En pleine crise existentielle, notamment après le Brexit qui a donné lieu à de profonds bouleversements à l'échelle continentale, l'Union européenne est en quête d'une nouvelle stratégie pour sa survie. Le président du Conseil des ministres italien, Matteo Renzi, a accueilli hier à Naples la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, pour étudier les moyens à mettre en œuvre pour redynamiser la construction européenne. Trois thèmes sont inscrits à l'ordre du jour : la sécurité, l'économie et la jeunesse. Il faut « relancer l'Union européenne en partant du bas », a lancé dimanche dernier, lors d'un débat public, le président du Conseil italien. Ce mini-sommet intervient trois semaines avant un sommet européen extraordinaire prévu le 16 septembre à Bratislava et convoqué après le coup de tonnerre du Brexit. A vrai dire, le Brexit, et notamment ses conséquences sur l'avenir de l'Union européenne, sont à l'origine des concertations que mènent les pays membres de l'Union, particulièrement les dirigeants français, italien et allemand. Lors d'un précédent mini-sommet à Berlin, le 27 juin dernier, ils avaient appelé à une « nouvelle impulsion » pour l'Europe. La France et l'Italie ont plaidé pour une plus forte intégration européenne en matière de sécurité et de défense. « Ce sera une des leçons que nous aurons à tirer du Brexit, de l'impulsion que nous aurons à donner » à la construction européenne, avait ainsi déclaré le président français en juillet dernier à Lisbonne, première étape d'une mini-tournée européenne « post-Brexit » de François Hollande. Les dirigeants italiens ont défendu l'idée d'un « Schengen de la sécurité pour répondre au terrorisme ». Les ministres de la Défense Roberta Pinotti et des Affaires étrangères Paolo Gentiloni ont récemment préconisé la création d'une « force multinationale européenne » pour des missions spécifiques, sous com-mandement unique. Tout en suggérant un financement européen pour soutenir ces projets communs en matière militaire, la France souhaite aussi la mise en place rapide d'un corps européen de garde-frontières pour renforcer les frontières externes de l'UE. Au plan économique, le président français a déjà suggéré de doubler, d'ici à cinq ans, le plan Juncker (315 milliards d'euros de 2015 à 2018), dans les transports propres, la modernisation numérique ou la recherche. Renzi est favorable, de son côté, à utiliser une partie de ces financements pour favoriser la culture en Europe. Un élargissement du programme Erasmus d'échanges universitaires est également envisagé. Les dirigeants européens aspirent parvenir à l'édification d'une Europe comptable. L'Italie réclame, à l'instar de la France, davantage d'investissement et de flexibilité en matière de discipline budgétaire. La chancelière allemande se montre en revanche beaucoup plus circonspecte face à ces projets, notamment devant toute réponse « fédéraliste » à la crise ouverte par le Brexit.