Le nom du président gabonais n'était pas connu, hier, après une vaine nuit de réunion à la commission électorale qui n'a pas départagé le chef de l'Etat sortant, Ali Bongo Ondimba, et son rival, l'ex-président de l'Assemblée générale des Nations unies de 2004 à 2005 et de la commission de l'Union africaine de 2008 à 2012 et ancien ministre sous Bongo père, Jean Ping. Redoutant des troubles, les Gabonais vivaient au ralenti dans l'attente de la proclamation du résultat final par le ministre de l'Intérieur, prévue à l'issue d'une réunion plénière de la commission électorale nationale (Cénap), en présence des délégués des deux candidats. Habitués à la paix civile, ils se souviennent des troubles post-électoraux de 2009 dans la capitale économique Port-Gentil (morts, pillages...). Dans le centre de Libreville, le dispositif policier et militaire reste important, malgré une levée des barrages autour du siège de la présidence sur le front de mer. Les délégués de Bongo et Ping ont veillé toute la nuit au siège de la commission électorale, qui centralise les procès-verbaux d'une élection à un tour avec un peu plus de 628.000 inscrits. La télévision publique l'a annoncé au milieu de la nuit, une information démentie par l'opposition jusqu'au matin. De sources concordantes, les débats butent sur les résultats dans la province du Haut-Ogooué, le fief d'Ali Bongo et de son père et prédécesseur Omar, qui était au pouvoir pendant 41 ans jusqu'à sa mort en 2009. L'opposition soupçonne le pouvoir de vouloir gonfler les chiffres de la participation électorale en faveur d'Ali Bongo dans cette province qui compte 71.123 électeurs inscrits. « Pour gagner, Ali Bongo devrait obtenir plus de 60.000 voix dans le Haut-Ogooué, avec un taux de participation dépassant les 90% », a avancé dès mardi dernier le directeur de campagne de Ping, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi. Deux observateurs de l'Union européenne étaient présents, hier matin, à la commission électorale. La chef de la diplomatie de l'Union, Fédérica Mogherini, a pour sa part demandé la publication des « résultats par bureau de vote ». Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a lancé, la veille, un appel à la retenue à Bongo et Ping, qui revendiquent tous deux la victoire. Mardi, Ping, 73 ans, a répété qu'il se considérait vainqueur de cette élection. L'entourage du président Bongo évoque également, depuis samedi dernier, une « avance » qui lui garantirait la victoire.