L'association culturelle « Tagmats Nath Djennad » de Fréha a honoré dans la soirée de dimanche dernier le chanteur-compositeur Kamel Hammadi. Lors de la cérémonie, les responsables de l'association en présence d'élus, à leur tête le P/APC de Fréha, ont récompensé également les lauréats de l'examen de fin du cycle primaire. Huit écoles sur les douze que compte la commune ont obtenu 100% d'admis au BEM. L'hommage à l'artiste s'est déroulé devant une foule nombreuse massée en plein air sur les hauteurs de la ville. « C'est un bonheur que d'être honoré par les citoyens de Fréha et d'Ath Djennad. Je me sens chez moi, même si je suis né au pied du Djurdjura. La région a enfanté de nombreux artistes », a-t-il déclaré ému par la chaleur de l'accueil. L'hôte de Fréha a été surtout heureux de se retrouver au milieu de la jeunesse, dans une ambiance conviviale. Parlant de la chanson qui lui a été dédiée par la jeune chanteuse Nouara qui avait animé le gala de la soirée, il dira qu'elle ne fut pas uniquement composée pour cette circonstance. « Je l'avais écrite pour le Festival du film amazigh en hommage à Abderrahmane Bouguermouh de son vivant. » Pour lui, « elle est dédiée à tous les artistes qui veulent être reconnus et honorés de leur vivant ». Evoquant le statut de l'artiste d'aujourd'hui, il estimera qu'hier, aujourd'hui et demain, il y a des bons et des moins bons. « Le Conseil national des arts et des lettres fait son travail, mais jusqu'à maintenant il n'y a rien de clair. » Kamel Hammadi déplore surtout le fait que l'on continue à faire barrage à la création et à l'innovation. « Le jeune d'aujourd'hui a du mal à se frayer un chemin. La chanson est un circuit fermé. Beaucoup de jeunes veulent s'exprimer mais on ne le leur offre pas la possibilité, pendant que l'on retrouve les mêmes qui tournent dans toutes les manifestations artistiques. » Abordant la question du piratage qui démotive de nombreux artistes, notre interlocuteur reconnaît qu'il est difficile de produire un CD qui coûte de l'argent et qui s'avère peu rentable. Il ne manquera pas de déplorer le mercantilisme qui a pris le dessus sur la création. « L'éditeur est avant tout un commerçant, à qui il importe de gagner de l'argent. On se contente de faire des reprises avec des arrangements musicaux adaptés à l'heure actuelle. Face à cela, la radio et la télévision doivent jouer leur rôle et mettre en exergue la création », fait-il remarquer. S'agissant d'un éventuel retour sur scène, l'artiste est catégorique. « Elle ne m'intéresse plus. Je me consacre désormais à l'écriture de textes et de compositions de musique pour des jeunes talents. Je n'ai jamais fermé la porte surtout si je découvre un jeune talent ayant la volonté d'aller de l'avant », nous a-t-il confié. Il a, par ailleurs, déploré le manque de moyens pour concrétiser les projets artistiques. « Nous avons de grands talents pour réaliser une comédie musicale, enregistrer des produits mais nous ne disposons pas de lieu pour le faire. C'est aussi le drame de nos créateurs. » Il conseille néanmoins aux jeunes de ne pas se décourager.