Le Maroc a compris, trois décennies après, que sa sortie de l'Union africaine l'isolait grandement et était contreproductive. Mais, comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, la volonté du royaume chérifien de réintégrer le giron africain est, en soi, un aveu d'échec de la stratégie visant à faire pression sur les dirigeants du continent en vue de les amener à soutenir sa colonisation du Sahara occidental. Une quête perdue d'avance, puisqu'elle remet en cause les principes fondateurs de l'Union africaine concernant le droit des peuples à l'autodétermination et à l'indépendance. Le continent africain, qui a payé un lourd tribut pour son indépendance, accueille la RASD en tant que pays membre à part entière, en vertu des statuts fondateurs de cet ensemble régional. Le Maroc est sorti de cet ensemble de son plein gré. S'il veut y retourner, ce sera sans conditions. C'est au Maroc de se soumettre aux textes fondateurs et statuts de l'Union africaine. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l'a bien rappelé, en soulignant que « le retrait du Front Polisario de l'Union africaine est impossible. Le Maroc est le bienvenu dans cette organisation mais sans conditions préalables ». Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a abondé dans le même sens. « Le Maroc doit se soumettre au pacte constitutif de l'Union africaine s'il souhaite intégrer cette organisation », avant d'ajouter que « le Maroc ne peut imposer ses conditions » et de préciser que « la RASD est un membre fondateur de l'organisation et l'intégration de l'UA obéit à des mesures bien précises auxquelles le Maroc doit se soumettre ». Le ministre chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, a affirmé, quant à lui, qu'« un pays ne peut pas demander son adhésion à l'UA avec des conditions ». La montée au créneau des trois responsables algériens constitue à la fois une mise au point à ceux qui ont vite cru que le retour du Maroc au sein de l'Union africaine allait enterrer la cause sahraouie, mais aussi un rappel à l'ordre à certains dirigeants africains qui pourraient être tentés de renier leurs engagements. Pour avoir mené une révolution qui est entrée dans l'histoire, et pour avoir soutenu les peuples en lutte pour leur indépendance, notamment en Afrique, l'Algérie reste fidèle à ses principes. C'est ce qui fait sa grandeur.