Les représentants des 15 pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies se trouvent à Juba, la capitale du Soudan du Sud, pour tenter notamment de convaincre le président Salva Kiir d'accepter le déploiement d'une force régionale, autorisée le 12 août par le Conseil de sécurité. Dès son arrivée, vendredi, l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Samantha Power, a usé d'un langage ferme, insistant sur la nécessité de déployer cette force composée de 4.000 Casques bleus africains. Cette visite intervient après le récent renouvellement du mandat de la mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss), forte de plus de 13.000 hommes, mais qui a été très critiquée pour son incapacité à protéger, le 11 juillet, les civils près d'une base onusienne. Cette attaque était intervenue au quatrième et dernier jour des combats à l'arme lourde qui avaient opposé, à Juba, les troupes du président Salva Kiir et celles loyales à l'ex-chef rebelle Riek Machar, faisant plusieurs centaines de morts. Cette flambée de violence a mis en péril un fragile accord de paix signé en août 2015 pour tenter de mettre un terme à une guerre civile dévastatrice débutée fin 2013. Mme Power a admis que l'appellation originelle de la force régionale - « brigade d'intervention » - avait pu laisser « un goût amer » du côté de Juba. Aux termes de la résolution des Nations unies, les nouveaux Casques bleus doivent sécuriser Juba et son aéroport et se défendre « promptement et efficacement contre toute personne qui semble de manière crédible mener ou préparer une attaque ». En cas de refus catégorique du gouvernement sud-soudanais, le Conseil a menacé d'imposer un embargo sur les armes. « Il est en l'état prématuré de déterminer si le niveau de coopération (de Juba) a été suffisant ou non », a déclaré sur ce point Mme Power. « Notre objectif, la protection des civils, la pacification du pays, la mise en œuvre des différentes résolutions sur le Soudan du Sud », a, pour sa part, déclaré Fodé Seck, ambassadeur du Sénégal à l'ONU, qui codirige la mission avec son homologue américaine. Malgré l'insistance des membres de la délégation du Conseil de sécurité de l'ONU, la tâche s'annonce compliquée : le gouvernement sud-soudanais est globalement hostile au déploiement de cette force régionale, estimant que son mandat viole sa souveraineté nationale. Après leur visite au Soudan du Sud, la délégation se rendra, demain, à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour des entretiens avec des représentants de l'Autorité intergouvernementale pour le développement et avec des membres du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine.