« Nous sommes sur leurs traces », a estimé le colonel américain Chris Garver, porte-parole de la coalition, basée à Bagdad, lors d'une vidéoconférence. La traque des 100 à 200 combattants de Daech, contraints d'utiliser des bombes humaines, se renforce autour de la ville stratégique de Minbej (nord), libérée le 6 août par les forces arabo-kurdes soutenues par Washington. La fin de Daech est inéluctable. Elle prescrit un changement de cap qui laisse à penser que la défaite syrienne impose pour le moment le repli tactique au Nord. Mais le sanctuaire turc a basculé à la faveur de l'engagement d'Ankara, sévèrement confronté au péril terroriste et à la série d'attentats à la bombe, et, surtout au rapprochement avec le nouveau partenaire russe. Moscou est passé à la vitesse supérieure dans la stratégie de démantèlement des bases logistiques et militaires de l'organisation terroriste. L'alliance stratégique avec l'Iran se renforce. « La coopération entre Téhéran et Moscou dans la lutte contre le terrorisme en Syrie est stratégique et nous échangeons des capacités et des potentialités dans ce domaine », a indiqué le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran, Ali Shamkhani, selon la chaîne de télévision locale Press TV. Pour la première fois, la base aérienne de Hamedan a servi aux raids aériens des avions de combat russes. « Le 16 août, des bombardiers à longue portée Tu-22M3 et des bombardiers Su-34, portant des bombes et partis de la base aérienne Hamedan, ont mené des frappes aériennes contre des cibles de Daech et de Jabhat Fath al-Sham dans les provinces syriennes d'Alep, Dayr al-Zawr et Idlib », a confirmé mardi dernier le ministère de la Défense russe, peu avant la déclaration du responsable iranien Shamkhani prêt à fournir des conseils militaires aux pays victimes du terrorisme, y compris la Syrie. L'engagement irano-russe a été cautionné par la coalition internationale qui a été informée du décollage des bombardiers russes depuis l'Iran. « Ils nous ont informés qu'ils allaient traverser (une zone sous contrôle de la coalition) et nous avons fait en sorte de nous assurer de la sécurité des vols quand leurs bombardiers sont passés à travers la zone en se dirigeant vers leurs cibles, et quand ils sont rentrés. Cela n'a pas eu d'impact sur les opérations menées dans le même temps par la coalition, ni en Irak ni en Syrie », a précisé le colonel Garver. Un compromis a été en effet trouvé entre la Russie et la coalition internationale, désireuses toutes les deux de prévenir tout incident et les risques de confrontation. L'étau se referme donc sur Daech au bout du rouleau. L'assaut donné par l'armée syrienne contre les camps d'entraînement au sud-ouest d'Alep, établis sur le territoire d'une école militaire des Forces aériennes, conforte une avancée stratégique. Des sources concordantes syriennes et russes évaluent entre 30 et 50% des sites du ministère de la Défense libérés et passant aux mains de l'armée syrienne. Terrassé en Syrie et chassé de Syrte, Daech vit probablement ses dernières heures. Un reflux aux frontières maghrébines ? Le scénario du pire pèse sur la stabilité régionale et de l'ensemble méditerranéen en proie à la crise des migrants et de la menace terroriste à quelques encablures des capitales européennes.