Le gouvernement d'union nationale libyen a pris hier le contrôle du siège du ministère des Affaires étrangères, un pas supplémentaire pour asseoir son autorité dans ce pays livré aux milices et pouvoirs rivaux depuis des années. Les navires de guerre de l'Otan patrouilleraient dans trois mois au large de la Libye pour tenter de réduire le flux de migrants arrivant en Italie, a annoncé la ministre italienne de la Défense Roberta Pinotti dans une interview publiée hier. «Au niveau de l'Otan, nous avons demandé à ce que l'opération Active Endeavour soit transformée, d'une opération anti-terroriste en Méditerranée orientale, en une opération qui englobe les côtes libyennes», a déclaré Mme Pinotti lors d'une interview accordée au journal La Stampa. «Lors de notre récente réunion au Luxembourg, le secrétaire général (Jens) Stoltenberg m'a indiqué que cette proposition avait été bien accueillie», a-t-elle ajouté. La ministre dit s'attendre à ce que l'Alliance atlantique approuve ce plan lors du sommet de Varsovie du 7 juillet. Cette mission ferait partie d'un plan plus large concernant l'Italie et prévoyant de fermer la route maritime occidentale vers l'Europe et de renvoyer dans leur pays les migrants économiques. Questionnée sur son espoir d'un feu vert à Varsovie, Mme Pinotti a répondu: «Oui, certainement pour la coordination des missions en Méditerranée. Lors du sommet, la proposition devrait devenir une décision effective». L'opération Active Endeavour a été lancée en 2001 par l'Otan pour combattre les groupes terroristes en Méditerranée, par l'envoi de patrouilles maritimes. L'Otan mène déjà une opération navale en mer Egée pour combattre les réseaux de passeurs de migrants entre Turquie et Grèce. Mais une opération au large de la Libye serait plus compliquée et potentiellement dangereuse, vu l'instabilité du pays et la présence sur la côte de rebelles alliés au groupe terroriste Etat islamique (EI/Daesh). La situation libyenne devait être discutée hier au mini-sommet à Hanovre réunissant le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, ainsi que les chefs de gouvernement britannique et italien, David Cameron et Matteo Renzi. L'Italie s'apprête à commander une force de maintien de la paix soutenue par l'ONU en Libye, quand le gouvernement d'union aura obtenu suffisamment d'autorité pour solliciter l'aide internationale afin de stabiliser le pays. Dans ce contexte de restauration des institutions politiques, le gouvernement d'union nationale libyen a pris hier le contrôle du siège du ministère des Affaires étrangères, un pas supplémentaire pour asseoir son autorité dans ce pays livré aux milices et pouvoirs rivaux depuis des années. Mohamed Amari, ministre d'Etat du gouvernement d'union, a signé les documents administratifs au siège du ministère au nord de Tripoli, une mesure qui renforce le contrôle des nouvelles autorités sur les rouages de l'Etat. Depuis lundi dernier, le gouvernement d'union, représenté par M. Amari, a pris le contrôle des ministères des Transports, des Affaires sociales, de l'Habitat, de la Jeunesse et des Sports, et de la Gouvernance locale. «Les sièges des ministères des Wakfs (Biens religieux), du Plan, de l'Education et du Travail» seront transférés au cours de cette semaine, a précisé ce ministre. Le Conseil d'Etat libyen, la plus haute instance consultative issue de l'accord politique parrainé par l'ONU, a pris ses fonctions et tenu sa première réunion vendredi dernier dans les locaux de l'ex-Parlement à Tripoli.