Dans la préface de ce livre, on peut lire la contribution du journaliste Adel Fathi : « L'ouvrage de Si Saphar n'est pas seulement un récit, mais un vrai travail de recherche qui réunit des statistiques et des archives qui constituent des clefs essentielles pour comprendre l'intensité et la complexité de la mission que les malgaches (les membres du ministère de l'Armement et des Liaisons générales, MALG, créé en 1960 par Abdelhafid Boussouf), ont eu à accomplir. » Il enchaîne : « C'est, en somme, un document précieux pour les chercheurs et les historiens. » L'ouvrage comprend trois volets, à savoir « La genèse », « Des figures marquantes » et « L'histoire revisitée ». Dans le premier chapitre, Abderrahmane Berrouane raconte, dans un style bref, captivant et moderne, son enfance, sa scolarité et puis l'éveil politique et son engagement dans les rangs de l'ALN. Il évoquera, également, des personnalités marquantes, notamment Abdelhafid Boussouf, qui a été, selon l'auteur, « incontestablement le grand architecte des services spéciaux de l'ALN ». A lui seul, il incarne toute l'histoire de ces services qu'il a créés et dirigés d'une main de maître. Il citera d'autres personnalités, entre autres Saddar Senoussi (Si Moussa), Bouzid Abdelkader (Aboulfeth), Abderrahmane Laghouati (Laroussi), Messaoud Zeghar (Rachd Casa), Mohamed Rouaï (Hadj Barigou ou Tewfik), Mostefa Benaouda (Ammar), Benali Dghine (colonel Lotfi). Dans le deuxième chapitre, Abderrahmane Berrouane revisite l'histoire de l'Algérie à travers trois parties : « La promotion tapis rouge, du mythe à la réalité », « L'Intox érigée en système » et en dernier « A bâtons rompus ». Abderrahmane Berrouane dira : « Des décennies après la fin de la guerre, l'historiographie française n'arrive pas encore à se départir de ses vieux réflexes de désinformation visant à intoxiquer l'opinion publique et, du coup, à tenter de se venger de l'histoire. C'est le constat que l'on fait chaque jour où la majorité des historiens français sont, le plus souvent, frappés de cécité intellectuelle et incapables d'objectivité. » Quant au dernier chapitre, Abderrahmane Berrouane conclut en rendant un hommage à tous les responsables politiques et militaires, en particulier à Si Abdelhafid Boussouf, et à travers eux, à la Révolution et au peuple algériens, car le FLN-ALN a su démontrer à l'ennemi que l'Algérie combattante a été en mesure d'accéder, seule, par ses propres moyens et avec ses propres enfants à la maîtrise des techniques aussi hautes que complexes et à mettre en place les services spéciaux et techniques de l'ALN.
Un hommage « particulier » à l'histoire Ce livre n'a pas été écrit pour gagner un prix littéraire, mais simplement que l'auteur a voulu contribuer au rétablissement de la vérité, de la réalité des faits vécus par les moudjahidine qui ont participé par leurs activités à la création du MALG. En tout cas, le témoignage d'Abderrahmane Berrouane a pour objectif de « compléter, rectifier ou confirmer les récits des frères, encore peu nombreux, qui ont témoigné sur leur expérience personnelle au sein du MALG, depuis sa création jusqu'à l'indépendance. Ce travail de mémoire sur la Révolution algérienne, la 4e du siècle selon de nombreux observateurs, doit se concrétiser à tout prix pour l'avenir des générations montantes et pour l'histoire », souligne Berrouane. Dans ce livre de 315 pages, l'auteur expose, narre, interroge ou encore analyse la situation avec des personnages successifs, en une sorte de « fiction » qui fait enchaîner les dialogues et les événements. A travers cet ouvrage, Abderrahmane Berrouane rend un hommage particulier à l'histoire, l'histoire d'un combat pour une Algérie forte, fraternelle et indépendante, à travers son témoignage chronologique autour de la création des services de renseignements algériens dans la guerre des ondes et de l'information menée contre les Français. Par conséquent, il nous aide à mieux comprendre les ressorts du MALG. Cet ouvrage est un travail qui mérite d'être félicité, car l'auteur a utilisé un vocabulaire simple, consistant. Le lecteur sera inévitablement marqué par la merveilleuse photo couverture de ce livre. Il s'agit d'une photographie d'un groupe d'officiers au centre d'instruction de l'ALN à Keddani, au Maroc. On retrouve, accroupis au 2e plan, Abdelaziz Bouteflika, le commandant Si Nacer, le colonel Ali Kafi, le commandant Allahoum et le colonel Boumediène. Il faudrait aussi que cette louable initiative se poursuive par un autre ouvrage sur ce thème, car on est loin d'épuiser les connaissances, les actions et le savoir de cette organisation (MALG). Abderrahmane Berrouane est né à Relizane en 1929. En 1956, il rejoint la Wilaya V et en 1958, Boussouf le nomme à la tête de la direction de la vigilance et du contre-renseignement. En 1962, il est chargé de l'organisation d'agences d'Air Algérie en Europe. En 1971, il dirige l'Agence touristique algérienne, puis, en 1976, l'Organisme national des congrès et conférences. En 1978, il devient conseiller au ministère du Tourisme jusqu'à la retraite. Samira Sidhoum « Aux origines du MALG, témoignage d'un compagnon de Boussouf ». Editions Barzakh, 315 pages, prix public : 800 DA.