La rentrée 2016 approche. Sa préparation consiste principalement pour les écoliers et leurs familles en l'achat des fournitures scolaires. Comme dans n'importe créneau, la marchandise est variée. Les prix aussi. Sauf qu'ici, on ne peut, par mesure économique, acheter dans la rue les cahiers, les crayons ou les stylos proposés à bas prix par commerçants informels. Ce sont des produits contrefaits. Et le non-respect des normes en matière de composition et de fabrication équivaut à prendre des risques sur la santé des enfants. Le danger est d'autant réel que ces derniers manipulent de façon inconsidérée leurs affaires scolaires. Quel enfant n'a jamais porté à la bouche le chapeau du stylo ? Stylos mâchouillés, cartouches d'encre dégoulinantes ou encore une pâte à modeler amusante, les occasions pour qu'une substance malsaine contenue par l'un de ces produits finisse dans le corps d'un enfant sont nombreuses. C'est que le contact est permanent et familier. Tout cela explique donc la vigilance dont il faut faire preuve devant le type de fourniture qu'on acquiert. L'acheter en lieu sûr, dans des commerces agréés, est une assurance, même si le prix est deux fois, voire trois supérieur à ce qui est aperçu sur la chaussée du coin. C'est ce que nous avons observé dans de nombreuses ruelles commerçantes de la capitale. Les prix semblent à la portée de tous. Ils ciblent les petites bourses. Mais en matière de qualité et de la nature des composants, nul ne peut s'avancer. C'est ce que nous confirme Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement de la wilaya d'Alger (Apoce). « Un grand nettoyage s'impose. Il faut contrôler les articles scolaires et les fournitures et imposer une normalisation quant aux produits de fabrication utilisés », précise Zebdi. Selon notre interlocuteur, l'Institut algérien de normalisation (Ianor) a établi des normes, sans avoir de base juridique en parallèle. La plupart des fabricants de fournitures ne s'y conforment donc pas. « Les gommes, les pâtes à modeler et les couvertures de cahiers viennent en première ligne. Elles sont fabriquées à base de matériaux durs, une substance hautement toxique », ajoutera l'interlocuteur. L'Apoce recommande alors d'acheter ces produits en magasins, où existe un document réglementaire spécifiant les normes de fabrication. Les petites tables vendent souvent des articles de qualité moyenne, fabriqués avec des matériaux qui sont néfastes pour la santé des écoliers et des enfants. Les étals des grandes surfaces bien achalandés Les grandes surfaces justement ne veulent pas manquer le rendez-vous de la rentrée scolaire. Les centres commerciaux se sont déjà mis dans l'ambiance. Dans certains d'entre eux, des catalogues et des flyers ont été distribués, énumérant divers articles-clés avec les prix remisés, affichés en grands. Alors, quels sont les mauvais élèves parmi les marques contrôlées ? Halte aux préjugés, les marques bon marché font souvent partie des premiers de la classe. Pour la colle, les bâtons made in Algeria figurent parmi les meilleurs, a-t-on appris auprès d'une cliente. Côté crayons à papier, il faut se tourner vers Techno. Quant aux crayons de couleurs, Maped fait figure d'exemple. Ses stylos à bille noirs sont également bien placés. Ce qui est loin d'être le cas pour ceux de Bic et de Stabilo. Les grandes marques récupèrent pour le coup le bonnet d'âne. Outre les stylos, les cartouches d'encre de la même marque sont également à proscrire. Mais avant que les esprits ne s'échauffent, il n'existe pas de réglementation spécifique sur la question. La qualité et les produits des fournitures scolaires n'ont pas, jusqu'à lors, une norme sanitaire bien spécifique. Du côté de Carrefour, quelques parents faisaient déjà les courses de la rentrée. Un père accompagné de ses quatre enfants, deux en cycle primaire et deux autres en moyen, tirait un chariot à moitié plein. Les articles de base, comme les cahiers, les couvertures et les stylos, sont inévitables. « Je préfère acheter dès maintenant pour éviter le rush de la rentrée. J'en achète en plus et après que les enseignants donnent la liste des fournitures, je n'ai qu'à distribuer à mes enfants les articles inscrits », dira Farouk, le père de famille, ajoutant que d'autres articles viendront compléter ses achats. Un autre parent, accompagné de ses deux filles, sillonne le même rayon. « J'ai des jumelles et elles veulent avoir les mêmes articles. Du coup, j'achète tout en double. Elles sont en deuxième année primaire. L'enseignante nous a communiqué la liste des fournitures à la fin de l'année passée. Je sais donc à quoi m'attendre », dira le parent. Répondant à une question sur les prix, il dira-t-il qu'ils sont raisonnables et qu'ils restent à la portée des bourses moyennes. « L'avantage d'acheter dans une grande surface, c'est d'avoir un choix multiple avec diverses qualités et prix. Nous pourrons choisir entre plusieurs marques de cartables, de tabliers et même de fournitures », ajoutera-t-il. « Quant à la qualité, tout dépendra des marques. J'évite d'acheter dehors, c'est souvent sale et poussiéreux. Les enfants ont tendance à tout mettre dans la bouche », indique le père des jumelles. Dans cette grande surface, il y'en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses. Des cartables remisés à 1.200 DA, ceux importés d'Europe à plus de 5.000 DA. Les tabliers pour enfants varient de 490 jusqu'à 1.290 DA, tandis que pour les moins jeunes, les prix atteignent les 3.000 DA pour un tablier de meilleure qualité. Du côté des fournitures, on trouve des trousses à partir de 50 DA et quelques assortiments de stylos et de règles, cédés à moins de 90 DA. D'autres articles, comme les cahiers, affichent des prix allant de 30 à 90 DA pour ceux de 90 à 120 pages, et plus de 100 DA pour des cahiers de 288 pages. A Ardis, les prix ne diffèrent pas sensiblement, pour faire face à la concurrence du marché. Dès l'entrée de Beko, la grande surface du centre commercial, les articles affichent en grand les prix pour attirer les clients. Les parents, souvent venus faire d'autres courses ménagères, se retrouvent malgré eux à acheter des articles scolaires. Nadjia, une mère accompagnée de ses enfants, était venue s'approvisionner en lait et faire quelques courses pour la maison. La grande surface l'a contrainte à dépasser son budget. « Dès l'entrée, mes enfants ont accouru vers les articles scolaires. Je me suis donc permise d'acheter quelques cahiers et stylos pour les encourager à bien commencer l'année », soulignera-t-elle, signalant qu'elle attend généralement la liste pour acheter les articles dont ses enfants ont besoin, près de chez elle. Mais les fournitures, dira-t-elle, sont de mauvaise qualité et se cassent très vite. « On trouve ici des fournitures d'excellente qualité et à des prix acceptables, parfois défiant toute concurrence », se réjouit Nadjia. « Les petits étals, qui commencent à envahir les rues à chaque rentrée, proposent souvent des articles importés de Chine qui ne tiennent que la première semaine d'école. Acheter à chaque fois des fournitures reviendra cher, autant acheter des articles de bonne qualité, conformes aux normes, bien qu'ils soient un peu plus chers », notera-t-elle. Entre les deux grandes surfaces, les prix ne diffèrent que légèrement. Parfois de 5 à 10 DA de différence. « Ces prix, qui font face à la concurrence du marché scolaire, sont toutefois conformes aux normes de qualité et de sécurité pour les enfants que s'imposent les marques fabricantes, ou le pays producteur », dira le superviseur du rayon de fournitures scolaire de Carrefour.