Si pour les Britanniques, c'est le début d'une nouvelle ère, pour certains pays européens, ce divorce risque d'entraîner d'autres désertions et de faire tache d'huile. Cette crainte a été confirmée par le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier. Il a déclaré, hier, que les six membres fondateurs de l'UE qui se sont retrouvés à Berlin pour des pourparlers post-Brexit ne se laisseront pas « prendre (leur) Europe ». « Je suis sûr que ces Etats vont envoyer comme message qu'on ne laissera personne nous prendre notre Europe, ce projet de paix et de stabilité », a déclaré Steinmeier, avant une rencontre avec ses homologues français, italien, belge, néerlandais et luxembourgeois. Son homologue français, Jean-Marc Ayrault, a jugé, de son côté, que la sortie de l'UE de la Grande-Bretagne devait être actée au plus vite, insistant sur la tenue de négociations dans l'intérêt commun. De source diplomatique, on indique que le Premier ministre britannique subira une forte pression lors du sommet européen de mardi et mercredi. La rencontre à six à Berlin est le prélude à un grand ballet diplomatique pour tirer des conclusions du vote de sortie de l'UE de la Grande-Bretagne. La chancelière Angela Merkel recevra demain le président français François Hollande et le Premier ministre italien Matteo Renzi, à la veille du sommet européen. Le président français a estimé hier que le Brexit soulevait « une interrogation pour toute la planète » et plaidé pour une sortie « en bon ordre » de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Le Brexit « est bien sûr sans conséquences sur la place du Royaume-Uni dans les Nations unies », a observé François Hollande. Mais « c'est vrai qu'il y a pour la planète entière une interrogation, que va-t-il se passer ? », a-t-il souligné lors d'une déclaration à la presse à l'issue d'une rencontre avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon à l'Elysée. Rappelant qu'il a « profondément déploré le vote britannique » même s'il « le respecte parce que c'est la démocratie », le président français a appelé une nouvelle fois à « en tirer toutes les conclusions et les conséquences ». « Dans le cadre de l'Union européenne (...) nous devons maintenant organiser cette séparation mais nous devons le faire en bon ordre et avec des règles qui sont celles prévues par les traités », a-t-il enchaîné. En dépit du Brexit, a-t-il jugé, la France entend « maintenir des relations avec le Royaume-Uni » en matière économique comme sur les questions des migrants et des réfugiés ou de la défense. La décision de David Cameron de quitter ses fonctions en octobre prochain, laissant à son successeur le soin de négocier la sortie de l'UE, a soulevé de nombreuses interrogations au sein de certains milieux politiques et diplomatiques. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré « ne pas comprendre pourquoi le gouvernement britannique avait besoin d'attendre jusqu'au mois d'octobre ». Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a jugé que Cameron prenait ainsi « tout le continent (européen) en otage ». La Turquie, qui a déposé sa candidature en 1987 à l'entrée dans l'UE et négocie depuis 2005 une adhésion au bloc, estime que le Brexit constitue un tournant qui pourrait entraîner d'autres désertions. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, juge que le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne marque « le début d'une nouvelle ère ». Selon lui, « l'UE pourrait être confrontée à d'autres désertions d'Etats membres si elle ne se réformait pas ».