L'opposition politique évoque l'inauguration d'un «pouvoir dynastique» Le faux suspense électoral gabonais a pris fin jeudi, après quatre jours d'incertitudes. Ali Bongo Ondimba, le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG), un parti fondé par son père qui a régné durant plus de 41 ans sur le pays, a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle de dimanche dernier avec 41,73% de voix, non sans atermoiements par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP). «La compétition est maintenant terminée. La majorité a parlé en faveur d'un candidat. A partir d'aujourd'hui, il devient le président de tous les Gabonais, sans exclusive» dit-il après la proclamation officielle des résultats de ce scrutin qui a connu une participation de 44,29%. André Mba Obame, Alliance pour le changement et la restauration (ACR), et Pierre Mamboundou, l'Union du peuple gabonais (UPG), ses deux candidats rivaux qui se sont réfugiés «en lieu sûr» depuis - ils ont obtenu officiellement 25,88 et 25,22% des voix -, s'insurgent contre ce résultat. Le premier le qualifie de «coup d'Etat électoral» et le second de «coup d'Etat constitutionnel». Citant les procès-verbaux des votes collectés par leurs représentants, les deux candidats qui affirment chacun depuis dimanche soir avoir remporté l'élection, annoncent que le fils du défunt président est arrivé en troisième position. Mba Obame refuse de reconnaître les résultats de la Commission électorale. «Aucun des représentants de l'opposition n'a signé le procès-verbal final», dit-il. L'opposition politique évoque l'inauguration d'un «pouvoir dynastique» et encourage la population à manifester dans ce pays de 1,5 million d'habitants dont 60% vivent en dessous du seuil de pauvreté malgré le pétrole. Libreville, la capitale, Port-Gentil et Oyem, les deux plus grandes villes du pays, vivent depuis jeudi matin des poussées de fièvre portées par un rejet de ce scrutin et une désignation d'un responsable, la France : elle est accusée d'avoir favorisé le fils de Bongo pour perpétuer les vieux usages de la «Françafrique». Les observateurs internationaux, y compris l'Union africaine, qui ont relevé des «irrégularités» et des «faiblesses», redoutent une aggravation des troubles. L'armée a décrété un couvre-feu et n'exclut pas de prendre d'autres mesures.