Le poulet coûte non seulement plus cher, mais risque aussi de se faire rare. C'est ce que présume le président du Conseil interprofessionnel de la filière avicole, Moumen Kelli. Contacté hier par nos soins, il a fait observer que si les pouvoirs publics n'interviennent pas rapidement, les aviculteurs seront dans l'obligation de stopper la production. Celle-ci a déjà diminué de 50%, a précisé notre interlocuteur. Les aviculteurs, qui exercent encore, riquent de mettre la clé sous le paillasson, « pas pour le plaisir de changer d'activité mais par contrainte », a fait remarquer Kelli, indiquant que la situation des aviculteurs est alarmante et interpelle le ministère de tutelle pour prendre les mesures nécessaires. Le responsable a demandé audience au ministre de l'Agriculture. « La situation est grave. Elle va de mal en pis. Nous avons demandé audience pour le dimanche ou le lundi, et nous espérons avoir une réponse favorable », a-t-il mentionné, ajoutant qu'il est impératif de se réunir pour trouver des solutions aux problèmes auxquels sont confrontés les aviculteurs. La filière est endifficulté, a-t-il déploré, ajoutant que la production enregistre une baisse importante. Un fait qui explique la flambée des prix. En effet, les prix ont pratiquement triplé en l'espace seulement de 15 jours, passant de 160 à 380 DA le kilogramme. Dans certains endroits de la capitale, le poulet est proposé à 400 DA/kg. L'œuf de consommation est également plus onéreux passant de 200 à 320 DA la plaquette de 30 unités contre une moyenne de 130 à 140 DA durant la même période de l'année 2015. Cette tendance haussière se maintiendra les jours à venir, a indiqué le même interlocuteur. A ce rythme de production avec des volumes de plus en plus en baisse, l'impact sera inéluctablement ressenti en matière de disponibilité du produit. Et par conséquent, les prix seront plus élevés. « L'offre aujourd'hui ne répond pas à la demande qui est en augmentation constante, particulièrement en cette période estivale », a-t-il affirmé, avançant que cette situation poussera les autorités à importer pour pouvoir couvrir les besoins du marché national. Il ajoutera que les aviculteurs ont tiré la sonnette d'alarme. Selon lui, ces derniers souffrent principalement de deux problèmes. Il s'agit en premier lieu de l'ampleur de l'épidémie enregistrée cette année. « Les pertes sont considérables », a-t-il dit, avant d'informer que plusieurs maladies ravagent le cheptel, notamment au niveau des wilayas de Bordj Bou Arréridj, Sétif, Mascara et Oran. Le deuxième problème à l'origine de la baisse de la production a trait au manque d'investissement. Selon Kelli, la majorité des aviculteurs ont arrêté la mise en place du poussin chair et du poussin ponte suite à l'augmentation des prix des aliments. Le prix du maïs est passé de 2.300 à 2.800 DA le quintal alors que celui du soja a grimpé de 4.900 à 6.900 DA le quintal. « C'est inabordable », a déploré le président du Conseil interprofessionnel de la filière avicole. L'Apoce insiste sur la régulation du marché Le président de l'Association de protection des consommateurs et de l'environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, a insisté, pour sa part, sur la nécessité de réguler le marché. Il propose ainsi au gouvernement d'acheter l'excédent de la production à des prix subventionnés et de réaliser des stocks. Une solution qui va être bénéfique non seulement pour le consommateur, dans la mesure où le produit sera disponible en permanence, mais aussi pour le producteur. « Ce dernier n'aura plus à produire à perte », a-t-il dit, tout en mettant l'accent sur la nécessité de mettre de l'ordre dans la filière, déplorant que plus de 80% des éleveurs exercent dans l'informel. Pour ce qui est de la flambée des prix, l'Apoce estime que cet état de fait était « prévisible » eu égard à la régression de la production.