La capitale bavaroise toute affaire cessante (interruption des transports, fermeture de la gare centrale, les habitants invités à rester chez eux), reprend peu à peu son cours normal. Quatre jours après l'attaque à la hache commise par un jeune Afghan et revendiquée par le groupe terroriste Daech, l'Allemagne est sous le choc. « Cela nous a atteints. Les Munichois ont longtemps pensé qu'ils étaient tranquilles. La peur a grandi après chaque attaque à Paris, Istanbul ou Bruxelles (...) Depuis vendredi, il est clair qu'il ne peut y avoir de sécurité nulle part, pas même dans la ville la plus sûre d'Allemagne », écrit le journal local Abendzeitung. L'heure est à la vigilance. A quelque 150 km de Wurzbourg où a été commise la première attaque du train, le célèbre festival d'opéra de Bayreuth, dédié à l'œuvre de Richard Wagner, s'ouvrira demain dans un contexte sécuritaire tendu et une ambiance délétère. En raison officiellement d'un calendrier trop chargé, la chancelière allemande Angela Merkel ne sera toutefois pas présente cette année. Elle se consacre au suivi de la question sécuritaire. Jusque-là épargnée par la déferlante terroriste qui s'est abattue sur la Belgique et la France, touchée trois fois en 18 mois par des attentats sanglants, Berlin veut comprendre les motivations « totalement non élucidées » de l'auteur de la fusillade, selon le chef de la police de Munich, Hubertus Andrä. Les zones d'ombre persistent. La police a conclu au suicide. Mais, blessé par balles par une patrouille de police, son corps n'a été découvert, dans la soirée du drame, qu'à environ un kilomètre plus loin. Ensuite, que sont devenus les 3 trois assaillants évoqués par des témoins ? Une piste erronée, assure-t-on. La piste de l'acte isolé, perpétré par un « forcené » souffrant, selon le procureur, « d'une forme de dépression » et inconnu des services de sécurité est donc privilégiée par la police allemande qui a abandonné « l'acte terroriste » un moment évoqué. « Pas la moindre relation avec Daech », a précisé le chef de la police munichoise. Et, comme pour mieux exhumer les démons de Daech, le responsable de la police a établi un lien « évident » entre la fusillade de Munich et le massacre de 77 personnes commis, cinq ans, jour pour jour, par le tueur extrémiste norvégien Anders Behring Breivik. Hier, à l'aube, les forces de l'ordre ont effectué une perquisition dans un appartement d'un immeuble au nord du centre-ville. La police n'a pas voulu confirmer qu'il s'agissait du domicile du tueur. Le scénario du pire qui a rattrapé Nice, désormais acquise à une attaque terroriste murement planifiée par le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel et ses 5 complices, est écarté par Berlin. Et si l'Europe, fragilisée par le Brexit de la fin de l'idéal unitaire, s'enlisait dans une nouvelle guerre terroriste sur son sol ?