la région d'El-Kala. M. Moncef Bendjedid, en sa qualité de directeur de ce parc, n'a pas caché sa déception par rapport à ce qui s'est produit dans le site qui représente 50% de la superficie des parc nationaux. « Ce qui s'est produit dans le canal de Bouhchida est un acte criminel, mais fort heureusement le lac Oubeira n'a pas été touché par ces huiles nocives ». Quant à la source de cette « catastrophe écologique », M. Bendjedid refuse d'incriminer qui que ce soit, indiquant, toutefois, que « le parc national d'El-Kala a déposé une plainte contre X au niveau des services de la Gendarmerie nationale ». De leur cîoté, les riverains de ce deuxième plus grand lac de la région ont mis à l'index des « transporteurs de voyageurs qui viennent vidanger et laver leurs véhicules au abords du lac ». D'autres estiment qu'à l'origine de cette pollution, une station de lavage-graissage située dans la commune de Aïn El Assel qui déverse ses eaux usées dans le réseau d'assainissement. Les faits remontent à mardi dernier. Après avoir découvert les dégâts, le premier responsable du PNEK a pris attache avec la direction de l'environnement de la wilaya et la direction de la protection civile. Ce « trio de choc » pour la préservation de l'environnement a pris les mesures nécessaires pour endiguer cette pollution, et ce en procédant au nettoyage du site. « Le premier réflexe était de demander le camion aspirateur de SEATA, une entreprise spécialisée dans l'assainissement », a indiqué M. Bendjedid. « Au bout de presque une journée, cet engin a absorbé la plus grande partie de la flaque d'huile de vidange concentrée au niveau du pont-vanne dont le cours d'eau a été volontairement bloqué », a-t-il précisé. LA QUANTITE DES HUILES DEVERSEE INCONNUE Interrogé sur la quantité des huiles déversées dans l'Oued Bouhchida, notre interlocuteur a indiqué que « la quantité n'a pas encore été déterminée, mais on peut dire qu'elle aurait pu causer une véritable catastrophe écologique ». Concernant les conséquences, selon ce responsable, cette pollution a causé la mort de poissons et d'oiseaux vivant dans le lac tout en apportant un démenti catégorique à ce qui a été rapporté çà et là, parlant de la mort d'une importante quantité de poissons ainsi que d'oiseaux d'eau et d'autres volatiles.Sur les lieux, une équipe d'une dizaine d'agents du parc, conduite par M. Haou Faouizi, chargé du dossier zone humide au niveau du PNEK. Seau à la main, ces agents travaillent d'arrache pied pour dépolluer l'Oued Bouhchida des résidus des huiles de vidange. Nous avons constaté également deux petits barrages flottants« conçus en coordination avec les éléments de la protection civile » à l'aide de perches qui filtrent l'oued à deux reprises, les deux rives du cours d'eau. « C'est la méthode utilisée même dans les pays développés », a indiqué le responsable de l'opération du sauvetage du lac Oubeira. Aux alentours du lac, une vingtaine de pêcheurs tendent leurs cannes et quelques poissons sont dans leurs paniers. « Les huiles versées à travers les réseaux d'assainissement n'ont pas atteint Oubeira », nous dit un pêcheur. « La situation en bas (en dehors du lac) était effroyable », ajoute son copain. Plus loin, au centre du lac, l'on peut apercevoir des canards avec leurs petits et d'autres oiseaux. « Ne vous approchez pas davantage, les crabes pourront vous piquer », dira un pêcheur. «LA REMISE EN ETAT INITIAL NECESSITE ENCORE DEUX JOURS» M. Haou revient sur les raisons de la non-pollution du lac Oubeira. « Les huiles ont été découvertes dans l'Oued Bouhchida distant de quelque trente mètres du lac, en plus de ça, c'est le lac qui verse dans l'oued et pas le contraire, pour déboucher par la suite dans le pont-vanne avant de mourir dans la mer ». Aucune tache noire n'a été constatée du côté du lac qui s'étend sur une superficie de 2 200 ha (site Ramsar). Les protecteurs du lac utilisent également des matelas de paille, ce qui permet l'absorption des résidus des taches d'huiles restantes. « La remise en état initial nécessite encore deux jours », nous indique M Haou. La défaillance ou l'acte criminel pousse le directeur du parc national d'El-Kala à parler de la sensibilisation du point de vue protection de la nature. « Il n'existe nulle part dans la wilaya et probablement en Algérie même, un endroit aussi parfaitement protégé pour le détruire aujourd'hui », a-t-il déclaré et d'ajouter que « la protection de l'environnement est l'affaire de tous ». En cas de autre catastrophe de ce genre, le parc national va-t-il continuer à lutter avec les moyens de bord ? A cette question, M. Bendjedid évoque un plan d'action et d'aménagement des zones humides du parc. C'est une étude qui sera finalisée dans les quatre mois à venir.« Toutes les questions portant sur la sauvegarde et la sécurité des 1 403 espèces de la flore et 840 pour la faune, dont 195 espèces d'oiseaux, seront examinées », conclut M. Bendjedid.