Un riche programme de trois jours a été concocté par le comité du village. Un programme à la hauteur du personnage. Les festivités ont débuté par une exposition de livres et de produits artisanaux locaux, suivie du dépôt d'une gerbe de fleurs au pied de la stèle de Ali Laïmèche. Avant que des amis, des compagnons de lutte et membres de la famille du défunt se succèdent pour apporter leurs témoignages sur ce que fut l'homme et le militant. Une prise de parole suivie de chants patriotiques exécutés par la chorale « Tigheramt » de Makouda. Ce beau monde a constitué une caravane pour un pèlerinage à Ath Zellal, lieu du décès de Ali Laïmèche. En parallèle, il a été lancé un concours pour enfants de moins de 15 ans sur la thématique « Raconte-moi Laïmèche Ali », la réalisation d'une fresque murale et le lancement de l'atelier « Arts plastiques pour enfants ». Au retour de ce pèlerinage, l'assistance a eu droit à la projection d'un film documentaire sur la guerre d'Algérie à la bibliothèque communale. Dans l'après-midi, deux conférences portant sur « Le parcours de Laïmèche Ali » et « Le courant indépendantiste et algérianiste », animées respectivement par Hand Sadi et Younès Adli. Vendredi matin, un semi-marathon a été organisé avec comme itinéraire Thala n'Zaouche-Tizi Rached-Centre alors que dans l'après-midi, une pièce théâtrale produite par le théâtre régional Kateb-Yacine a été jouée à la bibliothèque communale. Les amateurs du ballon rond et des arts martiaux ont, eux aussi, eu droit à deux matches de football, ayant mis aux prises l'équipe de Chéraioua (des jeunes de moins de 17 ans) et celle d'Ath Zellal, pour le premier, et les vétérans de l'OTR pour le second, et une exhibition de différents arts martiaux. Enfin, pour aujourd'hui, il est prévu le dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe de Ali Laïmèche suivi de la remise de cadeaux aux lauréats de la commune aux examens de 5e, du BEM et du bac. Ce programme sera clôturé par un gala artistique animé par le chanteur Ali Ideflawen. Epousant la cause nationale, Ali Laïmèche débuta sa lutte politique à l'âge de 17 ans en adhérant au PPA (Parti du peuple algérien), un parti prônant l'indépendance du pays. Il était doué d'une intelligence exceptionnelle, de grandes capacités d'organisation et du sens de l'honneur. Des qualités qu'il a mis au service de la cause nationale. En 1942, alors qu'il était lycéen, il était à la tête du groupe communément appelé « Groupe berbéro-nationaliste algérien », un cercle d'intellectuels composé principalement d'Amar Ould Hamouda, Omar Oussedik, Hocine Aït-Ahmed, Saïd Chibane, Sadek Hadjrès, Mohand Idir Aït-Amrane, Mbarek Aït-Menguellet et Ahmed Kroun. En relation étroite avec Bennaï Ouali, chef de liaison avec la Kabylie déjà en insurrection, il ne cessait d'œuvrer pour faire valoir l'authenticité de l'histoire algérienne, voire nord-africaine, ainsi que la reconnaissance de la culture et de la langue amazighs par le mouvement national. Il fera de l'identité un préalable à la réussite de la révolution. Il scellera l'amazighité comme fondement de son credo de lutte à travers son concept de l'Algérie algérienne. Tout le long de son intense combat qui n'aura hélas duré que 4 ans, il réussira à mettre en adéquation parfaite la préparation de la lutte armée, par le biais du lancement du scoutisme à Tizi Rached, et une « conscientisation » politique des jeunes et des moins jeunes combattants par le truchement de chants révolutionnaires (Kker à mmis u Mazigh, Ssalam ay idurar n tmurt-nnegh, Ay ilmezyen kkret fell-awen, A yemma, Mmi-s, Ghur-i yiwen Umeddakwel, Nebwid tafat s wudem, Nekwnis yelmezyen n Lezzayer...). Laïmèche décède le 6 août 1946 à Ath Zellal. Pour certains, suite à un empoisonnement par l'eau d'une source qu'il aurait bue, pour d'autres de la typhoïde. Une mort qui reste à élucider. Il laissera derrière lui un projet politique inachevé qui sera repris par ses compagnons et bien plus tard par Agraw Imazighen (Académie berbère).