C'est dans la zone de Gargarate, séparant la Mauritanie du Sahara occidental et placée sous contrôle international, que l'occupant marocain confirme ses besoins est ses velléités expansionnistes particulièrement aiguisées autour de la ville convoitée, proche du port de pêche mauritanien de Nouadhibou. La stratégie de tension marocaine est une violation délibérée de l'accord du cessez-le-feu, vidé de toute substance, et une grave atteinte à l'intégrité et à la légitimité de l'Onu gravement perturbée dans son fonctionnement et la mission d'organisation du référendum. Outre les « pressions politiques », des syndicats représentant les membres de la composante civile et politique de la Minurso ont adressé une lettre au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, appelant au respect total des résolutions du Conseil de sécurité « pour l'heure toujours pas pleinement appliquées » et exigeant une « régularisation complète de l'environnement de travail dysfonctionnel actuel avec le retour de l'ensemble du personnel en conformité totale avec la résolution 2285 du Conseil de sécurité ». Aux abois et davantage fragilisé par le monumental échec de la manœuvre de réintégration dans l'Union africaine soumise aux critères légales d'adhésion, le Maroc multiplie à des fins de diversion les provocations. Au moment où la communauté internationale se mobilise pour favoriser le retour à la légalité, réaffirmée par le secrétaire d'Etat adjoint américain, Antony Blinken, réitérant l'appui des Etats-Unis à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, pour parvenir à « une solution juste, durable et mutuellement acceptable », Rabat lance un bras de fer contre son voisin mauritanien fondamentalement coupable d'un rapprochement avec le Front Polisario dont deux membres ont été reçus le 12 août par le président Mohamed Ould Abdelaziz. Dans sa volonté de privilégier l'apaisement, Nouakchott a démenti, par la voie du porte-parole du gouvernement, Mohamed Lamine Ould Cheïkh, l'existence de « quelconque problème entre les deux pays, que ce soit aux niveaux politique, militaire ou économique ». Mais, le dépassement de Gargarate porte des risques de dérapage et de déflagration régionale, traduit l'urgence du rétablissement de la Minurso dans la plénitude de sa mission légale. « Toute argumentation présentée par l'occupant marocain de ses agissements demeure infondée et sera rejetée », a martelé le président sahraoui Brahim Ghali, dans une lettre adressée à l'Onu. Il a indiqué que « les forces marocaines ont mobilisé des unités militaires, en violation de la zone en question, soutenues par des unités mobiles de transport et de génie, appuyées par une reconnaissance aérienne ». Légitimement, la protestation sahraouie a été adressée au chef du Bureau de la Minurso dans les camps des réfugiés, Yussef Djedyan, par le secrétaire d'Etat à la sécurité et à la documentation, Brahim Mohamed Mahmoud, pour l'exhorter à « assumer toutes ses responsabilités, dans une zone relevant de sa tutelle en attente de la décolonisation du Sahara occidental et veiller au respect de toutes les clauses de l'accord en vigueur du cessez-le-feu et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ». A quant la fin de l'impunité ?