Après plusieurs années, l'application de la loi relative à l'interdiction de fumer dans les lieux publics reste dans sa phase de sensibilisation. Sur le terrain, rares sont les lieux publics où on interdit aux clients de s'abstenir de fumer. Faut-il passer à la deuxième étape, celle de la contrainte par la sanction comme ce fut le cas pour le port de la ceinture de sécurité qui a nécessité plusieurs années de sensibilisation avant de le rendre obligatoire ? Selon le Dr Youcef Tarfani, directeur des maladies non transmissibles au ministère de la Santé, de la Population, et de la Réforme hospitalière, cette deuxième étape est plus que nécessaire pour pouvoir mettre fin à cette pratique qui menace la santé publique. Mais il faut maintenir le programme de sensibilisation, notamment des élèves. « C'est en direction de cette catégorie de la population qu'il faut garder une sensibilisation active car il est très difficile à un adolescent de 16 ans ou un étudiant de 20 ans d'arrêter de fumer après deux ou quatre années de tabagisme. » « En revanche, il est possible de procéder par la contrainte (via des contraventions) dans les lieux publics pour interdire la cigarette », explique le Dr Youcef Tarfani. Ce dernier se demande pourquoi les Algériens quand ils sont en voyage à l'étranger s'abstiennent de fumer dans les lieux publics. « C'est par peur de payer une amende. Donc, il est temps de passer à l'acte après plusieurs années de sensibilisation », a rétorqué le représentant du ministère de la Santé avant d'évoquer le programme « pour un hôpital sans tabac » qu'a lancé le ministère de la Santé il y a trois années. Le département d'Abdelmalek Boudiaf a mis en place des mécanismes pour lutter contre le tabagisme dans les hôpitaux. Des agents dans les hôpitaux veillent à l'application de l'interdiction de fumer dans les différents services de l'hôpital à commencer par celui des urgences. « Nous avons mis les moyens pour éradiquer ce phénomène dans nos structures hospitalières », explique le Dr Tarfani, par ailleurs, représentant du ministère de la Santé dans la commission mixte installée le 14 juillet 2014 par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Cette commission a pour mission de trouver les mécanismes d'application de la circulaire interdisant de fumer dans les lieux publics. Jusque-là, seules quelques institutions de l'Etat ont pu mettre en œuvre des modalités adéquates pour empêcher leur personnel de fumer dans les lieux de travail. Récemment, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a annoncé l'interdiction de fumer dans les universités. Un arrêté en date du 21 juin 2016 et publié au Journal officiel du dimanche 14 août instaure « l'interdiction de l'usage du tabac à fumer dans les sièges et les structures relevant de l'administration centrale, les établissements pédagogiques, les établissements des œuvres universitaires et les établissements et entités de recherche ». Parmi les lieux concernés, on retrouve notamment les amphithéâtres, les pavillons universitaires, les bureaux administratifs et les laboratoires. Les lieux concernés par l'interdiction et ceux mis à la disposition des fumeurs seront connus à travers une signalisation apparente, indique l'arrêté. Le Dr Terfani conforte cette démarche. Il évoque aussi le ministère de la Justice qui a appliqué la mesure d'interdiction aux magistrats. Notre interlocuteur a fait état, d'autre part, du projet de lancement d'une grande opération de sensibilisation dans le monde sportif. « Nous allons intervenir durant les grands shows sportifs comme la coupe d'Algérie ou le championnat national de différentes disciplines pour sensibiliser davantage les gens », a expliqué le Dr Tarfani. Ce dernier parlera aussi du secteur des transports qui agit pour limiter la consommation du tabac à fumer dans les gares. « Nous avons apprécié l'initiative au niveau de l'aéroport international Houari-Boumediène d'avoir interdit la cigarette dans la caféteria et en aménageant un petit coin spécial pour les fumeurs », explique-t-il.
