Les experts avertissent que si la reprise de la ville était un échec pour Daech, elle n'écarterait pas d'un coup toute la menace terroriste en Libye. Pour le Premier ministre libyen, Fayez Al-Sarraj, qui s'est récemment rendu dans la ville, la reconquête de Syrte enregistrerait le succès tant attendu au moment où son gouvernement peine à asseoir son autorité sur l'ensemble du pays. Sa légitimité reste en effet contestée par un exécutif parallèle dans l'est du pays, et le Parlement libyen, également basé dans cette région et proche de ce gouvernement rival, a refusé le 22 août dernier d'accorder sa confiance au GNA. L'instance législative a par ailleurs donné une « dernière chance » à Al-Sarraj pour qu'il propose un nouveau cabinet. L'opération militaire pour reprendre la ville, située sur la côte méditerranéenne à environ 450 km à l'est de la capitale Tripoli, avait été lancée le 12 mai dernier par les forces du GNA, l'exécutif reconnu par la communauté internationale. Les forces pro-GNA y étaient entrées le 9 juin mais leur offensive avait été ralentie par les snipers, les mines et les voitures piégées des terroristes de Daech. A partir du 1er août, aidées par des frappes américaines, ces forces loyalistes avaient repris aux terroristes de nombreux secteurs, dont le QG du groupe. Elles avaient annoncé le 28 août le début de « l'ultime bataille » pour reconquérir la totalité de Syrte. Reda Issa, porte-parole du centre de presse des forces progouvernementales, avait indiqué alors qu'environ 1.000 soldats participent à la dernière phase de l'opération. Les terroristes s'étaient ensuite retranchés ces derniers jours dans le quartier N° 3 en bordure de mer, a annoncé un combattant pro-GNA. « Nos forces avancent à l'intérieur des dernières poches (de résistance) où se cachent les derniers terroristes de Daech dans le quartier N°3, et ont pris le contrôle de plusieurs positions », a confirmé sur Facebook le centre de presse des forces loyales au GNA, qui a précisé qu'elles avaient également déjoué une attaque-suicide à la voiture piégée. Les combats ont fait au moins 10 morts et une soixantaine de blessés dans les rangs pro-GNA, selon un médecin de l'hôpital de Misrata. Les forces du GNA ont dit avoir découvert dix corps de terroristes dans une école, alors qu'elles ratissaient le quartier N°1 qu'elles ont « libéré totalement » lundi dernier. Pour ce qui est du bilan, plus de 400 combattants loyalistes ont été tués et environ 2.500 blessés, depuis le début de l'offensive sur Syrte. Le bilan humain des combats au sein de Daech n'est pas officiellement connu, même si des sources françaises et américaines font état de 5.000 à 7.000 combattants de ce groupe terroriste dans toute la Libye avant l'offensive sur Syrte. A la mi-août, le porte-parole adjoint du Pentagone, Gordon Trowbridge, estimait qu'il ne restait que quelques centaines de terroristes à Syrte et à peine quelques milliers dans tout le pays.