La reconversion de l'Armée de libération nationale (ALN) en Armée nationale populaire (ANP) s'est effectuée d'une façon progressive, selon le lieutenant-colonel Guerfi qui a animé, hier, au forum d'El Moudjahid, une conférence à l'occasion du 54e anniversaire de la création de l'ANP. Il a indiqué, à ce propos, que l'ALN a transmis à la génération de l'indépendance des idées et des tactiques stratégiques et un génie militaire enseigné aujourd'hui dans nos écoles. « Avant mars 1962, l'ALN avait une vision sur ce que serait l'armée nationale. La méthode de reconversion d'une armée de libération en une armée classique s'était faite pendant les premières années de l'indépendance, d'une façon progressive et en fonction des buts et perspectives fixés, et ce, avec la mise en place de moyens adéquats et en prenant en considération l'étendue du territoire », explique-t-il. Il a ajouté que l'ALN envisageait une nouvelle structuration pour l'armée nationale. Chose qui s'est concrétisée par la suite, selon lui, et dont l'efficacité a été testée cinq années après l'indépendance sur le front égyptien. « La participation de l'armée nationale aux guerres du Proche-Orient de 1967 et 1973 a permis à l'ANP de tester ses capacités et son expérience héritée de la guerre de Libération nationale. Sur le plan interne, l'armée s'est déployée sur le territoire national en restructurant les bataillons, d'une part, et en développant les moyens de communication et les armes de transmission, d'autre part », fait-il savoir, signalant que l'expérience engrangée durant la guerre de Libération et sur le front égyptien a renforcé la solidarité entre les générations. Et c'est surtout cela, selon lui, qu'enseigne l'armée nationale dans ses écoles. Le moudjahid Salah Goudjil, pour sa part, a assuré que l'armée algérienne est la seule au monde qui soit issue directement du peuple. « C'est le plus important principe de l'armée nationale. La création de l'ALN a été une surprise pour la France coloniale. Tout le monde s'interrogeait d'où sortaient tous ces soldats. Mais ce côté de la question n'a pas été évoquée dans la recherche historique et il devrait l'être », estime-t-il. Au début de la guerre de Libération, la France coloniale avait sous-estimé les soldats algériens. « Nos soldats ont résisté à la 5e puissance mondiale, ont fait tomber 7 gouvernements français, ébranlé les 4e et 5e Républiques françaises et diviser l'armée de De Gaule », raconte-t-il. Le moudjahid a insisté, par ailleurs, sur l'esprit de continuité qui a caractérisé l'ALN et qu'elle a transmis à l'ANP. « L'ALN n'a jamais connu de période de rupture. C'est le cas pour l'ANP. La continuité, c'est un principe que notre armée respectera en dépit de ce qui se passe ou se passera dans la région. Il y va de l'avenir de notre armée et des générations futures », affirme-t-il. Le général-major Boualem Madi, directeur de la communication au ministère de la Défense nationale, a indiqué que l'Armée nationale s'est toujours employée à se développer pour être à la hauteur des missions qu'elle s'est fixées, à savoir la sécurité et la stabilité du pays, le développement économique, la préservation de la souveraineté nationale et la protection de l'unité nationale, notamment en cette période « très sensible ».