A l'origine elle s'appelait Ikosim, nom que les Romains transformeront en Ikosium en ayant la délicatesse d'en garder la matrice originelle, sans donc dénaturer sa signification, « l'île aux mouettes ». Les historiens situent sa fondation aux environs du IXe siècle avant J.-C. La ville était un important comptoir phénicien avant de passer sous influence romaine plus tard sous le règne de Juba Ier et Ptolémée. Ce dernier enverra les tribus berbères des Maghraouas vers Chlef mais elles se soulèveront sous la direction de Takfarinas. Tibère et puis Vespasien (celui-là même qui créa les latrines en prononçant la célèbre phrase « l'argent n'a pas d'odeur »), se succéderont pour mater les révoltes berbères mais celles-ci se poursuivront et Ikosium sera brûlée sous la direction du général berbère Firmus. La conquête musulmane viendra au début du VIIIe siècle pour introduire l'Islam en Afrique du Nord. Une guerre sera engagée entre conquérants musulmans sous la direction de Ziri ibn Menad et les berbères zénètes, qui tournera à l'avantage du premier cité. Au milieu du Xe siècle, son fils Bologhine ibn Ziri reconstruisit Ikosium et fondera alors Dzair Beni Mezghenna (Alger) ainsi que Médéa et Miliana après avoir chassé les Zénètes. Il deviendra calife du Maghreb dont il occupera de force toutes les villes en déclarant une guerre sans merci aux Zénètes. Mais ces derniers finiront par reprendre toutes les villes occupées et, à la mort de Bologhine ibn Ziri, Alger redeviendra zénète jusqu'à la conquête des Almoravides qui reprendront Alger en 1082 sous la férule de Youssef ibn Tachfine, celui-là qui construira la Grande Mosquée d'Alger (Djamaâ El Kébir). La ville restera longtemps sous l'influence des Zianides et deviendra plus tard un port important avec notamment l'arrivée des Maures et des juifs expulsés d'Andalousie. Alors au XVIe siècle les Espagnols envahiront Alger et y bâtiront une forteresse sur une île de la baie afin de surveiller la ville. Excédés par le diktat des Espagnols, les habitants réussi-ront à faire venir le corsaire turc Kheïr Eddine Barberousse qui, après des batailles livrées contre les occupants d'une part et les Kabyles d'autre part, menés par leur chef Sidi Ahmed Ouelkadhi, finira par s'établir à Alger en faisant de la capitale un Etat rattaché à l'Empire ottoman. Alors la ville El Djazaïr donnera son nom au pays entier. Vers le milieu du XVIe siècle, l'empereur de France, Charles Quint, décide de s'emparer de cette ville qui était alors entre les mains des frères Barberousse et sous l'autorité de Hassan Agha. Mais l'armée impériale, piégée par un climat et une pluie diluvienne, battra en retraite et subira une défaite humiliante. Ainsi la Régence d'Alger, très prospère, va durer jusqu'en 1830 quand les troupes françaises entreront à El Djazaïr. Pendant tout ce temps, la ville sera administrée par un fonctionnaire désigné par le Dey, cheïkh el bled, qui aura fort à faire avec sa population très cosmopolite, composée de Turcs, de Berbères, d'Arabes, de Kouloughlis, de Maures, de Juifs ainsi que de Mozabites et de Biskris considérés comme des minorités régionales. Pour à peine 20.000 habitants, on comptait déjà une centaine d'écoles primaires et quatre collèges supérieurs, équivalant aux lycées d'aujourd'hui. Ensuite s'instaurera la longue nuit coloniale et après le débarquement des troupes françaises le 5 juillet 1830, l'occupant s'attellera à chasser la popu-lation de tout le rivage d'Alger. La ville, en plein essor avec ses cinq portes (Bab El Oued, Bab Azzoun, Bab El Bhar, Bab Dzira, Bab Jedid), était déjà un centre urbain comptant quelque 103 mosquées, de nombreuses casernes de janissaires, une soixantaine de cafés maures et s'étendait en de belles résidences et de vastes jardins qui commençaient ses faubourgs. Alger sera donc décrétée capitale de la nouvelle colonie et l'administration turque sera aussitôt remplacée par un conseil municipal qui s'installera à l'hôtel Bacri (aujourd'hui le palais de Khe-daoudj El Amia). Dès 1848, Alger deviendra préfecture et entamera son développement en recevant notamment de nombreux migrants de France, d'Espagne et d'Italie, tandis que la population indigène sera concentrée à La Casbah et à l'intérieur des terres où elle constituera une main-d'œuvre à bon marché pour les nouveaux colons. C'est à partir de 1860 que l'administration coloniale entamera la modernisation de la ville en édifiant la Préfecture, le Palais des Assemblées, le Casino, l'Hôtel de ville, le grand lycée d'Alger (futur lycée Bugeaud) ainsi que la cons-truction de boulevards au caractère haussmannien où nichent des églises, des mairies, des brasseries... Le colonialisme s'était installé. Et durablement. (à suivre)