Sur les 40.315 hectares représentant la surface totale du domaine forestier de la wilaya de Tipasa, 346 ha ont été carbonisés par les feux depuis le 1er juin dernier. Même si ces pertes ne représentent même pas 0,9% de la superficie globale, il n'en demeure pas moins que la régénération des espèces florales originelles parties en fumée n'est pas un processus acquis, particulièrement à l'aune des changements climatiques et de la perte systématique d'année en année de parcelles entières de couvert végétal à cause des récurrents incendies. La reconstitution naturelle et à l'identique de l'écosystème détruit dans les conditions actuelles, caractérisées par un glissement intra-étage bioclimatique, passant d'un climat subhumide à hiver doux à un climat subhumide à hiver chaud, n'est pas chose facile pour dame Nature. A vue d'œil déjà, les maquis remplacent peu à peu les forêts, même le pin d'Alep qui, par définition, est un arbre qui s'adapte à tous les sols et climats. C'est dire le ravage engendré par les incendies. Selon Amel Mokrani, chef de service à la Conservation des forêts de la wilaya de Tipasa, on a enregistré cet été 121 incendies. « Ces incendies ont détruit 150 ha de forêts, dont 90% de pins d'Alep, ce qui représente quand même 57% de notre richesse locale. Aussi le feu a-t-il parcouru 174 ha de maquis et 4 ha de broussailles » détaille-t-elle. Les vergers situés dans le domaine forestier n'ont pas non plus été épargnés. « Nous avons recensé, par ailleurs, 17 ha de plantations fruitières détruites par les incendies », souligne la même responsable à ce propos. Les ravages causés par les feux de forêt connaissent des pics, surtout en période de canicule où la survenance des incendies est anormalement élevée. C'est le cas de la période allant du 5 au 7 juillet dernier, au cours de laquelle des dizaines d'hectares ont été dévorés par les flammes. A titre illustratif, un incendie qui s'était déclaré durant la période en question à Sidi Semiane, a carbonisé 134 ha, dont 133 hectares de maquis. Idem pour la récente canicule qui a étouffé Tipasa les 5, 6 et 7 septembre derniers, où l'on a enregistré 14 foyers d'incendie dans différentes régions de la wilaya. « Les régions les plus touchées par les incendies cet été, se localisent particulièrement dans la partie occidentale de la wilaya, en plus de Meurad et Bourkika », résume-t-elle. Pour faire face à ces dégradations, la Conservation des forêts inscrit systématiquement des programmes incluant différents projets, visant la régénération des forêts perdues. « Après chaque incendie, on doit attendre deux à trois ans, pour que la forêt se régénère naturellement. Si ce processus n'aboutit pas, on procède à des travaux sylvicoles », confie Mokrani Amel. Ainsi, les travaux sylvicoles s'avèrent de plus en plus nécessaires pour aider la forêt à renaître. Cela permettra le reboisement des sujets perdus, tout en évitant aux arbustes constituant les maquis d'y proliférer au détriment des pinèdes et des chênaies, ainsi que des autres espèces composant la richesse florale locale.