Le bras de fer entre le Parlement de Tobrouk et le gouvernement d'union nationale (GNA), dirigée par Fayez al-Sarraj, se poursuit. Lors d'une session organisée le 22 août, plus de la moitié des 101 députés présents (sur un total de 198), dont le président Aguila Saleh, ont refusé d'accorder leur confiance. Sur fond d'un bicéphalisme anachronique, les divergences politiques attestent du marasme qui prévaut dan les rangs du Parlement en mal de représentativité traduite par le camp des absents (97 députés) et des abstentionnistes (39) acquis au GNA. Mais, plus grave encore, le nouveau saut dans l'inconnu mine les fondements d'un consensus libyen jugé indispensable pour une solution libyenne au problème libyen. Retour à la case départ ? Après le vote de rejet de la confiance, le Parlement a formulé les exigences d'un nouveau « gouvernement restreint » de 10 à 12 membres dans un délai de 10 jours. Une « dernière chance » est ainsi accordée pour le Conseil présidentiel constitué de 9 membres dont les décisions sont considérées comme « nulles et non avenues ». La discorde libyenne fragilise le GNA pourtant assuré d'un soutien de la communauté internationale, des acteurs libyens influents et des institutions bancaires et pétrolières notamment la Banque centrale libyenne et la Compagnie nationale de pétrole (NOC). Le désaveu de Tobrouk qui s'interprète comme un déni de la légalité internationale, exprimé par le rejet d'un gouvernement parrainé par l'ONU, porte les germes de la partition et de l'intervention étrangère consacrée par les frappes américaines et la présence des troupes françaises à l'est de la Libye perçue comme une « ingérence inacceptable » par le Premier ministre du GNA. Le destin de la Libye, marqué par le spectre de l'intervention chaotique de l'Otan destinée au renversement du régime de Mouammar Kadhafi, est en jeu. En l'absence d'un front uni et la constitution d'une armée unifiée, le combat décisif contre le groupe terroriste Daech,rêvant d'un nouveau sanctuaire après les déboires vécus en Syrie et en Irak, souffre énormément de divisions marginales. Depuis le lancement de l'offensive baptisée « Al Bounyan al Marsous » le 12 mai, la percée des forces du GNA laisse à penser que la reconquête de la ville stratégique de Syrte n'est plus qu'une question de temps. L'entrée triomphale, le 9 juin, et la reprise d'une grande partie de la ville confortent le scénario de la libération imminente. Au moment où le Parlement de Tripoli annonçait le vote de défiance, la bataille faisait rage dans les quartiers résidentiels 1 e 3 qui restent les seuls quartiers à ne pas avoir été « libérés ». Ouagadougou, érigé en QG par Daech et abritant naguère le Palais des conférences et du centre international de presse, est déjà tombé. La bataille de Syrte est déterminante pour le retour à la stabilité de la Libye et de la région confrontée au défi du terrorisme et de la déferlante migratoire déstabilisatrice.