Du nouveau pour Mohamed Cherchell. L'homme de théâtre est en train d'écrire un texte théâtral. « Ma bqatch hadra » (Il ne demeure point de parole), « une création qui s'inscrit dans le genre absurde », nous a-t-il confié en exclusivité, dimanche dernier. « Le texte est écrit dans le dialectal pour mieux s'adresser au large public », explique l'artiste qui demeure un amoureux du verbe, sans être nullement contre l'introduction de la langue classique ou de toute autre langue dans le domaine du théâtre. Seulement, il avoue avoir une préférence pour la langue qui touche le plus large public et reflète ses préoccupations. L'histoire de son texte gravite autour de l'impact de la parole notamment lorsqu'on la perd. Mohamed Cherchell n'en dira pas plus, concentré actuellement sur la rédaction. Il préfère mettre toute son énergie pour aboutir à un texte complet. Pour lui, « le plus difficile demeure l'écriture. On s'occupera ensuite de la distribution, de la mise en scène et d'autres détails ». « Je m'engage pour réaliser un texte purement algérien. Je pense que c'est un défi et un risque majeur. A vrai dire, ils ne sont pas nombreux ceux qui ont écrit un texte absurde, un genre moins prisé que le réalisme », ajoute-t-il. Evoquant la distribution, il dira qu'il « envisage de sélectionner des comédiens performants, surtout que la pièce est dépourvue de paroles. Elle est très physique. J'y mêle la comédie, chant et danse ». Mohamed Cherchell a toujours été influencé par le dramaturge et écrivain roumain Eugène Ionesco. Il partage sa vision dans l'expérience théâtrale. Pour Eugène Ionesco, « un spectacle de théâtre est autant visuel qu'auditif. Il n'est pas une suite d'images, comme le cinéma, mais une construction, une architecture mouvante d'images scéniques. Il est non seulement permis, mais recommandé de faire jouer les accessoires, faire vivre les objets, animer les décors, concrétiser les symboles ». Mohamed Cherchell semble aussi préoccupé par les lieux de répétition. « Il est important d'évoluer dans un espace qui répond aux attentes des créateurs », estime t-il. « Je garde un mauvais souvenir de mon dernier spectacle El Haïcha, donné en 2015. J'ai eu des difficultés à évoluer au TNA, un espace non favorable à la création. Je préfère réaliser ce travail dans d'autres théâtres comme ceux de Tizi Ouzou ou Bejaïa », ajoute-t-il. Assez connues, les œuvres de Mohamed Cherchell sont des réussites. Quelques-unes ont séduit amateurs et professionnels : « Les physiciens », adaptée d'une histoire du Suisse Friedrich Durrunmett, « El Haïcha », adaptée du « Rhinocéros » d'Ionesco ou encore dans la poésie lyrique intitulée « L'amoureux de Aouicha et El Harraz », aux côtés de la réalisatrice Fouzia Aït El Hadj et du compositeur Mohamed Boulifa.