Pouvez-vous vous présenter ? Je suis présidente du conseil scientifique de la faculté de langue et lettres arabes au centre universitaire de Tipasa. On m'a toujours sollicitée pour la qualité de ma voix et on m'a proposé une émission à la station de télévision d'Oran. J'ai dû renoncer à cette passion en raison du refus catégorique de mon père. Quel bilan faites-vous de la situation du théâtre pour enfants en Algérie ? Malgré les efforts fournis sous la tutelle des ministères de l'Education et de la Culture, le théâtre pour enfants en Algérie occupe la troisième place au Maghreb. Un constat que j'ai fait dans ma thèse de doctorat intitulée « Poéticité de la scène dans le théâtre pour enfants maghrébins ». Lors de participations nombreuses au festival du théâtre pour enfants à Khenchela, j'ai eu à constater l'absence d'une stratégie des spécialistes et psychologues qui prennent en considération les loisirs, les émotions, etc. Le commissaire du festival fait appel à des professionnels pour le colloque scientifique, la constitution du jury ou pour encadrer des ateliers. Vous avez déclaré en 2012, lors du festival du théâtre amazigh, que les origines de notre théâtre sont amazighs. Quelle est la base d'une telle affirmation ? J'avais déclaré que le théâtre amazigh fait partie de notre identité, en prenant en considération la recherche du docteur Tameur Anoual et d'autres comme Djamel Noui de Batna. Ils ont prouvé que le théâtre amazigh avait des racines numides et romaines qui se sont entremêlées bien avant la genèse du théâtre arabe. Vous avez été juré de plusieurs festivals. Quelles sont vos impressions ? Il y a d'abord le refus de la critique dans la société et dans le domaine artistique. Les gens interprètent mal les résultats des jurys. Vous avez plaidé avec plusieurs praticiens du 4e art, lors d'une session de formation au profit des journalistes, pour l'implication de l'université dans le renouveau théâtral... J'ai participé en 2011, lors de « Tlemcen, capitale de la culture islamique », et en 2016 « Constantine, capitale de la culture arabe » à des sessions présidées par Noual Brahim. C'est une bonne initiative qu'on doit encourager. Elle permet d'impliquer des théoriciens, des chercheurs universitaires, des journalistes expérimentés, et des praticiens comme les metteurs en scène et les comédiens. Une autre session au profit des étudiants a été animée du 10 au 19 juillet à la cité universitaire de Tipasa par le représentant des activités culturelles universitaires au niveau des ministère de l'Enseignement supérieure et de la Recherche scientifique, Smaïl Inzaren. Elle a permis des échanges entre les étudiants des différentes régions. Où en êtes-vous avec vos projets d'écriture ? Il s'agit de l'écriture de quelques pièces théâtrales et de scénarios pour enfants et jeunes. J'ai en chantier des livres de critique théâtrale concernant des femmes et des hommes de théâtre et la traduction de la pièce de Noureddine Abba « L'aube à Jérusalem ». Quel rapport faites-vous entre pratique et critique théâtrales ? On ne peut pas pratiquer la critique théâtrale sans être impliqué dans la pratique dramatique avec toutes les professions du spectacle scénique (interprétation, mise en scène, scénographie et chorégraphie, etc). Cela s'ajoute au bagage théorique relatif aux méthodologies modernes de la critique.Le critique de théâtre doit être un dramaturge. Des projets ? L'intégration du théâtre à l'école me tient à cœur pour concrétiser un projet des Emirats arabes dont je suis experte depuis 2014. Notre stratégie consiste à rédiger un guide de théâtralisation du système de l'éducation pour les handicapés.