La question de la participation des sportifs russes doit être tranchée rapidement, et en tout cas avant l'ouverture des Jeux vendredi. Le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, a indiqué lundi qu'il attendait même une réponse avant mardi. « J'espère qu'aujourd'hui ou demain, toutes les formalités permettant à notre équipe (de concourir à Rio) seront remplies », a affirmé M. Moutko à Paris, selon des propos cités par l'agence russe Ria-Novosti. La décision finale revient à un panel de trois membres nommés par le Comité international olympique (CIO). Ce trio est chargé d'éplucher et éventuellement d'amender les listes de sportifs russes proposées par les fédérations internationales de chaque sport. Les trois membres de ce panel ne retiendront pas ceux déjà écartés pour dopage ou soupçon de dopage. Leur attention se concentre sur les sportifs retenus par chaque fédération internationale, investie comme « sélectionneur » le 24 juillet. Difficulté supplémentaire : ce sont désormais trente sportifs russes qui ont saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS) à titre individuel ou collectif pour contester leur exclusion des Jeux. Lundi soir, dix-huit Russes supplémentaires, issus du canoë kayak (1) et de l'aviron (17), ont saisi le tribunal, rejoignant les « pionniers » ; trois nageurs (Vladimir Morozov, Nikita Lobintsev et Ioulia Efimova) et un lutteur (Viktor Lebedev). La Fédération russe d'haltérophilie a elle fait appel de sa suspension par « sa » Fédération internationale (IWF) ; sanction qui prive les 8 leveurs de fonte russes des JO. Un système de dopage méprisable Le temps presse, alors que le scandale du dopage dans le sport russe a éclaté il y a presque neuf mois, début novembre 2015, avec la mise au jour d'un système de triche organisée dans l'athlétisme. Thomas Bach, le président du CIO, avait rejeté dimanche toute responsabilité dans la lenteur des procédures, renvoyant à la publication tardive le 18 juillet du rapport McLaren par l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui, en pointant un dopage d'Etat a déclenché les procédures ». Les conclusions du rapport McLaren sont très graves, en particulier au sujet de ce système de dopage qui aurait été orchestré par le ministère des Sports russe », a insisté Thomas Bach, président du CIO lundi soir, en ouverture de la Session de l'institution ». « Si cela est prouvé, un système de dopage méprisable à ce point serait une attaque sans précédent à l'intégrité du sport et des jeux Olympiques », a-t-il poursuivi. Le temps manque aussi cruellement aux organisateurs. Les athlètes du monde entier débarquent à Rio, alors que le Village olympique laisse à désirer. Lors de son inauguration le 24 juillet, des problèmes de finition touchaient la moitié de ses 31 immeubles (de la fuite d'eau aux toilettes bouchées par des blocs de béton), désormais tous résorbés après le recours en urgence à quelque 630 plombiers... Bref, les organisateurs jouent sans filet. Y compris pour certaines installations. Dans le Parc olympique, on donne les derniers coups de peinture et on livre les derniers équipements. La principale interrogation tourne autour du Vélodrome, qui n'a été livré que fin juin. Ce qui a empêché l'organisation d'une véritable épreuve « test » avant le début des compétitions, prévu le 11 août. Un défi Cette précipitation de dernière minute a également accompagné la construction de la nouvelle ligne de métro vers le Parc olympique inaugurée samedi. Elle est entrée (partiellement) en service lundi. Faute d'essais grandeur nature, elle ne transportera pour l'instant que les membres de la « famille olympique » (spectateurs et accrédités). La ligne de métro passe à proximité de Guanabara, la baie qui accueillera les épreuves de voile, sous le regard du Christ Rédempteur. Voilà pour la carte postale. Lors de sa désignation comme ville-hôte en 2009, Rio avait promis que les eaux de la Baie seraient traitées à 80%. Sept ans plus tard, les égouts de la ville se déversent toujours dans la Baie. Malgré la présence de bateaux collecteurs et de filets de protection, toutes sortes de détritus virevoltent au gré des courants. Et les dernières analyses n'ont montré aucune amélioration de la qualité des eaux, contaminées par des bactéries. « Ce fut un long et éprouvant voyage pour arriver là où nous en sommes », a tempéré Thomas Bach lundi soir devant les membres du CIO. « Il n'est pas exagéré de dire que les Brésiliens sont passés à travers des périodes particulières. La crise politique et économique dans le pays est sans précédent », a dit Thomas Bach. « Cela va sans dire que cette situation a constitué un défi dans la préparation finales des Jeux ».