L'Algérien en mal de lieux de loisirs et de détente, l'été venu, a toujours la mer pour destination. Un réflexe qui a la peau dure et qui revient presque fatalement lors des grandes vacances, même lorsque en espaces de villégiature, il a la montagne pour prendre de la hauteur et la campagne pour s'oxygéner, en s'entourant de verdure pour changer de la morosité du béton dans lequel il s'enlise le reste de l'année. Et pourtant, pas mieux que ces haltes salvatrices à plus d'un titre pour se reposer et reprendre des forces, épuisé qu'il est de ses onze mois de travail routinier, de stress et de préoccupations inévitables à éluder, tant elles collent au corps et au cœ ur... De Tikjda, à Yakourène, en passant par Chréa, il n'y a vraiment pas photo avec les bruits que la proximité de la mer enregistre à travers les rushs quotidiens des estivants de tout le territoire national qui convergent vers la bleue pour s'abreuver d'eau et de soleil. Entre un plongeon et un plongeon, il y a un plongeon souvent en eaux... troubles, surtout avec les aoûtiens qui se disputent un monceau de sable pas toujours remué pour en effacer les restes des mauvais vacanciers que le civisme ne connaît pas... Ah ! Il y a aussi la bronzette, bête, recto-verso pour pouvoir griller plus et pour davantage de couleur, ou parfois encore un tour en jet-ski ou en pédalo pour une sensation de large... Alors, à la mer, on se bouscule du corps pour s'offrir une place au soleil. L'Algérie qui a certes un beau et long littoral, dont on ne cesse de s'enorgueillir béatement, car sans en exploiter à bon escient les atouts, même si l'on crie de plus en plus de cap sur le tourisme, est mieux lotie que la plus belle des femmes qui ne peut donner que ce qu'elle a. L'Algérie offre mille et un visages en toute saison. Et l'été, la montagne se fait plus belle et la campagne plus attirante. Les odeurs et les parfums sont autres, les couleurs plus diverses et l'accueil toujours plus généreux. En cette fin juillet, un détour par Chréa étonne. Désertique car désertée. Par méconnaissance, par manque d'information, par mégarde ? On ne sait trop. Tout le long des 19 km qui séparent Blida de ce mont de l'Atlas blidéen, verdoyant à satiété, la sécurité se fait certaine. Les éléments de la gendarmerie veillent au grain et participent à l'accueil des Algériens friands de vertige, de sensations fortes et d'espaces verts. Ils sourient devant l'étonnement de ces visiteurs impromptus quant à l'absence de touristes... La réponse est chez ces cavaliers qui tournent en rond à dos de cheval en attendant un chimérique passager pour lui offrir une balade, ou encore chez ces restaurateurs qui, les bras croisés, espèrent un client qui n'est pas près d'arriver... Tout autour, la forêt est plus verte que jamais. Sans un regard pour en savourer l'immensité naturelle, sans un Algérien pour profiter de sa générosité... Ainsi en est-il !