La générale de la pièce théâtrale L'amoureux de Aouicha et l'Harraz de la dramaturge Fouzia Aït El Hadj, a été étrennée, jeudi soir, au Théâtre national algérien devant un parterre d'invités. Produite par le Théâtre régional de Tizi Ouzou, et entrant dans la cadre de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe », la pièce L'amoureux de Aouicha et l'Harraz est une fresque s'articulant autour de tableaux multiples où le patrimoine maghrébin occupe une place de choix. Après la création Nouba Fi El Andalous, Fouzia Aït El-Hadj récidive en abordant un des pans de la culture algérienne. En effet, dans une brillante chorégraphie où « fourmillent » une pléiade de comédiens, Alger, dans les années d'antan, est revisitée avec en prime ses us, ses traditions, ses costumes et... ses histoires. Le rideau se lève pour laisser entrevoir au loin un décor pittoresque, emprunté des anciennes rues de La Casbah d'Alger avec ses venelles, ses balcons, ses balustrades et puis... ses habitants. Ces derniers sont tourmentés depuis qu'ils ont appris la venue d'un sage (El Harraz) qui tentera d'élucider les maux et les maladies des uns et des autres. Durant deux heures que durera la pièce, ce personnage sage et perspicace aura des missions parfois difficiles mais qui aboutiront à des fins heureuses, et ce, au grand bonheur de la petite communauté unie. Le tout baignant dans une ambiance musicale où les « quassidate » sont fredonnées à loisir. Pour Fouzia Aït El-Hadj, l'ensemble des « quasidate » a bercé des générations d'amoureux du melhoun, un précieux patrimoine de sa féerique poésie, la richesse de ses mots illustrés par des images et des métaphores. « Un monument de culture et d'identité maghrébine. C'est une valeur culturelle et identitaire propre à nous et... bien de chez nous. » Mieux encore, face à la mondialisation et à l'amnésie menaçant ce legs, et en hommage aux poètes disparus, que la dramaturge a voulu immortaliser des moments révolus à jamais. Ecrit par le dramaturge Mohamed Cherchell, le texte de la pièce en question est tiré du célèbre poème El Harraz du poète marocain Cheikh El-Mekki Ben El-Qorchi. Cet élogieux poème a également été interprété par des chanteurs de renom, tels Abdelkrim Dali et du regretté maître du chaâbi, El Hadj El Hachemi Guerrouabi. Cette imposante pièce théâtrale, qui se laisse apprécier comme une comédie musicale, a réuni un trio composé de Fouzia Aït El-Hadj, du dramaturge Mohamed Cherchell et du compositeur Mohamed Boulifa qui a déjà collaboré avec la réalisatrice dans Nouba à El Andalous et Houb Wa djounoune fi zmen el-mahboub. Concernant le procédé de la langue utilisée, Mohamed Cherchell souligne avoir pris une grande liberté, sans s'écarter toutefois de l'âme du poème en utilisant dans les dialogues une langue tirée du melhoun. Dans L'amoureux de Aouicha et l'Harraz foisonnent des souvenirs indélébiles et de délicieuses compositions musicales, mais dommage que certains dialogues soient émaillés de quelques lourdeurs au niveau des textes.