Durant une course purement tactique, Makhloufi a su se positionner dès les premiers tours dans un peloton bien groupé. Ayant les yeux braqués sur les habituels concurrents comme le Kenyan Asbel Kiprop et le Marocain Abdelaâti Iguider, le poulain du Français Philippe Dupont a atteint la ligne d'arrivée avec 11/100 de plus que le champion olympique inattendu, l'Américain Matthew Centrowitz, et son chrono de 3 min, 50s et 00100. Makhloufi a devancé le Néo-Zélandais Nick Willis avec ses 3min, 50s et 24100. Un statut de vice-champion olympique amplement mérité pour l'athlète qui a eu l'audace de courir aussi dans le 800 mètres. Le fait de courir dans six courses de très haut niveau durant les olympiades et de ne pas partir les mains vides est un nouvel exploit pour l'Algérien. Après sa défaite durant les Mondiaux de Pékin en 2015, rares sont ceux qui s'attendaient à son grand retour. Makhloufi a su, cependant, comment redonner de l'élan à sa carrière. A 28 ans, il a pu se ressaisir et réapprendre à gagner des médailles olympiques. La déception se lisait sur son visage à la fin de la finale olympique, lui qui voulait offrir à l'Algérie sa première médaille d'or à Rio. Arracher une double médaille d'argent et permettre à la délégation algérienne d'intégrer est une nouvelle satisfaction pour un athlète donné pour fini par ses détracteurs. Fatigué après avoir eu peu de temps de récupération depuis la finale du 800 mètres, le triple médaillé olympique depuis 2012 a prouvé une nouvelle fois qu'il est un modèle de réussite et une icône du mouvement sportif algérien. En l'espace d'un an et demi, il a relevé la tête, travaillant dur. La défaite de Kiprop, un atout pour l'avenir Etant pour beaucoup dans la déconvenue du favori numéro un de la finale du 1500 mètres, le Kenyan Kiprop, Makhloufi a gagné un atout précieux en prévision des prochains championnats du monde. Trop confiant, le bourreau de l'Algérien durant les Mondiaux de Pékin en 2015 a payé les frais de son overdose de confiance, en se classant dans une peu reluisante 6e place. Une désillusion qui peut constituer la fin d'un athlète. L'échec du Kenyan a d'ailleurs permis à des outsiders de se faire une place dans la cour des grands. Une redistribution des cartes qui augure une prochaine saison pleine de bouleversements. Jusqu'à quand l'exception Makhloufi ? De 2012 à 2016, un cycle olympique est passé et le mouvement sportif algérien n'a pas pu produire des champions de la trempe de Taoufik Makhloufi. Ce dernier est resté pour la seconde fois l'arbre qui cache la forêt de la hantise. Hormis Bouraâda qui a été héroïque avec sa 5e place dans le décathlon, aucun athlète n'a pu se distinguer pour emboîter le pas à Makhloufi. Une nouvelle situation alarmante pour notre sport, qui doit être assainie. La préparation pour les JO 2020 de Tokyo a déjà été amorcée dans les autres pays. Allons-nous retenir enfin la leçon et mettre fin aux faux problèmes, à la préparation de dernière minute, à la bureaucratie et à la négligence des athlètes ? Réponse dans quatre ans dans la capitale du pays du Soleil Levant.